Sarko veut faire la peau à François Bayrou

par Henry Moreigne
jeudi 24 janvier 2008

Pour ceux qui l’avaient un peu rapidement oublié, Nicolas Sarkozy est un tueur. Un serial killer. Malheur à ceux qui osent barrer son chemin. L’homme a en plus la rancune tenace. François Bayrou, candidat aux municipales à Pau en fait la douloureuse expérience. Rien ne lui sera épargné. Coûte que coûte, il doit être battu.

Sur l’échiquier politique, il n’y a pas, selon Nicolas Sarkozy, de place pour François Bayrou et son Modem. Même réduit à la portion congrue, vidé de ses parlementaires, le parti centriste inquiète l’Elysée. La force de Nicolas Sarkozy c’est de mener la bataille politique comme on joue une partie d’échecs, avec toujours en tête un coup d’avance. Quasi-inexistant en 2008, le Modem risque d’être un adversaire dangereux en 2012. Nicolas Sarkozy sortira usé de son premier mandat et ne pourra se permettre d’affronter un adversaire modéré et consensuel à droite. La gauche en revanche, il en fera son affaire.

Même replié sur ses terres béarnaises, il est par conséquent impensable de laisser prendre la greffe Bayrou en lui donnant un ancrage territorial solide et surtout la logistique dont dispose le maire d’une ville de 82 000 habitants. Le président de la République s’est donc emparé de la question en manifestant dernièrement un vif intérêt aux questions paloises.

Si Nicolas Sarkozy a dans un premier temps tenu à préciser qu’il ne souhaitait pas se « mêler du détail des municipales dans chacune des villes de France », ajoutant que ce n’était « pas son travail », il a dérogé à ce principe général en déclarant devant un parterre de journalistes que « s’agissant de la ville de Pau, le parti que j’ai présidé pendant plusieurs années a décidé d’apporter son soutien à M. Urieta. C’est un choix parfaitement démocratique et un choix qui est sans doute excellent. »

Sur fond de Pyrénées, la bataille municipale de Pau se joue essentiellement entre trois candidats : François Bayrou, la députée PS Martine Lignières-Cassou et le successeur d’André Labarrère, Yves Urieta. Fin connaisseur des faiblesses humaines, Nicolas Sarkozy a réussi à retourner cet ancien fabiusien en le recevant à l’Elysée et en lui promettant, qui sait, un strapontin dans un futur gouvernement ? Logiquement écarté du PS, Yves Urieta n’a pas hésité à se fondre dans la stratégie de son nouveau mentor en montant une liste d’ouverture à droite, soutenue par l’UMP. Les jeux sont donc très ouverts en nul ne peut dire qui s’emparera de la ville même si François Bayrou fait figure de favori.

Autant dire que le déplacement du président de la République en terres béarnaises mardi 22 janvier ne relevait pas du hasard. La rencontre entre les deux hommes a tenu toutes ses promesses et a donné lieu à une scène d’anthologie, rapportée dans les colonnes du quotidien local Sud-Ouest :

”Aéroport de Pau-Pyrénées, hier, 12 h 25. Sous le crachin, Nicolas Sarkozy descend les marches du Falcon présidentiel. François Bayrou l’attend sur le tarmac en compagnie du préfet des Pyrénées-Atlantiques. Comme le veut le protocole, le député de Pau a été convié à accueillir le président de la République. Sans être invité à la réception à la mairie prévue une heure plus tard. Nicolas Sarkozy s’avance vers le patron du Modem. Les sourires sont crispés, la tension palpable, la poignée de main timide. Michèle Alliot-Marie et Rachida Dati observent la scène avec attention. « Merci d’être venu, ça fait plaisir, déclare le président. Tu nous accompagnes ? » Réponse de François Bayrou : « Non, je ne viendrai pas. Je respecte les usages républicains en t’accueillant, mais les parlementaires n’ont pas été invités à la mairie. » « Mais tu es le bienvenu, rétorque Nicolas Sarkozy. Et il n’y a pas que la République, il y a l’amitié aussi. » « L’amitié revêt de multiples formes », réplique, sibyllin, François Bayrou.”

La scène est immortalisée par les caméras. Elle ne prend toute sa dimension qu’avec la bande-son. Etrangement, selon le site “Arrêt-sur-images”, seule TF1 la laisse :




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