Le juste prix

par Lucchesi Jacques
samedi 7 janvier 2023

Y a-t-il un juste prix des biens que nous consommons ? Oui et il s'agit de le rappeler à tous ceux qui profitent du contexte inflationniste actuel.

 Que signifie un juste prix ? L'inflation galopante que nous subissons depuis des mois invite à questionner cette notion moins galvaudée qu'il ne paraît, surtout quand on sait que l'économie – l'oïkonomia chez les grecs anciens – désignait la gestion de l'espace domestique. Nous devrions toujours avoir à l'esprit le point de départ de cette « science », car c'est encore dans nos foyers que la crise actuelle se fait le plus durement sentir.

S'il n'y a pas de valeur en soi des produits que nous consommons, il y a en revanche tout le travail qui les prépare à devenir des biens de consommation. C'est d'abord lui que nous payons dans le moindre fruit que nous mangeons. Et son prix va dépendre de sa rareté ou de son abondance, du côut du transport , aussi, pour l'acheminer jusqu'à nous. Pour des produits fabriqués, on prendra en compte la nature de leurs composants pour déterminer leur valeur sur le marché.

La synthèse de tous ces critères va finalement aboutir à la fixation d'un prix de vente qui soit relativement équitable, tant pour les producteurs que les consommateurs. Le juste prix est donc une moyenne communément admise dans une société donnée. Il y aura toujours des variations par rapport à cette norme, mais elles seront tant bien que mal acceptées pour peu qu'elles n'excèdent pas un certaine limite.

La notion de seuil d'acceptabilité est un autre paramètre majeur dans la gestion de nos achats les plus courants. Chacun sait, par habitude, ce qu'il peut ou non consentir face à une proposition d'achat. Mais le dilemme se pose dans toute son acuité lorsqu'il concerne des produits de première nécessité.

C'est ce que nous voyons aujourd'hui avec des prix qui « s'envolent » dans à peu près tous les secteurs. Des prix abusivement relevés que même les difficultés énergétiques actuelles ne peuvent pas justifier. Ce phénomène a commencé dès les premières semaines du conflit russo-ukrainien et il n'a fait depuis que s'amplifier. Il faut porter au crédit du député LFI Adrien Quatennens d'avoir, parmi les touts premiers, dénoncé la spéculation des entreprises agro-alimentaires, elles qui ont rapidement augmenté le prix des farines, alors même que leur coût de revient était celui de l'année précédente, donc avant toute menace de pénurie.

Ces jours-ci, face à la grogne des boulangers mis à mal par l'augmentation vertigineuse de leurs factures d'électricité, Emmanuel Macron a lui-même reconnu qu'il y avait des profiteurs parmi les fournisseurs énergétiques - à commencer par EDF – et les a exhortés à revenir à des tarifs moins excessifs. Sera-t'il entendu ? Rien n'est moins sûr si l'état n'intervient pas directement dans leurs affaires.

Face à des sociétés capables de fausser la donne économique sous couvert d'inflation, il est donc urgent de réclamer, partout où il s'impose, un juste prix des biens et des services. Car le sentiment d'injustice a été – et reste – le plus puissant moteur de révolte dans l'Histoire. Et il pourrait bien encore produire de nouveaux séismes en France.

 

Jacques LUCCHESI


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