Avale-Loire : étape 9

par C’est Nabum
jeudi 18 juillet 2013

Saumur – Le Thoureil

Récit interrompu.

 

Revenons au récit linéaire, si cet adjectif peut conserver son sens sur une Loire qui ne supporte pas l'idée du chemin le plus court. Il faut sans cesse trouver le bon passage, éviter les bancs de sable, les obstacles et les cailloux. La trajectoire du navigateur se fait complexe, retorse, sinueuse. C'est ainsi qu'il y a bien loin du vol de l'oiseau et du parcours de l'esquif !

Au Lac de Loire à Blois, le vendredi, j'ai fait la connaissance de Caroline, l'épouse de Julien Quesneau qui s'est lancé dans l'activité de pêcheur professionnel depuis deux ans. Un défi pour ce jeune couple épaulé par la mère de Julien et Patrick, un ami menuisier. Après douze années de restauration, le défi d'ouvrir un grand magasin neuf, tout de bois construit est une gageure. La bourriche aux appétits est un espace agréable qui donne envie de se poser tout en se laissant tenter par les produits de la Loire.

Le samedi à Amboise, s'est Brian A qui croise ma route. L'ami américain s'est installé en France. À Poitiers tout d'abord, puis à Saint Georges sur Cher ensuite. Mais c'est la Loire qui touche son cœur et sa curiosité. Autour d'un Perrier, il va me raconter ses expéditions sur la rivière, sa descente depuis Roanne, son bateau étrange à la voile assez semblable à celle d'un optimiste. Son Balbuzard passe partout ou presque, Brian en quelques années est devenu l'un des plus discret et des plus fin connaisseur de la Loire.

Le dimanche, c'est la première rencontre avec Denis, le maître brasseur, chanteur, bateleur de Saumur. Une escapade marinière, loin de mon port d'attache, pour un premier contact marqué du sceau de la truculence, de la folie et de la poésie. La suite prouvera qu'il y a matière à constituer un duo déraisonnable pour accompagner une sortie sur la rivière. Chansons, fables, farces, humour et parodie font de la sortie guidée une étrange pantomine.

Le dimanche c'est encore Alexis, le colosse tranquille ! Bûcheron l'hiver, marinier professionnel à la belle saison. Toujours le pied au plancher pour rejoindre une fête, un bivouac ou une manifestation. Il vit juste en face d'une étrange église qui a un chêne qui sort de ses murs. Un indice qui atteste que l'homme ne se contente pas de faire comme les autres. Il suit son chemin et rien ne le fait dévier de sa route.

Le lundi, c'est la merveilleuse convivialité de Michèle et de Jean-Michel qui se mettent en quatre pour recevoir dignement celui qui vient jusqu'à eux. Tous les commerces sont fermés, dans la plus totale improvisation, un repas se monte pour recevoir le voyageur et les amis. Une soirée de récits et d'Histoire, d'amitié et de simplicité. Un havre de paix qui est aussi un merveilleux gite pour 6 personnes qui ne demande qu'à vous recevoir à votre tour.

Le lundi encore, c'est la Maison de la Loire et de la Nature de la Chapelle. Une halte d'une heure où je suis abreuvé d'informations, d'anecdotes et de faits historiques qui deviendront des fables dans quelques temps. Florence et Jacky sont des puits de connaissance locale. J'ai dans ma gibecière un bourreau de Louis XI, une révolte des femmes et un ex-véto guerrier dans une Chapelle. De quoi travestir la grande histoire pour faire des histoires.

Mardi, c'est le retour à la case Denis et sa charmante épouse. De la gourmandise du vin de qualité à la gourmandise des mots et des chansons, nous passâmes une soirée merveilleuse, une parenthèse enchantée. Une rencontre qui en appellera d'autres. Un personnage hors norme qui fait de sa brasserie du Port, un lieu de plaisir et d'amitié.

Mercredi, c'est l'accueil au Thoureil. Marie, la jeune présidente est devenue en bien moins de temps que votre serviteur une experte en navigation, en connaissance de tous les termes techniques, une bricoleuse hors pair. Elle défend son association bec et ongles, s'amuse à évoquer la gué-guerre Picrocoline qu'elle livra à la mairie qui voulait reprendre le local de l'association « Jeanne et Camille » au profit d'un sabotier qui finalement trouva chaussure à son pied juste à côté. Tout finit bien dans cet ancien comptoir hollandais qui était la banque de la marine de Loire. La ville conserva son label « Commune de caractère » et les mariniers leur local.

La Loire continue de couler. Il passe beaucoup d'eau sous les ponts et comme partout, les petites mesquineries des uns sont bien peu de chose au regard des immenses qualités de cœur des autres. Ils se sont tous mis en quatre pour me recevoir et pour me donner matière à récit. Qu'ils en soient remerciés ici !

Hospitalièrement leur.

 


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