Ces animaux qui prétendent nous gouverner

par Fergus
lundi 27 novembre 2023

Plutôt que bayer aux corneilles, ou faire le lézard au soleil en dormant comme une marmotte, voire peigner la girafe ou ferrer les cigales, l’auteur de ce billet, sans avoir produit un travail de fourmi, et en prenant garde de ne pas courir deux lièvres à la fois, vous invite à une petite incursion dans la grande ménagerie électorale où tant de nos politiciens rêvent de se tailler la part du lion en remplacement de ceux qui ont entonné leur chant du cygne...

Le rossignol revêt des plumes neuves mais garde sa chanson. Il en va de même pour le candidat à sa réélection. Sachant cela, voter pour lui, c’est se payer en monnaie de singe, faute de comprendre que, sous ses belles paroles, il y a anguille sous roche, les promesses n’étant que de la roupie de sansonnet. Bref, c’est se jeter dans la gueule du loup. Au risque, après avoir pris conscience de la duperie, d’avoir le cafard, ou même le bourdon et, pour les plus remontés, d’avoir les abeilles. Or, le scrutin passé, rien ne sert plus de crier haro sur le baudet : comme le disaient nos aïeux avec fatalisme, « faute de grive on mange des merles ». Pourvu que dans l’assiette il n’y ait pas que de la vache enragée !

En 2017, bien qu’elle ne soit pas une bécasse, Le Pen s’est montré bête comme une oie lors du débat d’entre les deux tours de la présidentielle face à Macron. Rusé comme un renard, l’ex-banquier, copain comme cochon avec les gloutons du patronat, les requins de la finance et les vautours des médias, n’a pas eu à forcer le trait face à une tête de linotte qui n’avait de cesse : d’une part, de lui chercher des poux dans la tête de manière incohérente ; d’autre part, de faire le perroquet en ciblant le bouc émissaire étranger, coupable de tous les problèmes de notre pays. On a vu le résultat : à l’aise sur les plateaux comme un poisson dans l’eau, le bébé Rothschild, fier comme un paon, a largement gagné le scrutin.

Assurément, Macron n’a pas une cervelle de moineau. Il est même doté d’une mémoire d’éléphant, à défaut d’un œil de lynx. Malgré tout, ce n’est pas un furet, et a fortiori, ce n’est pas un aigle, bien qu’il soit persuadé du contraire, au point de se voir en Jupiter. Mais bien qu’il soit franc comme un âne qui recule, et qu’il prenne manifestement l’électeur pour un pigeon, Macron a réussi à bien mener sa barque et à se faire réélire en 2022 bien que Le Pen, remontée comme un coucou, ait tenté de lui réserver un chien de sa chienne. Depuis, l’électeur a compris qu’une fois de plus, il a été le dindon de la farce, faute d’avoir pu, ou voulu, puiser dans l’offre du 1er tour pour miser sur le bon cheval.

D’une buse on ne fait pas un épervier 

C’est ainsi que, année après année, chargé comme un mulet par le poids des taxes et des impôts, le peuple n’en finit pas d’avaler des couleuvres. Mais plus question pour lui de verser des larmes de crocodile sur son sort, ni d’être muet comme une carpe, et encore moins de se montrer doux comme un agneau face au néolibéralisme cynique et décomplexé du chef de l’État. Pas plus que de faire l’autruche, ou pour citer un ex-candidat à l’humeur de pitbull, d’avoir des pudeurs de gazelle : il est temps, non de gueuler comme un putois, mais d’agir et de prendre le taureau par les cornes, possiblement en relançant le mouvement des Gilets jaunes dont on vient de rappeler l’émergence il y a 5 ans.

Une chose est sûre : Macron va devoir passer la main en 2027. Dès lors, verra-t-on devenir chef de l’état un perdreau de l’année, un âne bâté, un gros blaireau, une langue de vipère ou un canard boiteux, voire une vieille chouette, un chaud lapin ou une poule mouillée à la sauce hollandaise ? Nul ne le sait. Il est donc inutile de mettre la charrue avant les bœufs en supputant d’ores et déjà – à 4 ans de l’élection ! – les chances des uns et des autres. A fortiori, vendre la peau de l’ours serait irresponsable. Seule certitude : le vainqueur de la prochaine présidentielle ne sera pas un mouton à cinq pattes, les personnalités de grande valeur ayant d’autres chats à fouetter qu’à prétendre à la galère élyséenne.

Puisse-t-on, malgré tout, ne pas s’ennuyer comme un rat mort lors de la prochaine présidentielle, sans pour autant voir un candidat faire le zèbre devant les caméras, tel un Milei franchouillard. Même bavard comme une pie, ou gai comme un pinson, ou bien encore curieux comme une fouine ou myope comme une taupe, l’important sera que, les mois passant, le vainqueur se révèle à la hauteur de la fonction. Autrement dit, qu’il ne soit pas un tigre de papier, ni têtu comme une mule, voire lent comme un escargot dans un monde en rapide mutation. Être un manchot devrait également être rédhibitoire, de même, dans l’optique des futurs tête-à-tête, qu’avoir une haleine de chacal ou sentir le fennec !

Enfin, défions-nous des ambitieux rejetons d’élus qui, dans le passé, ont bafoué leurs engagements. Car, comme disent les Savoyards, « jamais un corbeau n’a fait un canari  » !

Note : Un petit salut à la mémoire de Sébastien Lop qui, au temps de ses candidatures à la présidence, affirmait : « Il faut au char de l’état la roue d’un Lop ». Hélas ! l’homme fut toujours battu, et pas seulement à cause des « antilopes » qui s’opposaient à lui. (cf. Aux urnes, citoyens, votez Duconnaud !)

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