Les bonshommes de Jean-Michel Folon

par Céline AMICO
samedi 29 octobre 2005

Il est très tard, il fait nuit noire. On est au milieu des années 70, les programmes télé d’Antenne 2 se terminent. Sur l’écran, les bonshommes Folon, bleus, élastiques, comme sortis d’un songe d’enfant, s’envolent vers d’autres cieux. C’est le générique de fin des programmes que la deuxième chaîne a diffusé à partir de 1975. Un générique crée par Jean-Michel Folon, qui vient de s’éteindre, à l’âge de 71 ans, à Monaco.

La télévision, donc, l’a fait connaître en France, mais Jean-Michel Folon travaillait depuis déjà longtemps. Ses dessins, d’abord publiés dans des journaux américains, dès 1960, Esquire, The New-Yorker, ne nous sont parvenus que par la suite. On n’avait pas su remarquer le talent aérien et flottant du Pierrot dessinateur.

Ses publications américaines le font connaître davantage hors États-unis. L’Express et le Nouvel Obs lui ouvrent leurs colonnes. Ses dessins sont présentés à la librairie le Palimugre, à Paris, en 1964 ; puis il expose à New-York. A partir de ce moment-là, ses oeuvres (aquarelles,sculptures....) ne cesseront de faire le tour du monde. Musée Correr de Venise en 1985, Barcelone, Milan, Tokyo, le Metropolitan Museum en 1990...

Folon est aussi un artiste de la paix. Humblement et à sa façon, il crayonne pour des causes qui le touchent. En 1988, il est l’illustrateur pour Amnesty International de la Déclaration des droits de l’homme... En 1991, il présente une série de gravures et affiches "Notre terre", sur la sauvegarde de l’environnement, dans plusieurs petites villes de France. Et il est choisi en 2004 comme ambassadeur de l’Unicef.

Sa sensibilité, sa façon si particulière de dessiner le monde, ses soleils tout en rondeur, ses petits hommes plumes débonnaires, trouveront résonance chez quelques auteurs, pour lesquels il réalisera des illustrations : l’oeuvre en sept volumes de Prévert, celle de Vian...

Comme ses personnages, le bonhomme Folon, oui, s’est envolé vers d’autres cieux.

Céline Amico

Pour revoir le générique, rendez-vous sur le site de l’Ina (Institut national de l’audiovisuel)


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