La fascination du pire

par Jean d’Aïtone
vendredi 15 mars 2024

On peut toutefois redouter le pire de la part d’un Jupiter élyséen qui se donne maintenant des allures de Vulcain. Macron a la fascination du pire et se délecte dans la manipulation et la dialectique du manipulé manipulateur. Il croit au pouvoir des mots. Il entraîne la France vers le pire social, le pire politique et aujourd’hui vers le pire international, c’est-à-dire la guerre.

Invité simultanément dans le journal télévisé de 20 h de TF1 et celui de France 2, hier jeudi 14 mars, Macron est revenu sur sa déclaration concernant l'envoi de troupes en Ukraine, en utilisant une métaphore pour le moins surprenante. "Vous êtes assis devant moi. Est-ce que vous êtes debout ? Non," a-t-il demandé à Anne-Sophie Lapix en préambule de l'interview, alors que cette dernière lui demandait si des troupes françaises allaient vraiment être déployées en Ukraine. Et de poursuivre : "Est-ce que vous allez vous lever à la fin de cette interview ? À coup sûr, vous n'allez pas l'exclure. Voilà, nous, on n’est pas sûrs de le faire, mais en tout cas, on n’est pas dans cette situation-là aujourd’hui."

Dubitatif face à cette explication, Gilles Bouleau a alors rappelé : "Être assis ou debout n’est pas une question de vie ou de mort." Anne-Sophie Lapix a ensuite répondu : “On est même sûrs de le faire”.

Si l’on interprète la métaphore douteuse de Macron, on passe d’une décision non exclue à une échéance déjà prévue. Les deux journalistes se sont levés à la fin de l’entretien. Devaient-ils rester assis ? Le fait de se lever marque-t-il l’inévitable envoi de troupes à l’aide des Ukrainiens et donc la cobelligérance ? 

Pour autant, le locataire de l'Élysée a poursuivi son raisonnement, précisant que cette comparaison avait pour dessein d'expliquer qu'une intervention était une option à ne pas exclure. Mais si Emmanuel Macron martèle que "nous ne devons pas laisser la Russie gagner", il affirme également que la France ne prendrait "jamais" l'"initiative" d'entrer en combat avec ce pays.

On peut toutefois redouter le pire de la part d’un Jupiter élyséen qui se donne maintenant des airs de Vulcain. Macron a la fascination du pire et se délecte dans la manipulation et la dialectique du manipulé manipulateur. Il croit au pouvoir des mots. Il entraîne la France vers le pire social, le pire politique et aujourd’hui vers le pire international, c’est-à-dire la guerre. Il désigne les pacifistes comme des défaitistes, quand il ne les montre pas à la vindicte populaire comme des couards. Il montre la haine des faibles. Il croit que, en faisant croire à sa force, il l’augmente. Au-delà de sa mégalomanie qui n’est plus à démontrer, il met la France en danger pour masquer les méfaits de sa politique intérieure et par calcul électoral en vue des prochaines élections européennes. En mettant la France sous pression d’une guerre imminente, il pense acquérir une nouvelle légitimité par ces élections et des votes patriotiques au Parlement. Il n’est désormais question que de la guerre !

Clemenceau disait que la guerre est une chose trop grave pour être confiée aux militaires. Elle ne devrait pas être confiée à un soi-disant petit génis de la finance qui joue l’autocrate en s’imaginant dans les livres d’histoire aux côtés de Pétain et du Général de Gaulle grâce à son « en même temps » aujourd’hui militaire.


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