Panot, Fabius, Villeroy de Galhau, France Inter, UE… : avis de tempête anti-démocratique

par Laurent Herblay
samedi 4 mai 2024

Les derniers jours ont été effarants : la présidente du groupe LFI, deuxième parti d’opposition, est convoquée par la police, le rédacteur en Chef du Télégramme dénonce les pressions exercées sur ses journalistes, la directrice de France Inter justifie la censure, puis licencie un journaliste aux mauvaises fréquentations, et les présidents de la Banque de France et du Conseil Constitutionnel se permettent des prises de position très politiques. Sous Macron, l’oligarchie est de plus en plus en roue libre.

 

Quand l’extrême centre refuse toute alternative

Bien sûr, ce vent mauvais n’est pas nouveau. On peut rappeler les manœuvres de Nicolas Sarkozy, qui a violé notre vote de 2005 contre le TCE en faisant ratifier le traité de Lisbonne, puis, en trafiquant les règles de temps de parole dans les médias à sa faveur en vue de la présidentielle de 2012. François Hollande y a apporté sa contribution, en réformant à nouveau les règles de temps de parole, toujours en faveur des candidats des grands partis, mais aussi, comme le rappelle Edwy Plenel, en mettant en place le cadre juridique qui a permis à la police de convoquer Mathilde Panot pour « apologie du terrorisme », restreignant de facto la liberté d’expression. Les grands médias ont été bien complaisants à l’égard de cette incroyable convocation, qui, si elle avait eu lieu en Russie, serait dénoncée jour et nuit… Une nouvelle étape dans l’autoritarisme dont fait preuve le pouvoir en place, qui n’est clairement pas le camp des libertés publiques, comme cela l’est apparu de manière absolument criante lors des Gilets Jaunes.

Il y a quelques jours, Attac a ainsi publié une tribune très largement signée par des personnalités, associations, syndicats ou partis de gauche, dénonçant une « démocratie bâillonnée », les « atteintes à la liberté d’expression et de manifestation » par la répression et l’intimidation. Dans le même temps, le rédacteur en chef du Télégramme dénonçait sur X les cinq auditions en un an de journalistes de ses équipes. Le processus est d’autant plus sournois qu’il repose sur des lois de circonstances, dont la nature illibérale n’avait pas toujours été bien appréhendée. Pire, une dynamique autoritaire semble de plus en plus à l’œuvre de la part de la macronie, prompte à adopter les mesures les plus coercitives, jusqu’à l’absurde bureaucratique lors de la crise sanitaire. Il y a bien un fond autoritaire et illibéral dans cet extrême-centre politique, que les difficultés sondagières et électorales renforcent plutôt que remettent en cause.

D’ailleurs, c’est sans doute ce même fond qui est à l’œuvre sur France Inter, qui dit promouvoir la diversité, sauf du point de vue idéologique évidemment. Sur France 5, la directrice de la station a défendu le choix « de ne pas donner la parole à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique  ». Bien sûr, ce point semble établi, mais quand Sonia Devillers renchérit en disant « qu’on a pris les mêmes précautions pendant le Covid, évidemment  », cela devient bien plus critiquable car tout était beaucoup trop neuf pour prétendre détenir la vérité. Et surtout, plus globalement, le réchauffement climatique est l’arbre un peu trop commode qui cache une forêt de censure bien plus large et beaucoup plus idéologique, de toutes les opinions déviantes au sens de France Inter. C’est ainsi que Jean-François Achilli semble avoir été remercié parce qu’il a échangé avec Bardella sans que les échanges avec des personnalités de gauche ou macroniste semblent poser le moindre problème à la direction de la station…

Ces derniers jours, nous avons également eu droit aux leçons très politique de hauts fonctionnaires qui sont largement sortis du rôle qui devrait être le leur. Le gouverneur de la Banque de France s’est permis de donner sa feuille de route économique, reprenant les recettes austéritaires des années 1970 et 1980, qui ont fait tant de mal aux pays européens depuis des décennies, alors qu’il devrait se contenter de gérer les sujets purement monétaires. De même, Laurent Fabius, président du Conseil Constitutionnel, s’est permis de se positionner en rempart contre le RN, discours révoltant alors qu’il est si complaisant avec le pouvoir, dont il a validé les incohérences sur la crise sanitaire, ou dont il a appliqué les souhaits en censurantla loi immigration. Arnaud Montebourg avait bien raison de critiquer le rôle du Conseil d’Etat dans l’affaiblissement du pays, soulignant le rôle de plus en plus toxique de ces institutions.

Pour couronner le tout, Macron et l’UE semblent vouloir réaliser une nouvelle avancée institutionnelle. Bien sûr, il ne faut pas se faire d’illusion sur les changements institutionnels possibles : toute fiscalité sur les plus riches ou passage à une majorité qualifiée pour la fiscalité sont de doux rêves entretenus par la gauche que le veto institutionnel de parasites fiscaux notoires (3 des 5 premiers sont dans l’UE selon Gabriel Zucman) bloque à jamais. Mais dans certains domaines (défense, diplomatie…), des changements pourraient être décidés, notamment dans des domaines défavorables à la France, étant donné que nos élites sont toujours prêtes à solder notre souveraineté sur l’autel du veau d’or européen. La macronie semble même prête à intégrer notre dissuasion nucléaire dans le pot commun européen ! Il faut noter que des personnalités de tout bord ont pris position pour un référendum en cas de nouveau texte.

Plus globalement, ce qui est frappant, c’est à quel point l’intolérance de l’extrême centre se manifeste de plus en plus ouvertement. Entre des technocrates qui dictent toujours la même ligne politique, pourtant en échec depuis des décennies, sortant de leur mandat, des grands médias toujours plus hermétiques à toute pensée contestataire et des politiques qui font reculer les libertés publiques, une réaction s’impose.


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