EROS et THANATOS

par Jacques-Robert SIMON
mercredi 27 septembre 2023

Qui est prêt à mourir pour un Big Mac ou une transition de genre ?

Une valeur universelle a été proposée et promptement adoptée dans le monde entier : la cupidité. On habille ce mot d'atours plus charmants mais il s'agit bien d'elle. L'accès aux jouissances immédiates les plus diverses sont, aux dires des augures, accessibles à tous ou presque grâce à l'extraordinaire efficacité d'un système économique inégalitaire par essence. Les masses laborieuses, mues par leurs seules passions, oublient l'essentiel de ce qui permet de vivre. C'est le règne d'Eros, celui de l'individu qui ne vit que pour lui sans souci d'un quelconque sacré.

Une tribu ou un peuple se préoccupe au niveau collectif de tout autre chose : il lui faut survivre en tant que tel, c'est à dire dominer les autres. Le désir de domination conduit par étapes à renoncer à ses plaisirs jusqu'à accepter la mort au nom de la survie de tous. Thanatos prend son règne.

Le monde est entré en ébullition par la confrontation des pulsions de vie et des pulsions de mort.Pour les uns, la fourniture du bien-être est le seul objectif affiché.Une "élite" mondialisée est chargée de fournir les grandes lignes directrices aux actions. L'efficacité des productions induit d'énormes quantités de biens matériels qui peuvent être plus ou moins bien réparties pour satisfaire les besoins ou les désirs de chacun. Les pays occidentaux ont d'énormes richesses financières mais ils abandonnent à des pays plus démunis la production de biens concrets. L'enrichissement permet théoriquement de faire basculer dans le camp des nantis les pays émergents, c'est la seule arme crédible que l'Occident possède encore. La domination, en particulier, la domination militaire, permettrait normalement d'assurer la pérennité de fortune des pays riches. Mais un degré supplémentaire a déjà été franchi puisque les occidentaux financent de plus en plus les guerres sans y participer. La cajolerie a remplacé les idéaux de Justice, elle ne prédispose que médiocrement à l'action.

Pour les tenants de Thanatos, la souffrance est une vertu salvatrice. Une idée idéalement transcendante justifie tous les sacrifices personnels. La nécessaire domination implique la force et justifie donc une hiérarchie d'autan plus féroce que les périls sont grands. Il ne peut pas y avoir deus vérités, pas même de nuances, pas même de doutes, toutes choses qui constituent le terreau de la vérité vraie.Il faut tambouriner les esprits avec les méthodes éprouvées de la publicité jusqu'à crétiniser les masses à l'égal des drogués. Le quotidien est empli de souillures qu'il faut dissimuler. La guerre dans cette logique n'a pas pour but de conquérir de nouveaux espaces, il s'agit de "régénérer la race" pour qu'elle ne s'adonne pas aux turpitudes individuelles mais qu'elle se consacre à sa pérénnité.

Mais Eros peut succomber à Thanatos. L'Occident glisse graduellement vers des régimes qui ne procureront plus de satisfactions personnelles même élémentaires et qui feront régner par tous les moyens le seul ordre que la nouvelle élite respecte : le leur.


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