Le débat interdit

par Nicolas Dupont-Aignan
mardi 3 août 2010

« Honte aux pays où l’on se tait » disait Georges Clemenceau pour réveiller les Français.

Au moment où la présence militaire en Afghanistan suscite de grands débats politiques en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis, la classe politique française est muette.

Les révélations du site "Wikileaks" d’hier confortent la thèse de tous ceux qui dénoncent la manière dont est conduite cette guerre, et l’impasse dans laquelle se sont placés les Etats-Unis.

En France le silence est total pour deux raisons.

Tout d’abord, le retour dans l’OTAN et le soutien aveugle aux Etats-Unis mis en œuvre par le Président de la République s’avère être un véritable constat d’échec. Contrairement à ce qui avait été promis, loin de peser davantage, notre pays en abandonnant sa position singulière d’indépendance ne vaut plus grand-chose. Reconnaître l’embourbement - comme je l’avais annoncé il y a deux ans - des opérations de l’OTAN en Afghanistan, ce serait bien sûr pour tous les soutiens du Président avouer la faiblesse de sa politique internationale.

La seconde raison c’est l’atlantisme viscéral du Parti Socialiste qui n’a pas de politique étrangère bien arrêtée et qui ne joue pas son rôle d’opposition.

Les Etats-Unis et leurs alliés sont en train de perdre cette guerre car, comme les Anglais, puis les Russes, on ne peut pas tenir ce pays montagneux et très particulier sans au moins 300 000 hommes.

Nous sommes quelques uns à l’avoir dit en Commission des Affaires Etrangères et de la Défense réunis l’été 2008. La débâcle qui se prépare va déstabiliser un peu plus le Pakistan au risque d’embraser toute la région.

Voilà pourquoi la France, si elle était encore la France, devrait faire entendre sa voix beaucoup plus nettement pour retirer ses troupes et proposer une solution politique.

Il y a urgence.


Lire l'article complet, et les commentaires