Il porte un joli nom Saturne...

par rosemar
samedi 13 avril 2019

Il porte un joli nom Saturne ! Un nom aux sonorités de sifflante, de dentale, de gutturale, consonnes contrastées emplies de douceur, d'éclats, de rudesse !

Le maître du temps, Saturne chez les romains, a inspiré une chanson pleine de charme et d'humour à Georges Brassens...

 

Qualifié de "morne", de "taciturne", au début du texte, le dieu Saturne apparaît froid, impitoyable, lointain, inaccessible au commun des mortels.

 

"Dieu inquiétant", mystérieux, tel est bien ce maître du temps qui passe, malgré son joli nom.

 

On le voit s'amuser à "bousculer les roses", jeu cruel, car le dieu joue à blesser, de sa marque, des fleurs fragiles, symboles et raccourcis saisissants de la vie humaine.

 

Un jeu de mots subtil apparaît alors : "le temps tue le temps, comme il peut"...L'expression "tuer le temps" semble prendre, ici, tout son sens, car Saturne s'amuse à pousser les roses vers le déclin et la mort...

 

Soudain, le poète s'adresse à la femme qu'il aime, de manière familière, avec une apostrophe élogieuse "ma belle ". Et, il prend conscience de la fuite du temps : c'est elle, la victime du temps... D'une manière imagée et somptueuse, Georges Brassens évoque un changement subtil : "Toi qui as payé la gabelle / Un grain de sel dans tes cheveux."

 

L'expression répétée suggère bien l'action inexorable du temps, mais le poète commente, aussitôt, en associant la "belle" à "l'automne" et affirme, familèrement, la beauté de sa bien-aimée : "c'est pas vilain, les fleurs d'automne."

 

L'image de la fleur réapparaît et sa splendeur semble inaltérable.

 

L'invitation qui suit est pleine de charmes et d'insistance, avec l'impératif répété "viens", avec l'apostrophe, "ma favorite" qui magnifie la femme, avec cette demande pressante, pour visiter le jardin et "effeuiller la marguerite."

 

Le poète réaffirme l'idée de beauté, en employant le pluriel : "je sais par coeur toutes tes grâces..." Et, à la fin du poème, par une belle inversion, Saturne, si puissant, apparaît vaincu...

 

Belle parodie de ces poèmes d'antan, où le temps est victorieux, où les poètes essaient de convaincre de toutes jeunes filles de les aimer, car le temps presse et détruit inexorablement toutes beautés !

 

Et la jeune fille en fleur, appelée de manière amusante "la petite pisseuse d'en face", est invitée à aller "se rhabiller".

 

La mélodie, assez lente et pesante, semble mimer le rythme du temps qui passe.

 

On perçoit, dans cette chanson, tout l'art de Georges Brassens : le poète mêle, harmonieusement, des références littéraires, un langage familier, un humour plein d'élégance...

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/article-il-porte-un-joli-nom-saturne-123508345.html

 

Vidéo :

 


Lire l'article complet, et les commentaires