Elisabeth Borne - Le Pen et Mélenchon : « la même ambiguïté vis-à-vis de Vladimir Poutine »

par gruni
lundi 29 mai 2023

Dans un entretien sur Radio J diffusé ce dimanche, la première ministre interrogée par Frédéric Haziza n'y a pas été de main morte avec l'opposition politique des extrêmes de gauche comme de droite. Elisabeth Borne, sans surprise, a considéré l'idéologie du parti de Marine Le Pen comme "fondamentalement dangereuse". Sans pour autant épargner le parti de Mélenchon qui "fait aussi le jeu de l'extrême droite". D'autres sujets ont été abordés dans cet interview, comme vous pourrez le constater si vous décidez de lire la vidéo ci-dessous.

Certes, ce que pense la macronie du RN et de LFI ne surprendra personne. Petits détails non négligeables, ces deux partis politiques sont ensemble les représentants d'un pourcentage considérable de l'électorat. Disons-le franchement, nombreux sont les Français à penser comme l'une ou l'autre de ces organisations politiques. Une simple addition des résultats du parti lepeniste et mélenchoniste au premier tour de la présidentielle donnerait un score de plus de 45% des suffrages exprimés. Pourquoi en parler, puisque de toute façon ces deux là ne feront jamais un programme commun ? Or, il se trouve que jusqu'à maintenant, n'était-ce qu'une illusion, les macronistes avaient plutôt ménagés les électeurs de LFI. Parce que voyez-vous, ces gens qui nous gouvernent savent aussi calculer, et que chaque voix compte au deuxième tour de l'élection du président de la République. Elisabeth Borne va-t-elle encore se faire gronder par le chef de l'État, cette fois sortant pour de bon dans 4 ans ?

Entre parenthèses au sujet de Mélenchon, il semble que celui qui disait il y a peu : « François est prêt. En avant ! » (le baiser de Judas) rechigne à son grand remplacement pour 2027. En attendant, Ruffin vient de faire un appel aux dons pour se préparer un avenir. Quant à la démocratie interne du parti, un observateur non partisan dirait qu'il y a de l'eau dans le gaz avec les frondeurs !

Revenons à quelques extraits de l'intervention de Mme Borne, qui considère le RN comme "héritier de Pétain" dont elle estime la victoire possible en 2027. Sur Madame Le Pen : "Je n'ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer ce qu'ont pu être les positions historiques de son parti et je pense qu'un changement de nom ne change pas les idées, les racines" Quant à LFI, selon elle, en plus de faire le jeu du RN, le parti de Mélenchon aurait une part de responsabilité dans "la montée de la violence". 

Concernant Poutine -

La première ministre à l'avenir incertain, dénonce "une proximité évidente" entre le RN de Le Pen et Vladimir Poutine. [Dont l'avenir fait aussi l'objet de nombreuses spéculations]. Elisabeth Borne rajoutera "Si elle veut réécrire l'histoire, on n'est pas obligé de tomber dans ce panneau. Cette proximité existe et ne s'efface pas".

Et de poursuivre : "il y a effectivement des voix minoritaires aux deux extrêmes, qui sont très ambiguës, qui sans doute n'osent pas afficher publiquement leurs positions, mais qui ne prennent pas non plus la condamnation qu'on peut attendre face à une agression de la Russie sur l'Ukraine".

Pour ensuite mettre dos à dos Mélenchon et Le Pen : "Je pense qu'il y a la même ambiguïté vis-à-vis de Vladimir Poutine, et la même connivence qui continue à exister vis-à-vis de lui".

Cependant, Mme Borne ne met "pas de signe égal" entre le RN et LFI. "Je dis que le plus dangereux, que l'idéologie qui est fondamentalement dangereuse, c'est celle de l'extrême droite. Mais je vois que le comportement de LFI qui veut finalement déstabiliser notre pays, qui s'en prend à nos institutions, fait aussi le jeu de l'extrême droite".

Sur "beaucoup de facteurs qui expliquent la montée de la violence", "Jean-Luc Mélenchon a sa part de responsabilité, quand on le voit hurler devant des policiers "la République c'est moi', quand on l'entend effectivement vouloir casser, abattre la "mauvaise République", tenir des propos outranciers en permanence", et qu'en plus les députés LFI "ne jouent pas le jeu du débat démocratique à l'Assemblée nationale"...

Certes, Elisabeth Borne a la dent dur contre ceux qui seront encore pour un bout de temps ses principaux opposants. Le RN et LFI ne sont pas tendres non plus avec le gouvernement et Emmanuel Macron. Madame Borne serait plutôt incendiaire que pompier, n'y a-t-il pas confusion entre apaisement et confrontation. Les sympathisants des deux partis jugeront. 4 ans encore à se mordre, se déchirer, s'invectiver, se mépriser, après les derniers feux sur la réforme des retraites viendra à l'automne le temps de la loi sur l'immigration. Où sera Madame Borne n'est pas vraiment la principale préoccupation des Français.

Photo - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

 


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