Un poil dans la main

par C’est Nabum
vendredi 24 mai 2024

 

Hypertrophie pileuse de la face interne du carpe droit.

 

Pierre d'Ac en bon droitier qu'il devait être nous donnait sa définition de ce fameux poil dans la main qui n'a sans doute rien de pubien. Le poil a la côte dès qu'il s'agit de l'avoir sur le bout de la langue. Le système pileux attire tout autant qu'il repousse et chez nombre d'entre-nous, il a tendance à tourner en boucle. Il se peut que ce billet défrisera certains tandis que les plus nombreux s'exclameront : « Oh, la barbe ! ».

Ne coupons pas les cheveux en quatre surtout pour celui qui me sert de canne, je risquerai de devoir me mettre à l'ouvrage. Celui-là est bien commode pour qui a la réputation de disposer de deux mains gauches. Le prétexte est fameux pour ne pas devoir me retrousser les manches et me lancer de manière échevelée dans des travaux manuels au-delà de mes compétences.

Ce poil protecteur m'épargne bien de pénibles labeurs alors qu'il suffit de m'avancer avec cette fameuse réputation fort commode. Je peux alors me friser les moustaches que je n'ai pas, les mains dans les poches tandis que les autres s’échinent à la tâche. Je me contenterai par la suite de narrer l'aventure, d'en tresser une épopée qui tournera forcément en queue de cheval.

Ceux qui sont de mèche avec moi savent très bien que j'en profite pour tirer des ficelles afin de brosser un tableau dans le bon sens en évitant par-dessus tout de prendre les gens à rebrousse-poil quand ils sont les acteurs de la narration. Qu'ils peignent la girafe ou bien qu'ils lui fassent des nattes, je dois brosser le tableau en leur faveur, ce que je m'applique consciencieusement à réaliser.

Les poils pubiens ou son vis à vis se font la gueule et se tournent le dos. Ils ont pourtant les faveurs de la discussion alors que ceux du nez se font tirer l'oreille pour figurer dans nos discussions. C'est curieux cette ségrégation pileuse qui honore celui des pattes et met à l'index celui des aisselles. Le poil a des zones privilégiées et d'autres qui ne le mettent pas en lumière.

Certains même doivent se faire discrets et même prendre la poudre d'escampette. L'épilation les raye de la carte du tendre ou d'identité tandis que dans le même temps la barbichette, le bouc ou les bacchantes ont le vent en poupe. Le scapulaire se taillant la part du lion en imposant un vocable qui en impose.

C'est bien au chaud auprès de ses poils que les humains de toutes les époques ont passé les hivers rigoureux. La crise de l'énergie leur redonnera peut-être l'envie de revenir aux fondamentaux et même qui sait, de se recouvrir le crâne d'une perruque poudrée. Le poil plus que tout autre, est de nature à suivre les effets de mode, les tendances et les mouvements. Il s'impose comme marqueur d'une tribu y compris quand il se fait ras ou bien boule de billard.

Je viens jouer ici les coiffeurs, les utilités, ceux qui restent à la lisière de la grande littérature. Non seulement je n'écris pas à la plume mais pire encore, je vous contrains à vous arracher les cheveux à la lecture de mes sornettes capillaires. D'autres me font la gueule puisque jusqu'alors je n'ai pas évoqué chats et chiens qui aiment à couvrir de leurs squames et leurs pelages, banquettes et moquettes. Certains humains en font du reste une allergie qui explique la naissance de ce texte forcément tiré par l'écheveau de mes circonlocutions oiseuses.

Je vous laisse à vos soins capillaires, mises en plis et autres frisettes qui font le délice des influenceuses prépubères de la toile. Les araignées en sont jalouses elles qui pourtant donnent dans le soyeux et non dans ce réceptacle à produits cosmétiques, tous plus nocifs les uns que les autres et aux effluves souvent nauséabonds.


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