Le quinquennat est terminé : avis de grand frais

par Renaud Bouchard
vendredi 28 mars 2008

"Du temps court de l’événement au temps long des appropriations et des représentations se sont donc indissolublement tissés les liens de la formation conjointe d’une culture et d’un de ses thèmes, Waterloo, à la fois expérience et image définitive de la défaite glorieuse." (Jean-Marc Largeaud, maître de conférences à l’université François Rabelais de Tour, in Le Temps et les Historiens, Les Temps retrouvés de Waterloo, revue d’histoire du XIXe siècle, 25- 2002).

Pour "glorieuse" qu’elle puisse être, une défaite n’en demeure pas moins ce qu’elle est : un échec, une déroute, une rupture.

Les images sont lourdes de signification politique : Bérézina, Waterloo, Sedan, autant d’événements qui sont toujours vécus avec le recul comme le coup d’envoi d’un processus inexorable de crépuscule politique, comme ce fut le cas entre le 20 novembre 1812 et le 18 juin 1815 (La Bérézina et Waterloo), voire un brusque retournement de situation (Sedan, 2 septembre 1870), avec la naissance douloureuse d’un nouveau régime politique qui fera à son tour naufrage soixante-dix ans plus tard, faute d’avoir pu s’adapter à la réalité du monde.

Les élections municipales qui viennent de s’achever ouvrent l’Acte II de la pièce commencée le 6 mai 2007 avec un chef dont la légitimité partisane obtenue voici dix mois, revendiquée depuis comme un véritable mantra pour justifier la continuité de sa politique, vient pourtant d’être très sérieusement révisée à la baisse par un électorat soucieux de sa survie économique et qui a probablement déjà les yeux fixés sur l’échéance 2012.

Rien n’est pourtant acquis, et surtout pas la victoire d’une opposition qui risque fort de se déchirer dans un combat de caciques qui n’ont en commun que leur impossibilité de doter leur parti aussi bien d’un véritable projet politique que d’un chef.

Les actes III, IV et V vont donc se dérouler très vite.

Le chef de l’Etat vient en effet d’achever son mandat. Hors jeu politiquement, son quinquennat ne va plus désormais que courir sur son erre : Otan, guerre en Afghanistan, nucléaire iranien, présidence de l’UE, Union pour la Méditerranée, la réalité économique, aussi bien nationale ("moi, je suis à la tête d’un Etat en faillite..." François Fillon, vendredi 21 septembre 2007), qu’internationale, risque fort en effet de signifier leur congé aux formations politiques actuelles qui n’en finissent plus de se recomposer pour durer. Plutôt que de se préoccuper des prochaines élections sénatoriales, elles seraient beaucoup plus inspirées de se préparer à accompagner la France et l’UE à la crise systémique générale dont les signaux s’amplifient.

Elles en sont malheureusement incapables. A leurs yeux, Clochemerle et sa vespasienne sont beaucoup plus intéressants.

Or, comme l’écrit avec pertinence le Global Economic Anticipation Bulletin dans son communiqué public n° 23 (en date du 15 mars 2008) "la situation est infiniment plus grave que ne peuvent même l’imaginer les dirigeants les plus intelligents (et ils sont peu nombreux). Elle montre à quel point le système financier américain, et derrière lui celui d’une grande partie de la planète, est atteint mortellement. Les banques américaines n’ont plus d’argent ; c’est aussi simple et dramatique que cela. La contagion va maintenant entrer dans une seconde étape de son développement et va donc bien générer une nouvelle série de faillites bancaires d’ici l’été, comme anticipé dans le GEAB n°20, entraînant la rupture du système financier mondial dans la seconde moitié de 2008."

Météo marine, météo politique : avis de grand frais.


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