La vision iranienne de la sécurité et de la stabilité régionales

par Dr. salem alketbi
mercredi 27 mars 2024

Le régime iranien a toujours critiqué la présence militaire étrangère dans la région du Golfe, et parle de l’importance de la coopération régionale comme la seule garantie fondamentale - de son point de vue - pour atteindre la stabilité. Ce discours peut être réaliste et logique en théorie, mais il s’effondre dès la première comparaison entre les mots et les actes dans le comportement iranien.

L’introduction précédente n’était qu’une réfutation des positions générales du régime iranien à l’égard de ses voisins arabes des pays du Conseil de Coopération du Golfe au cours de la dernière période, et ce sont des positions répétées qui n’ont subi aucun changement positif correspondant aux développements observés dans les relations entre les pays arabes du Golfe au cours de la dernière période.

La première position iranienne dont nous parlons ici est le commentaire du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, sur la déclaration conjointe émirati-koweïtien concernant les trois îles émiraties occupées (Grande Tunb, Petite Tunb et Abou Moussa), où Kanaani a déclaré  : «  Comme cela a été souligné à plusieurs reprises, les trois îles d’Abou Moussa, de la Grande-Tumb et de la Petite-Tumb sont une partie inséparable et éternelle des territoires iraniens, et y faire référence dans cette déclaration ou dans des déclarations répétées lors d’autres réunions est dépourvu de toute valeur politique et juridique et est considéré comme une ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran », ajoutant  : «  La République islamique ne considérera jamais sa souveraineté territoriale comme négociable ».

Outre le ton d’arrogance et de supériorité auquel le discours politique iranien est habitué concernant la question des trois îles émiriennes, Téhéran ne cesse de réaliser que la question des trois îles restera un obstacle permanent dans ses relations avec les EAU à moins qu’une solution ne soit trouvée conformément aux formules civilisées proposées par les EAU, soit par le biais de négociations directes selon un calendrier précis, soit en soumettant la question à l’arbitrage international.

Personnellement, je ne vois pas pourquoi Téhéran s’obstinerait à rejeter l’une ou l’autre de ces formules, ou les deux, étant donné qu’il est pleinement convaincu de la légalité de la situation des îles et de sa prétendue souveraineté sur celles-ci.

L’intransigeance de l’Iran ne se limite pas à la question des îles émiraties, mais s’étend à une autre question liée à d’autres voisins des pays du Conseil de coopération du Golfe, à savoir le Koweït et l’Arabie saoudite, à savoir le champ pétrolifère d’Al-Durra.

Kanaani a commenté ce qui a été mentionné dans la déclaration émirati-koweïtien à ce sujet, en disant  : «  Nous avons dit à plusieurs reprises que faire des revendications unilatérales dans de telles déclarations n’accorde aucun droit au revendicateur », répétant la même position d’essayer d’exercer l’hégémonie, d’imposer l’opinion aux autres, et de nier leurs droits, ou même de nier leur déclaration de leurs droits et l’insistance sur eux depuis le début.

L’Iran a également rejeté la déclaration finale de la 159e réunion des ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe, tenue à Riyad, qui affirme que «  le Koweït et l’Arabie saoudite ont tous les droits d’exploiter les ressources naturelles de cette région conformément aux dispositions du droit international et sur la base des accords conclus et en vigueur entre eux ».

En ce qui concerne le champ d’Al-Durra, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères déclare que Téhéran pense qu’un accord peut être conclu sur la question du champ d’Al-Durra dans une atmosphère de coopération, d’interaction constructive et de respect des intérêts des parties concernées.

Il considère toutefois que les positions des pays du Conseil de coopération du Golfe concernant les droits du Koweït et de l’Arabie saoudite sur le champ sont «  unilatérales, sans fondement et non constructives ».

Il déclare également que la vision de son pays sur les relations avec ses voisins est basée sur «  la tentative de construire des atmosphères positives et constructives et de se concentrer sur des questions communes et amicales, et il est inacceptable de soulever de telles questions dans des déclarations unilatérales, quelles que soient les circonstances ».

Cette rhétorique iranienne évasive sur les questions litigieuses entre Téhéran et les pays du Conseil de coopération du Golfe ne sert pas l’intérêt d’une amélioration réelle de l’atmosphère entre les pays voisins du Golfe, ni ne s’aligne sur la vision iranienne qui cherche à trouver des solutions de sécurité pour parvenir à la sécurité et à la stabilité régionales.

Dans le monde de la politique et des relations internationales, aucun problème n’est insoluble s’il y a de la volonté et des intentions positives.

Cependant, l’Iran aborde la recherche de solutions aux problèmes existants avec ses voisins sous le prisme de l’hégémonie et de la nécessité pour tous d’accepter ses vues, même si elles sont fondées sur la poursuite de l’occupation des terres des autres ou sur l’appropriation de leurs droits à l’énergie ou à d’autres ressources.

Nous ne savons pas comment la coopération et une atmosphère positive peuvent émerger sous cet unilatéralisme qui chevauche les questions et cherche à imposer des points de vue, sans parler de la promotion de la coopération économique et commerciale, tout en gelant et en contournant les questions litigieuses, ce qui peut être utile pour établir la confiance et ouvrir la voie à la collaboration, mais n’est pas une alternative à des solutions définitives à long terme pour les différends.

La vérité est que l’instauration de la confiance dans le Golfe exige plus que des déclarations mutuelles et des visites  ; elle exige un véritable effort de la part de l’Iran pour assainir l’atmosphère et régler les différends existants par le biais de mécanismes internationalement reconnus de résolution des conflits par des moyens légaux, ainsi que l’ouverture de dialogues directs avec ses voisins sur des questions préoccupantes telles que le programme nucléaire iranien et la limitation du pouvoir des milices pro-iraniennes pour assurer la sécurité de la navigation et des voies navigables dans la région. Les réaffirmations selon lesquelles les milices et d’autres entités sont autonomes dans leur prise de décision sont des prétentions ridicules qui ne trompent aucune personne saine d’esprit.


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