« Si vous ne trouvez pas refuge dans votre nature... »

par FSCA
lundi 11 juillet 2005

De tout temps, la Chine a eu la particularité de siniser - c’est-à-dire de rendre chinois - tout ce qui vient à son contact. Le bouddhisme n’a pas fait exception. Les idées étrangères que le bouddhisme véhiculait ne sont pas venues d’un seul coup, elles se sont infiltrées lentement, car elles devaient être traduites du sanskrit en idéogrammes chinois. Avant de conquérir les lettrés, le bouddhisme sous les Han (-202 avant J-C à 220 après J-C) a d’abord touché un public plus populaire, séduit par l’idée des « mérites », selon lesquels la pratique assidue de la compassion permet d’effacer le mauvais karma et d’accéder à l’Eveil : quoi de mieux, pour accumuler des mérites, que de faire des dons aux monastères ? C’est grâce à l’abondance des dons que le bouddhisme a pu s’enraciner en Chine.

L’essor du bouddhisme n’a pas été sans susciter des jalousies, ce pouvoir d’attraction qu’il exerçait sur une population impressionnée par ses richesses inquiétait au plus haut point les guérisseurs, les taoïstes qui décidèrent de le combattre en ornant leurs temples de statues dorées et en se parant de vêtements sacerdotaux. Pour bien se différencier des bouddhistes, ils brodèrent sur leurs vêtements les huit trigrammes du Yijing (易经)(Classique des Changements) et utilisèrent son contenu.

Mais toutes ces rivalités n’empêchèrent pas les Chinois d’assimiler la doctrine bouddhique d’autant plus facilement qu’ils lui trouvaient de nombreux points communs avec le taoïsme. L’impermanence bouddhique évoquait la loi du changement, la vacuité rappelait le vide des taoïstes, la voie du milieu du Bouddha n’était pas si différente du Milieu juste, l’immortalité taoïste pas si éloignée du Nirvâna et surtout le Tao ressemblait à s’y méprendre au Dharma bouddhique. Ce phénomène d’hybridation entre les deux doctrines a fortement contribué à l’intégration du bouddhisme en Chine et lui a permis de perdurer jusqu’à nos jours.

Mais la parenté avec le taoïsme n’est pas la seule cause de ce succès. Le bouddhisme a également comblé une certaine carence spirituelle du confucianisme, qui en matière de religion n’avait rien à offrir à ses adeptes, sinon le culte des ancêtres. Enfin, il a également apporté quelque chose qui jusque-là lui faisait défaut : la douceur. La notion de compassion, personnifiée par le bodhisattva Avalokiteshvara, a conquis les Chinoises pour qui le bouddhisme a été le première libération après des siècles d’oppression. En franchissant l’enceinte des temples et des monastères, ces femmes, qui n’étaient auparavant reconnues qu’en tant que filles d’un père, épouses d’un homme ou mères d’un ou de plusieurs fils, découvraient une vérité qui leur semblait inconvable : elles existaient par elles-mêmes et pouvaient elles aussi accéder à l’Eveil, comme l’avait dit le Bouddha lui-même dans un sermon prononcé vers la fin de sa vie, qui promet la libération de tous les êtres et qui deviendra si populaire qu’il sera le premier texte imprimé en Chine : il s’agit du Soutra du Lotus ou Lotus de la bonne Loi.

A écouter : le Soutra du Lotus

Résumé du Soutra du Lotus Lien sur le Soutra du Lotus


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