Artificialisation des sols : Les néo ruraux seuls responsables ?

par Michel DROUET
lundi 4 décembre 2023

 

La maison individuelle en lotissement, largement développée depuis les années 70 est aujourd’hui décriée comme principal facteur d’artificialisation des sols, devant le réseau routier (Ouest France du 11/11/2023).

Créer un lotissement répondait au départ pour les élus locaux à la nécessité de dynamiser la vie de communes, sans avoir toujours les moyens de répondre aux besoins, nombreux, des nouvelles populations venant de la ville…

L’accompagnement financier de ces projets au nom d’un « aménagement du territoire » par les conseils généraux a souvent cristallisé des oppositions politiques, (et aussi villes/campagnes), et comme il fallait pouvoir offrir de bonnes conditions de déplacements aux néo-ruraux travaillant en ville, un réseau routier départemental « performant », avec déviations, ronds-points et ouvrages d’art a été créé, leur permettant de venir avec leurs voitures s’agglutiner rapidement dans des bouchons, aux portes des villes…

Des particuliers ont fait confiance au modèle proposé et fait ce qu’ils font toujours lorsqu’on stimule le rêve et la consommation, en l’espèce, construire des maisons à 30 Kms du lieu de travail, parce que le terrain n’était pas cher.

Lorsqu’on porte un regard critique sur le modèle du lotissement, minimiser les responsabilités des élus dans la consommation de terres agricoles et de l’augmentation de la pollution automobile fausse de fait la réflexion et oriente la responsabilité de l’artificialisation des sols vers ses seuls habitants.

Au nom de la préservation de modèles existants, la réflexion politique est fortement imprégnée par les alliances et les financements, et les décisions se limitent souvent au court terme lié au calendrier électoral. Les impacts délétères de ces systèmes ne sont jamais évoqués et c’est toujours le citoyen qui est montré du doigt et convoqué pour réparer, in fine, les erreurs.

Dernière question : quel aurait été l’avenir des terres agricoles non utilisées par des lotissements et le développement des réseaux routiers d’accès aux villes ? Une utilisation préservant l’environnement ou bien la reproduction d’un modèle d’agriculture intensive avec pesticides et bassines et multiplication d’élevages polluants ?

En contemplant depuis mon lopin de terre en lotissement le cycle des saisons et ses couleurs, la diversité des oiseaux qui viennent s’y nourrir, les abeilles qui butinent dans mes fleurs et la vie qui grouille dans mon compost, je n’ai pas conscience d’avoir « artificialisé » des sols, mais plutôt de les avoir préservés.


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