Aubade Ligérienne

par C’est Nabum
samedi 9 septembre 2023

Retour à la sérénité

La colère passée, l'ire évacuée dans l'encre trouble du coup de sang, le calme peut revenir en prenant la peine de tirer les conclusions qui s'imposent. Il s'agit de s'adresser aux spectateurs qui attendent la caravane flottante, patientant parfois plusieurs heures, pour leur offrir contes et musiques, récits et détails, le tout dit à la cantonade.

C'est ce que nous fîmes entre Saint Mare la Pile et Luynes, lors de cette étape méridienne qui marquait un premier passage fort délicat. Ils le seront tous du reste tant le niveau d'eau pousse bien plus à la trempette qu'à la promenade de santé. Le marinier se transforme en forçat de la grève, halant et poussant une embarcation qui s'engrave à plaisir.

Ainsi, les horaires, purement indicatifs sont victimes d'une inflation de saison. C'est la Loire qui décide et c'est exactement ce qu'il convient d'expliquer aux curieux. Ce n'est cependant pas suffisant pour leur faire passer un bon moment. Retenant les leçons des épisodes précédents, nous avons devancé l'armada afin de leur offrir un petit impromptu.

Rien n'est plus agréable que ce qui échappe au programme, surgit de manière inopinée et s'offre ainsi au débotté à qui veut bien faire l'effort de nous prêter ses oreilles. Il y avait de l'ombre, des bancs, un petit public curieux et attentif qui se fit un honneur de goûter à notre prestation. Il suffit de peu pour retrouver le moral et l'esprit qui devait prévaloir à cette aventure.

S’adapter aux impondérables, trouver parti de la moindre occasion, sortir des sentiers battus et des programmations figées …, rien n'est plus simple en fait et j'ai eu sans doute tort d'attendre que l'on nous propose ce que nous n'avions qu'à nous accaparer de la sorte.

Ce fut un bonheur que de meubler ainsi cette attende par une aubade au bord des flots, de distraire tout en informant, d'éveiller la curiosité et d'apporter quelques connaissances sans avoir l'air de faire œuvre pédagogique. C'est ainsi que doivent être défendues les plus belles et nobles causes ; celle de notre Loire étant de celles-là.

Il y eut des sourires, des visages radieux, des applaudissements et des remerciements. Il y a des prises de contact, des félicitations et surtout une réflexion qui a dissipé les orages des jours précédents : « Vous avez été notre rayon de soleil ! » Si par trente-cinq degrés à l'ombre, l'image prête à sourire, elle n'en venait pas moins d'un cœur qui entendait montrer son contentement.

Une petite aubade, un joli coin de Loire en attendant le gros des troupes et le plus tard les interventions savantes, que demander de mieux pour retrouver le bonheur de transmettre une passion. Il fallait tracer un autre chenal, chevaler la rivière par un micron sillon qui sort du cadre trop rigide, fixé au préalable.

Nous agirons de la sorte chaque fois que cela sera possible sans nous formaliser quand cela ne le sera point. Si le marinier a trop souvent le verbe haut et l'humeur tempétueuse, il convient de ne pas se mettre la rate au court bouillon. La juste mesure du reste c'est l'affaire des musiciens qui s'y entendent parfaitement tandis que ce n'est pas à la portée de celui qui passe son temps à faire des histoires.

Le silence n'est pas dans ses cordes alors qu'il est malaisé d'accorder son récit au diapason collectif. Quelques soupirs ne valent pas des silences bien placés, c'est pourtant le seul bémol dont il peut user.

À contre-temps.


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