10 voix pour se réconcilier avec les femmes (Part 2, suite)

par Sandro Ferretti
vendredi 9 juin 2023

C’était en septembre 2021. J’essayais de trouver des circonstances atténuantes à des accusées qui en avaient pourtant bien besoin. https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/10-voix-pour-se-reconcilier-avec-236066 . Dépasser le ressentiment contre les insupportables en bigoudis et blouses acryliques à fleurs mauves qui jadis vous attendaient le soir derrière la porte avec un rouleau à pâtisserie en éructant un « c’est à c’t heure-ci que tu rentres ? ».

Oui, dépasser aujourd’hui le courroux légitime face à celles qui se maquillent au volant alors que le feu passe au vert, les blondasses du 78 en Austin mini Countryman garées en double file devant chez Ladurée, tout en faisant un doigt d’honneur à ceux qui klaxonnent derrière.

Bref, les femmes, « ces petits êtres fragiles et délicats », selon le bon mot d’Olivier de Kersauson.

 

Oui, tenter de rechercher plutôt les belles du dedans, celles qui envoient de l’émotion, du rêve éveillé, des nuances de chouette, l’envie d’escalader l’octave haut perché par la face Nord. Celles qui savent tenir la note comme d’autres tiennent la chandelle. Celles au petit oiseau blessé au fond de la gorge, avec cette « rauquitude » promesse de l’aube, à l’heure où la ville est endormie et que d’autres s’aiment à la folie. Voyez ? Bon, tant pis.

 

Oui, seulement voilà, depuis septembre 2021, j’ai eu des plaintes. Celles qui trouvaient qu’on les avait injustement oubliées dans le top 10. Que trop de blondes tuent les blondes, que les brunes ne comptent pas pour des prunes, etc. Mes conseils, Maitres Parcimoni & Bonessian, centralisaient les lettres anonymes, celles qui disaient « on sait où tu habites, fais gaffe », celles qui voulaient me donner rendez-vous à l’aube sur le pré avec deux témoins. Même un certaine S.B qui ajoutait : « envoyez-nous d’autres voix de femmes, sinon.. ».

Donc « je cède à l’amicale pression de mes amis », comme on dit en politique, et vous propose 10 nouvelles voix qui envoient.

 

  1. Margo Timmins ( Cowboy junkies) :

 La voix qui laisse sans voix. Du glacé bien frappé, la sobriété efficace qui vient du froid. Une fratrie entière sur scène (la sœur et les brothers). Un Neil Young en jupons. Mieux qu’un office du tourisme, donne l’envie irrépressible de prendre les highway canadiennes, un bras à la portière de la Buick. Un avis de grand frais sur la country : ça fait 25 ans que ça dure, et la météo ne prévoit toujours pas d’éclaircie : avec les cowboy junkies, le temps est durablement aux chasse-neige…

 

  1. Patti Smith :

On ne présente plus la dame, vaguement infréquentable à ses débuts dans les caves « underground » des junkies, jusqu’à ce que Bruce Springsteen la sorte de l’ombre en lui offrant le succès de « because the night » et qu’elle devienne durant 40 ans l’icône classieuse du New –York branchouille des vernissages et des critiques (y compris littéraires). Difficile de choisir dans sa prolifique carrière : c’eut pu être « Revenge », j’ai finalement choisi «  We three  », cette histoire de couple à trois impossible, avec cette voix si basse, inimitablement sexy.

 

  1. Emilie Sandé :

Lassée de faire la choriste pour les autres, elle a décidé de mettre le clignotant et de passer devant les stars (dont certaines l’accusaient de couvrir leur voix…). Elle est pas mal (trop ?) dans la performance et le « t’as vu ce que je sais faire ? », mais bon, il y en a qui aiment.

  1. Bonnie Tyler :

La routière du blues / rock. Efficace, fiable, une sorte d’Otis Redding au féminin dans la façon d’envoyer les « na, na ,na ». Et sa reprise de « I put a spell on you » est une pure tuerie (par ailleurs un des slows les plus efficaces, de mémoire de DJ.)

  1. Maria Mariadou (MG Shuffle) :

Le typhon de Thessalonique : belle énergie, flutiste à ses heures, beau duo avec son compagnon à la guitare. Ont commencé dans les clubs de vacances où personne n’écoute. Une école efficace.

  1. Urban Species :

Electro pop urbaine, avec parfois de belles envolées. Pas trouvé trace de la voix de la chanteuse, dont la composition a sans cesse évolué avec le temps. Mais le morceau en impose.

  1. Jeanne Added :

A fait ses gammes dans le haut de gamme. Chanteuse lyrique à 12 ans, de jazz à 17, violoncelliste de formation. Ex du conservatoire de Paris, de la Royal Academy of music de Londres.

La classe discrète et pudique à tous les étages. C’est « notre frenchie à nous qu’on a », face au monde impitoyable des braillardes anglo-saxonnes. Un joyau.

  1. Adna :

Cette bosniaque ayant vécu longtemps en Suède, aujourd’hui installée à Berlin, a apporté une touche d’originalité dans l’indie folk. Ténébreuse, un peu hantée, un peu mystique, elle est trop jeune pour être mélancolique, diront certains. Et pourtant. Très beau morceau avec un brin d’écho et de « reverb » dans cette église berlinoise dépouillée.

  1. November Ultra :

Elle a explosé les canons de « la chanteuse canon qui n’est pas là qu’à cause de sa voix ». Enfin reconnue aux dernières « victoires de la musique », elle était connue depuis longtemps dans le petit monde des « musicos ».

Elle monte dans les tours quand elle veut, descend dans les basses comme d’autres allument une clope, (comme ici et sa façon inimitable de cracher les « home » des fins de vers.) Comme une nostalgie polie, une blessure secrète planquée sous le sourire figé : le genre de filles qui ne veut pas nous ennuyer avec ses petites affaires…

  1. Steevie Niks (Fleetwood Mac)

 L’amie des DJ vers 4 heures du matin quand le gérant de la boite veut fermer et que trainent encore sur la piste quelques irréductibles n’ayant pas trouvé « l’âme » sœur. Et que le boss dit au DJ « envoie un nettoyeur, qu’on en finisse ».Un truc pour expédier enfin les irréductibles sur le parking ou sur la plage.

Ceci fut un de mes plus efficaces « nettoyeurs » de ma (brève) carrière de DJ. Une madeleine. Bon, c’est prescrit, tout ça.

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PS : pour m’éviter des ennuis, j'ajoute celle-ci ( oui, je sais, ca fait onze, mais quand on aime on ne compte pas...)


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