Gisèle Pélicot, égérie française ?
par Lucchesi Jacques
vendredi 23 mai 2025
Après avoir contribué à faire de Gisèle Pélicot une icône internationale du féminisme, le Nouvel Obs la place maintenant au nombre des femmes qui ont fait l’histoire de France. Mais quand donc cette baudruche médiatique va-t-elle enfin se dégonfler ?
De quoi Gisèle Pélicot est elle le nom ? La question est convenue mais, pour une fois, on peut y répondre sans détour : du néo-féminisme. De ce courant féministe importé des USA qui s’est imposé, souvent par l’outrance, depuis une vingtaine d’années dans le débat public français. Pour cette forme d’intégrisme genré, toutes les femmes sont des victimes et tous les hommes des agresseurs, tout simplement parce que c’est inscrit dans les structures mêmes de la société patriarcale - qui est, comme chacun le sait, le modèle dominant en Occident. Et tous ceux qui osent critiquer cette sacro-sainte vérité ne sont que d’affreux réactionnaires.
Être victime, pour une femme, n’est pas un accident transitoire, c’est désormais un statut à vie et cela appelle évidemment des compensations. C’est ce que réclament, à longueur d’interventions publiques, les militantes de cette cause. C’est ce qu’a parfaitement compris Gisèle Pélicot qui s’est moulée dans cette catégorie, écartant durant le procès de ses prétendus violeurs toute question, toute investigation, qui aurait pu remettre en question sa fierté victimaire. Elle aurait eu bien tort d’agir autrement puisqu’elle avait, d’entrée de jeu, le soutien inconditionnel de la doxa médiatique, tout ce qui représente aujourd’hui la bien-pensance française. Et c’est ainsi que, jour après jour, la presse a transformé ce qui n’était au départ qu’un fait-divers (certes sordide) en un évènement planétaire, faisant d’une provinciale sans talent particulier un symbole mondial de la cause des femmes.
Nul besoin de s’appesantir sur l’énormité de cette supercherie. Seul(e)s ceux et celles qui prennent pour argent comptant tout ce qui se dit dans les journaux refuseront d’en prendre acte. De toutes les façons, et c'est dommage, ils ne liront jamais ces lignes, sûr(e)s d’être dans la bonne voie de l’Histoire . C’est certainement le cas pour tous les lecteurs du Nouvel Obs, ce grand magazine d’actualité qui, à force d’épouser tous les courants de pensée à la mode est devenu d’un conformisme affligeant. Sa dernière trouvaille en date a été de faire entrer Gisèle Pélicot au top quarante des femmes qui ont fait l’histoire de France.
Quiconque a un peu d’exigence intellectuelle ne peut être qu’effaré en la retrouvant dans les pages de ce numéro spécial. D’abord il est trop tôt pour en faire une héroïne historique, alors même que le soufflet médiatique n’est pas encore retombé. Comment l’évaluer avec lucidité dans ces conditions ? D’autre part, et surtout, l’élever au rang d’une égérie nationale, au même titre qu’Aliénor d’Aquitaine, Jeanne d’Arc, Marie Curie ou Simone Veil est en soi une hérésie, sinon une insulte vis à vis de ces grandes femmes qui ont toutes eu un rôle actif et courageux en leur temps. Car à moins de considérer qu’être violée durant son sommeil – même chimique – est un acte de bravoure ; à moins de confondre rancune personnelle et combat pour une justice impartiale, Gisèle Pélicot est illégitime à entrer dans ce nouveau costume que des faiseurs d’opinion ont hâtivement découpé pour elle.
Oui il y a eu, par le passé, des femmes admirables qui ont pu, contre vents et marées, exprimer le génie qu’elles portaient en elles. Et, contrairement à ce qu’affirment les néo-féministes, elles n’ont pas été jusqu’ici invisibilisées dans l’Histoire. Mais, pour des historiens sérieux, madame Pélicot ne fera jamais partie de cette glorieuse compagnie.
Jacques Lucchesi