La pensée magique au cœur du totalitarisme de gauche

par Christian Vanneste
jeudi 19 mai 2011

Un colloque sur la liberté d'expression, organisé par le Cercle des Avocats libres, s'est tenu début mai. Il a réuni Philippe Bilger, Robert Ménard, Yves-Marie Laulan, Me Trémolet de Villers et Christian Vanneste.

Jadis, la raison et le progrès étaient à gauche, l’irrationnel et la nostalgie à droite. Cela n’est plus vrai depuis longtemps. C’est même aujourd’hui tout le contraire.

J’ai participé la semaine dernière à un débat autour de la liberté d’expression avec Philippe Bilger, Yves-Marie Laulan, Robert Ménard et Jacques Trémolet de Villers, organisé par le Cercle des Avocats libres, immédiatement étiqueté de « Droite xénophobe » (cf article de Politis). Cette condamnation ad hominem a justement ému Philippe Bilger (cf sa note sur son blog au lendemain de la réunion), qui refuse de se laisser enfermer dans un ghetto.

Cette crainte est légitime. Mais quelle en est la source ? Elle se trouve dans la sourde oppression que la pensée magique de gauche impose à l’opinion publique française. On y retrouve les procédés dont on pensait bien naïvement que l’esprit de progrès allait nous délivrer.

D’abord, cette notion du tabou qui caractérise des choses, des idées et des personnes sacrées ou intouchables entre lesquelles se dressent des frontières aussi invisibles qu’infranchissables.

C’est ainsi que François Mitterrand est divinisé et ses erreurs niées. C’est encore ainsi que DSK est essentialisé dans une personnalité incapable de violence, et à l’égard de laquelle il faut manifester « décence et retenue ». Ces termes ne manquent pas de sel, vu l’objet de l’inculpation, et le retour d’une affaire vieille de huit ans et enterrée dans l’intimité socialiste. Éric Woerth, lui, n’avait pourtant pas bénéficié de la présomption d’innocence. Quant à votre serviteur, il continue à se voir injurier comme homophobe, alors que la justice a tranché en sa faveur. Bref, on ne peut approcher certaines personnes, mettre en doute ou même évoquer certaines idées, sans subir l’anathème. Le mot « race » devrait être interdit, l’homosexualité traitée avec la vénération qui convient, et la liberté d’expression demeurer le privilège de la bien-pensance post soixante-huitarde. Dans une saine réaction, Robert Ménard ose la provocation du « Vive Le Pen » et se trouve immédiatement ostracisé, sans que l’on s’attarde sur une démarche voltairienne, ironique, sacrilège, profanatrice aux yeux des nouveaux dévots, mais à l’évidence éloignée de toute adhésion.

Ensuite, cette autre notion du MANA, elle aussi parcourt insidieusement l’orthodoxie gauchiste. Une crainte et une dénonciation s’y développent d’une manière obsessionnelle : celle de la contamination. Il ne s’agit plus ici de frontières invisibles, mais au contraire de transgression diffuse, d’épidémies mentales. On parlera par exemple de « lepenisation des esprits » dès lors qu’un conservateur classique et fidèle à ses idées tient un discours en faveur de la sécurité ou de l’identité nationale. Le modèle écologique des lettres qui tuent par émanation, les OGM se transpose à l’ensemble du débat politique. La droite recule terrifiée devant les ADN qui pourraient justifier le lien de parenté d’un immigré. Les idées sulfureuses sont repérées à leurs odeurs nauséabondes qui se répandent au point que selon Philippe Sollers, la France sente le moisi. « On ne désarme l’erreur qu’en la réfutant  », disait Benjamin Constant. Pourtant la thérapeutique utilisée contre une telle propagation ne réside bien sûr pas dans la réfutation rationnelle. Les inquisiteurs d’aujourd’hui préfèrent brûler médiatiquement ceux qui les profèrent. Mais une erreur que l’on condamne au silence, fut-elle choquante comme le négationnisme, a plus de chance de prospérer que celle que l’on abandonne au jugement du bon sens.


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