Carnet de voyage aux Etats-Unis (III) - Penser moins !?

par Fabien ROBERT
jeudi 22 juillet 2010

En feuilletant le programme, je m’étais bien rendu compte que les journées allaient être chargées et j’en ai la confirmation. Le Département d’Etat, qui paye notre voyage, ne plaisante pas avec l’argent du contribuable. Bien que très agréable et dépaysant, il ne s’agit pas de vacances mais bien d’un voyage d’étude.

La magnifique coupole du Capitole

Notre journée a commencé par une visite du Saint des saints : le Capitole des Etats-Unis, siège du pouvoir législatif américain. L’édifice est impressionnant sans être surchargé de dorures. Les salles sont spacieuses et élégantes. Je pourrais m’étendre plus longuement sur la visite et les aspects architecturaux si une surprise n’était pas venue m’éblouir.

En sortant de la visite guidée nous demandâmes si il était possible d’assister à une séance du Sénat en imaginant d’avance une réponse négative comme c’est le cas à l’Assemblée Nationale si vous n’êtes pas invité par votre parlementaire. Pourtant, quelques portiques de détection plus loin nous étions assis à quelques mètres du très connu Sénateur Bernard Sanders (Etat du Vermont, seul élu indépendant) qui plaidait pour l’allongement de la période d’indemnisation chômage aux Etats-Unis.

Pour l’anecdote, et puisque le manque d’assiduité de nos parlementaires est un sujet de fâcherie, le Sénateur était… seul dans la salle à l’exception du Président de séance forcé d’être présent. Pas un autre élu représentant du peuple pour écouter son discours pourtant déclamé avec convictions.

Contrairement à la sensation d’étroitesse que l’on peut ressentir en visitant l’hémicycle de l’Assemblée Nationale française, la salle du Sénat est spacieuse et donne le sentiment d’avoir été bâtie pour que le public soit nombreux et bien placé. Tout un symbole.

Après un passage par la boutique des souvenirs et la cafétéria du Congrès, direction le siège du prestigieux institut de sondage Gallup. Nous rencontrons le Dr. Franck Newport, Editeur en Chef, et sa collègue française Magali Rheault. La discussion s’organise tout d’abord autour du moral des peuples américains et français. Selon eux, le pessimisme naturel des français à l’égard de leur avenir, particulièrement depuis la crise économique, s’explique essentiellement par notre manque de flexibilité. En France, perdre son « job » est une catastrophe. Certainement parce que l’on ne dispose souvent que d’une formation initiale dans un domaine précis. L’américain moyen lui est mobile et toujours à la recherche de solutions nouvelles. L’économie américaine est facilitante par sa taille, sa diversité et sa flexibilité.

J’ai une aversion naturelle pour les sondages d’opinion : je les trouve souvent anachroniques, populistes et infantilisants. Avant de terminer notre entretien je ne peux m’empêcher de questionner notre hôte sur ce sujet :

- Les sondages ne perturbent-ils pas la démocratie représentative ? Dans un monde si complexe, où une réforme peut prendre des années avant de porter ses fruits, où est donc le droit des élus à être jugés en fin de mandat quand vous interrogez chaque soir 1000 personnes sur l’actualité ? Avoir connaissance immédiatement d’une (sur)réaction parfois épidermique de l’opinion est elle une avancée démocratique ?

- C’est très bien de savoir chaque jour ce que pensent les gens. Plus il y a de sondages, mieux c’est. Même la veille d’une élection, il est important qu’un sondage soit publié. Les politiques devraient penser moins et se préoccuper plus de ce que pensent les gens !

Nous nous quittons avec courtoisie bien que je ne partage pas cet avis.

Avec Nancy Dehlinger au siège du Comité National Républicain

Pour terminer ce 20 juillet, nous sommes accueillis par le Comité National du Parti Républicain (bureau exécutif du parti). En entrant dans l’immeuble, une pancarte placée sur le fronton attire notre attention « Fire Pelosi » (Virez Pilosi) ; Pilosi étant la Présidente de la Chambre des représentants. Je ne sais si beaucoup de conseillers en communication et autres sachants ont travaillé sur ce slogan mais au moins c’est clair !

Nancy Dehlinger nous présente le parti, sa structuration et ses actions emblématiques. C’est une femme gentille et assez rigolote qui structure très précisément son propos. Nous abordons notamment la question des nouveaux médias avec le site de propagande du parti républicain : http://www.gop.com/ (17 millions de e-militants tout de même). D’après elle, et malgré un investissement croissant dans les nouveaux médias, le contact direct avec la population, notamment pour favoriser l’inscription sur les listes électorales, reste le principal outil de communication.

A la fin de notre entretien, je demande tout naturellement le montant de la cotisation au parti Républicain. La réponse est surprenante : « C’est gratuit, on adhère avant tout à un ensemble de valeurs et d’idées ». Intéressant, non ? A quand une adhésion gratuite au Mouvement Démocrate ?

En terminant ce billet, je m’aperçois que j’écris un billet par jour depuis mon arrivée et que par la même je m’astreins à une certaine régularité. Je ne sais si je suis capable de m’y tenir. En tout cas, je vais y penser…

Retrouvez mes deux premiers billets :


- Notre Trio
http://www.fabienrobert.com/index.php/etats-unis-ii-notre-trio/


- Premières impressions
http://www.fabienrobert.com/index.php/etats-unis-i-premieres-impressions/


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