Cause : Toujours

par C’est Nabum
mardi 28 novembre 2023

 

Les circonstances ? Ciel !

 

Quoi qu'il se passe, qu'importe ce qui arrive, il y a toujours un chevalier blanc de la politique pour venir à l'antenne en expliquer les causes. La surprise n'est d'ailleurs jamais au rendez-vous de l'analyse s'il est permis d'user de ce vocable à propos d'une tirade attendue, conforme au fonds de commerce du discoureur partisan.

Chacun dispose de sa grille de lecture, valable quelles que soient les conditions, les circonstances. Le mot est lâché, ciel ! Voilà bien une exigence pour observer le réel dont ne s'encombrent guère nos chers représentants. Seule la cause mérite d'être exposée, pardon vomie ou récitée, selon qu'on soit dans l'opposition ou au pouvoir, afin de poser le seul éclairage qui vaille : le sien !

On m'expliquera que c'est là le jeu de la politique de ne jamais être objectif, de tout regarder à travers le prisme déformant de quelque chose qui échappe au champ de l'opinion, qui se fiche même de l'intime conviction de l'intéressé et qui ne relève que de la seule préoccupation de cette caste : « La stratégie ! » Il convient de se positionner, non pour comprendre mais plus sûrement pour gagner des voix ou ne pas en perdre.

Alors par commodité – le terme m'amuse car il donne une autre destination à la diarrhée verbale de nos personnages – seule la cause préoccupe celui à qui on tend le micro, non du reste pour être surpris par ce qu'il va dire mais plus sûrement pour entendre le refrain si prévisible qu'il en serait drôle si le sujet n'était inquiétant, préoccupant, dramatique, … (faites votre choix).

Une cause sans conséquence, un fait divers (le plus souvent) en suspension, en dehors des paramètres de temps, de lieu, de but, de manière, de condition, de comparaison, d'opposition. J'espère n'oublier personne même si je devine qu'il me faudrait désormais expliquer ces nuances nécessaires tant nos responsables nous ont habitué à ne jamais présenter que la cause.

Il est vrai que développer ces différents aspects supposerait utiliser des conjonctions de subordination, mot terrible pour ces gens qui n'aspirent qu'à une seule chose : le pouvoir sans partage. Réduire le raisonnement, caricaturer l'analyse, simplifier l'exposé pour ne dessiner qu'à gros traits la situation suffit à se mettre une partie de l'électorat dans la poche.

Nous avons sous les yeux la plus belle entreprise de simplification du réel avec une seule réponse pour expliquer, justifier, modifier, inverser, transformer le réel. Dans ce contexte le bouc émissaire est d'un usage fort commode. Il est évoqué et son recours suffit à toute autre rhétorique. La seule difficulté pour le brave observateur c'est que ce fameux responsable de tout n'est pas le même suivant les sensibilités (le terme est assez plaisant pour ces gens qui s'accrochent à leur doctrine comme une corde de survie).

La cause, l'usage veut que le singulier l'emporte ce qui avouons-le est assez singulier tant les causes sont plurielles et les circonstances multiples. L'étranger : voilà une bonne cause, une cause vendeuse, accrocheuse, racoleuse. Elle peut prendre différentes facettes : l'Arabe ou le Juif par exemple sont deux versions certes antagonistes mais qui vont être fort commodes pour s'interdire de penser la complexité. La Femme est en perte de vitesse en ce domaine alors que les innombrables expressions de la sexualité peuvent lui damer le pion en ce domaine de la causalité de tous nos maux.

Vous me rétorquerez que j'use d'une cause privilégiée moi aussi : la politique. Mais comment échapper à cette analyse lorsqu'on observe attentivement les manières de faire de ces gens qui parlent sans but réel, disant toujours le contraire de leur opposition, sans se soucier des conséquences de cette huile qu'ils jettent sur le feu par tous les temps et en tous lieux. Trouve-t-on mieux ailleurs, je ne sais, je ne dispose pas des éléments pour cette comparaison mais ce que j'affirme c'est que notre classe politique touche le fond sans que je concède de lui accorder les circonstances atténuantes.


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