La démocratie selon Erdogan
par PETINOS
vendredi 11 avril 2025
Cela ne doit, en effet, rien au hasard du calendrier. Ce vendredi 11 avril à Istanbul, trois procès impliquant Ekrem Imamoğlu se tiennent à Istanbul. L'un – dont c'est la première audience – est un procès pour « menaces » contre un procureur, en raison de propos qu'Ekrem Imamoğlu a tenus en janvier. Un autre concerne des accusations de manipulations d'appel d'offres en 2015, à l'époque où Ekrem Imamoğlu était maire d'un arrondissement d'Istanbul. Le troisième, pour « récolte illégale de donations », vise des faits remontant à 2019.
Malgré tout, Imamoğlu reste déterminé à être candidat à la prochaine présidentielle et le parti kémaliste-laïc le CHP promet d'aller « jusqu'au bout ».
Il ne s'agit là que de quelques-uns des procès contre le maire destitué par la seule volonté du président turc Erdogan. Imamoğlu est, par ailleurs menacé par plusieurs autres enquêtes. Face aux pressions de la justice et du pouvoir, le parti d'Ekrem Imamoğlu promet d'aller « jusqu'au bout » et de « forcer » le président Erdogan à organiser des élections anticipées. Le CHP veut notamment poursuivre les manifestations, chaque mercredi à Istanbul et chaque week-end ailleurs en Turquie.
La pression sur l’opposition laïque turque demeure forte
Cependant, la pression des partisans du président turc Recep Tayyip Erdogan sur les opposants ne tombe pas. Contrôlant tous les leviers du pouvoir depuis plus de deux décennies qu’il est au pouvoir, Erdogan se comporte de plus en plus comme un dictateur, changeant la constitution et les lois à sa guise, annulant des élections, destituant des élus qui ne lui conviennent pas, emprisonnant des opposants sous des accusations fantaisistes et créées de toute pièce et utilisant les juges, la justice ainsi que les services de l’ordre qui lui sont totalement acquis pour imposer de plus en plus son autorité personnelle et son idéologie néo-ottomane et islamiste.
A titre d’exemple, le leader du CHP, Ozgur Ozel, est également sous accusation après une plainte d’Erdogan qu’il avait accusé d’être à la tête d’une junte avec son parti islamiste l'AKP.
Le site d'information T24 (09.04.25 t24.com.tr) écrit que malgré cette plainte, le leader du Parti républicain du peuple (CHP), Ozgur Ozel, a répété que « le président turc Recep Tayyip Erdogan est un putschiste et le chef d'une junte ». Il a fait ces déclarations lors d'un rassemblement devant la municipalité de Sisli à Istanbul, où il a été nommé administrateur. « Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas fait d'Ekrem Imamoglu le président de la république », a-t-il déclaré.
Réitérant ses commentaires qui ont provoqué une réaction du parti au pouvoir en Turquie, M. Ozel a déclaré : « Erdogan est un putschiste, c'est le chef de la junte ! »
Nouvelles arrestations de journalistes
En outre, deux journalistes ont été arrêtés pour avoir critiqué le gouvernement. Plus précisément, le même site d'information T24 (10.04.25 t24.com.tr) rapporte que les journalistes Timur Soykan et Murat Ayral, qui travaillent pour Halk TV et collaborent désormais à la chaîne Onlar TV qu'ils ont fondée sur YouTube, ont été arrêtés. Selon la publication, une perquisition a également eu lieu aux domiciles de ces journalistes.
Dans un message publié sur la plateforme X, le député du Parti républicain du peuple (CHP) Burhanettin Bulut a réagi à ces arrestations en déclarant : « Assez ! Les journalistes ont été arrêtés une nouvelle fois lors d'une opération à l'aube. Le seul objectif de ceux qui sont à l'origine de ces images hideuses en Turquie et qui utilisent le système judiciaire comme pour punir est d’intimider les journalistes qui critiquent le gouvernement et les médias libres. Le journalisme n'est pas un crime ! A bas la tyrannie, vive la liberté ! »
Le pouvoir turc devient de plus en plus autoritaire. Et le président Erdogan se comporte en véritable dictateur à l’égard de son peuple et à l’égard de ses voisins. Néanmoins, pour des « intérêts supérieurs » du monde occidental (nous dit-on) le président turc est toléré et même invité à des réunions organisées en catastrophe à l’Élysée, à Bruxelles ou Londres !!! Et que dire du blanc-seing que l’Occident « démocratique » lui accorde en Syrie, à Chypre, en Libye, au Haut-Karabagh…