« Si c’est ça la démocratie, vous croyez que les gens vont y être attachés ? »

par Jean-Luc Picard-Bachelerie
lundi 5 juin 2023

François Ruffin a lâché cette phrase au lendemain du coup de force de l’exécutif soutenu par la droite LR qui a eu pour conséquence d’écarter l’article 1er du projet de loi porté par le groupe LIOT qui consistait à annuler le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

Macron nous donne à voir un spectacle de désolation de la démocratie. Tout y passe désormais. Il ne recule devant aucune bassesse, aucune magouille, aucune combine pour parvenir à ses fins néolibérales, mépriser toutes les oppositions, et servir son goût pour l’autocratie. À tel point qu’on ne sait même plus à quoi lui servent ses ministres.

Cette chronique tente de décrire la démocratie selon Macron ; de lister quelques-uns de ses méfaits et de se questionner, comme cela fut fait lors de la crise des Gilets jaunes, sur la nature dictatoriale de son régime politique ; revoir ou découvrir quelques principes de base d’une saine démocratie à travers ses valeurs de liberté, égalité, fraternité, histoire de reprendre nos marques ; de réfléchir sur la stratégie à suivre pour que les revendications sociales, écologiques et démocratiques aboutissent enfin. Afin de parer à toute naïveté, Darmanin prétend être moins mou que Marine Le Pen : alors imaginons ce que pourrait être le pire en regardant déjà ce que le RN propose. Pour qu’à la fin, nous sachions quoi faire pour ne pas boire le poison de la macronie jusqu’à la lie ?

La démocratie selon Macron

Ce qu’il s’est passé lors de cette commission sociale prouve que l’exécutif n’a jamais voulu qu’un vote ait lieu sur l’âge de départ. Le 49.3 était écrit depuis le début et les stratégies de la NUPES lors de la discussion à l’Assemblée n’ont fait que fournir à la macronie toutes les excuses pour limiter les temps du débat. Grâce à cela, Élisabeth Borne s’est retrouvée, en quelque sorte, contrainte à recourir à l’article par lequel les représentants du peuple sont empêchés de s’exprimer en son nom. Et depuis, Macron et sa bande ne jurent que par la démocratie et le respect de la constitution et des institutions.

On peut désormais affirmer que la définition que Macron fait de la démocratie se limite au respect de la forme légale de la constitution et des institutions. La démocratie ne serait qu’une question de forme et non d’esprit. Partant de là, il suffirait d’une énième modification constitutionnelle qui renforce l’exécutif, voire le pouvoir du président, pour continuer à parler de démocratie alors même qu’on verserait assurément dans un autre régime encore moins démocratique. Macron a inventé le concept de la démocratie excluante du peuple et de ses représentants. Mais ce serait toujours de la démocratie selon lui, de la démocratie libérale, bien entendu.

Le premier des combats est désormais celui pour la démocratie et la convocation d’une constituante. En effet, la constitution actuelle, telle qu’elle est rédigée, permet à un président de se transformer en autocrate sans que les contre-pouvoirs soient capables de l’en empêcher.

On fait de la liberté, le but ultime de la démocratie libérale alors qu’elle est là pour rendre meilleur les conditions du vivre ensemble. Mais, si la démocratie n’était pas libérale, serait-elle liberticide pour autant ? Et peut-on dire que la démocratie selon Macron serait une démocratie de liberté ?

Les méfaits de Macron et la nature de son régime

Citons une fois de plus les méfaits du régime de la macronie. Régression sociale, régression des services publics, violences policières durant les manifestations, plusieurs ministres en charge poursuivis par la Justice, évictions des députés de la macronie qui s’opposent aux décisions jupitériennes, mensonges, mépris, négociations syndicales qui s’en tiennent à « c’est ça ou rien » ou, mieux encore, « c’est non négociable », multiplication du recours aux articles constitutionnels autoritaires (49,3, 44,2, 44,3, 47,1, 40) qui limitent les débats ou les accélèrent, interdisent aux représentants de la Nation d’exprimer leur vote, ou raccourcissent les délais d’examen des lois au Parlement, ou décident de l’inconstitutionnalité d’une loi sans passer par le Conseil constitutionnel, inégalité des taux d’imposition entre riches et classes moyennes bien entendu en faveur des riches, vol de nos salaires socialisés par des exemptions de plus en plus généralisées des cotisations patronales, corps intermédiaires relégués dans l’arrière-cour, recherche systématique de la division entre Français à coups de vexations, d’injonctions morales, de bannissement, traficotage des chiffres du chômage et ostracisation d’une partie de la population qui n’apparaît plus dans aucune statistique, jobs à la con, précarité élevée à une condition normale de la vie pour répondre aux besoins des marchés, casse du système de santé, casse de l’Éducation nationale, développement des inégalités à l’école systématisé par Parcours sup, cadeaux aux entreprises sans contrepartie, focalisation sur la fraude aux prestations sociales des plus pauvres et laxisme sur la fraude aux cotisations patronales et la fraude fiscale des plus riches, seul pays de l’UE à refuser la création d’une banque pour le climat en refusant la taxe de 0,1 % sur les transactions financières qui, elles, sont exonérées de TVA, conditions d’accueil des réfugiés (sauf Ukrainiens) ne respectant par la déclaration des Droits de l’homme, augmentation de la pauvreté, travailleurs qui ne mangent pas tous les jours et refus de l’augmentation du Smic, etc., etc., etc. Chacun, par sa sagacité, saura ajouter encore à cette liste.

Rappelons-nous de cette affirmation de Macron : « « Une dictature, c'est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c'est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c'est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l'autre, l'interdiction de la violence, la haine à combattre. » Mais si nous imaginons que notre système électoral ressemble de plus en plus à « un euro = une voix » et de moins en moins à « un citoyen = une voix » ; que malgré des présidents qui changent, nous avons depuis 1983 toujours la même politique néolibérale avec une très nette accentuation de celle de Macron. Comme si nous avions toujours le même président ! La dictature suppose la haine, mais le mépris n’est-il pas une forme de violence, les régressions sociales et institutionnelles ne sont-elles pas des formes de violence ? Si la dictature suppose la violence pour en sortir, nous voyons que Macron pourrit les manifestations par son mépris du nombre et de la durée, ce qui n’a pour conséquence que la violence, celles de la police étant dénoncées partout dans le monde. Que faut-il encore citer pour ne pas voir que l'irrespect du peuple, la violence et la haine sont omniprésents dans le régime que nous inflige Macron ? Si la dictature n’est pas tout à fait là, il y a une volonté de non-démocratisation de la constitution et une forme de fascisation de plus en plus présente dans le pays.

« Si c’est ça la démocratie, vous croyez que les gens vont y être attachés ? »

Quelques principes de base d’une saine démocratie à travers ses valeurs de liberté, égalité, fraternité

Alors, il est temps de nettoyer cette démocratie existante en redonnant ici quelques principes de base. Une question s’impose face à cette affirmation selon laquelle la liberté serait la première valeur de la démocratie libérale ou de la démocratie tout court : lorsque cette démocratie crée des inégalités, comment peut-on croire que ceux qui en pâtissent soient vraiment libres ? Est-ce qu’un travailleur qui n’a pas de quoi se loger ou qui ne peut manger tous les jours est libre face à celui qui ne connaît même pas le montant de sa fortune tellement elle est importante ? Sa vie n’est faite que de contraintes auxquelles il faut remédier au jour le jour. Alors, l’égalité ne serait-elle pas la première des valeurs par laquelle on peut se sentir libre ? Réponse immédiate tant elle est logique : cela suppose une juste répartition de la richesse ! En démocratie, cela doit être un droit et non le résultat d’une compétition, car, par définition, les chances de départ ne sont pas les mêmes pour tous. Est-il besoin de le démontrer ?

L’égalité des droits serait donc la première des valeurs de la démocratie. En premier lieu, en démocratie, cette égalité se traduit par le droit de pouvoir participer à la délibération et donc à la décision politique. La liberté, si elle est le but ultime de la démocratie, dépend de cette égalité des droits. En cela, la liberté n’est pas celle de faire ce qu’on veut, quand on veut, comme d’avoir la liberté de ne pas contribuer à la juste répartition de la richesse. Revendiquer sa liberté, c’est d’abord s’assurer que ma liberté ne prive pas l’autre d’une part de sa liberté. C’est une maxime du citoyen démocrate.

Pour que l’égalité des droits soit effective, cela suppose l’existence d’institutions qui permettent à chacun de vivre décemment et des contrôles sous la forme de contre-pouvoirs, à commencer par celui de tout citoyen d’accéder aux processus de décision.

Cependant, la démocratie n’est pas qu’institutionnelle. Elle est aussi vécue dans le quotidien de la population et pas seulement à travers les institutions. Il y a la forme, les institutions, et l’esprit, le vécu des gens. Or, se contenter de respecter la forme, cela donne ce que produit Macron en se contentant de respecter la constitution et les institutions sans respecter le peuple. Et c’est le vécu de la population que la démocratie doit rendre vivable, c’est-à-dire, faire que le vivre-ensemble soit le moins désagréable possible et, pourquoi pas, plaisant, attrayant et enrichissant humainement parlant. Ce qui veut dire que lorsqu’un problème important surgit, il ne peut pas être réglé uniquement par le biais de la légalité des institutions, mais en prenant en compte le vécu des gens et en faisant intervenir le peuple souverain. Si cette condition n’est pas remplie, la démocratie se transforme dès lors en un despotisme institutionnel, car les institutions ne vivent pas, elles sont froides. C’est pour cela qu’en démocratie, la justice ne se contente pas de suivre les textes, mais tient compte de la parole des accusés et des circonstances atténuantes. En démocratie, les peines automatiques n’existent pas.

En démocratie, la liberté n’est pas seulement un droit, mais également un devoir : celui d’être un citoyen engagé dans l’organisation du pays. Si le citoyen possède une part de la souveraineté du peuple, cela veut dire que le citoyen ne peut décider seul pour les autres. Il doit débattre et accepter le principe du consensus, procédure qui consiste à trouver un accord en tenant compte des avis de tous. C’est pour cela qu’un régime démocratique doit faire en sorte que les citoyens soient dans un dialogue permanent à tous les niveaux de la Nation en tous points du territoire et en faciliter la restitution dans la procédure du consensus. Cela se traduit par la mise en place d’instruments de la démocratie directe afin qu’elle ne soit pas la dictature de la majorité.

Ainsi, la liberté est contrainte par trois devoirs : le respect des libertés fondamentales de chacun ; le respect des communs, et la solidarité, celle qui demande à chaque citoyen d’aider son concitoyen dans son quotidien à vivre aussi correctement que lui. C’est pourquoi l’égalité dans la forme institutionnelle puise son esprit dans le vécu de la solidarité et non dans l’individualisme, concurrentiel par définition.

L’égalité dépendrait donc de la solidarité. Cela voudrait dire qu’en démocratie, la solidarité est la première des valeurs qui permet l’égalité qui permet la liberté. J’oppose donc à la démocratie libérale, la démocratie solidaire.

Poser la démocratie ainsi, c’est poser la relation sociale comme condition pour que la démocratie soit effective. Or, participer à la délibération, n’est-ce pas de l’interaction sociale ? Soutenir celui ou celle qui est dans le besoin, n’est-ce pas du lien social ?

Revenons rapidement à Macron : reconnaît-on le régime macroniste dans cette description ?

De la stratégie à suivre pour que les revendications sociales, écologiques et démocratiques aboutissent enfin

Depuis six mois, une intersyndicale improbable a su entraîner un mouvement revendicatif autour du projet de réforme des retraites et maintenant tente de le soutenir pour parvenir à annuler la réforme que Macron a imposé à une large majorité d’opposants représentant 9 travailleurs sur 10 et les trois quarts des Français. Mais, on l’a vu, Macron et sa bande ne reculent devant aucun stratagème pour maintenir une loi qui aurait pu trouver d’autres solutions pour régler les déficits annoncés, est-il utile de le rappeler aussi ? Alors, le combat doit nécessairement changer d’objectif étant donné que toutes les conditions normales d’une démocratie normale ne sont pas réunies pour que les revendications aboutissent.

L’objectif doit être désormais de faire en sorte que Macron quitte le pouvoir. Le blocage du pays est donc la seule voie de salut si nous voulons éviter toutes violences qui appelleront une répression gravissime devant laquelle, soyons-en certains, Macron ne reculera pas.

L’intersyndicale est-elle prête à cela ?

Certains membres de la gauche ont peur de l’éventualité d’un départ précipité de Macron parce que l’extrême droite est très forte actuellement et profite du travail d’opposition de la gauche pour tirer les marrons du feu sans rien faire. Du reste, pourquoi ferait-elle quelque chose puisqu’elle tire bénéfice de la stratégie de la gauche et qu’elle n’est en rien opposée à cette réforme néolibérale, même si elle tente de nous faire croire du contraire ? La revendication de l’âge de départ à 60 ans, reste tellement conditionné qu’elle ne profiterait à presque personne. C’est juste histoire de dire pour que les esprits non éveillés y croient et votent pour elle.

Le problème est qu’avec Macron, la fascisation avance à grands pas, car l’objectif est d’installer au pouvoir Darmanin qui se prétend moins mou que Marine Le Pen. Je ne vois pas en quoi la gauche serait plus forte lorsqu’elle aura laissé Macron saccager le peu qu’il reste à bousiller de notre République sociale. Quant à penser à Édouard Philippe, c’est penser au double de Macron.

Si Darmanin reproche à MLP « d’être un peu molle », voyons voir ce que cela pourrait donner en regardant de près les positions que le RN défend. Cela nous donnera l’image d’un pire que ça, qu’un moins mou que cela.

Darmanin moins mou que Marine Le Pen : alors, imaginons pire que le RN

Je reprends ici un large extrait d’un article de Jacques Cotta publié dans La Sociale.

« Sur le pouvoir d’achat, il s’oppose à l’augmentation du SMIC, propose la baisse des cotisations sociales - c’est-à-dire la baisse du salaire différé, socialisé, vieux rêve des capitalistes - et l’encouragement à verser des primes au mérite, c’est-à-dire à la tête du client, objet de division du monde du travail…

Sur le chômage, Marine Le Pen se veut virulente : « Je suis opposée à la philosophie qui est la vôtre – dit-elle aux macronistes – vis-à-vis de l’indemnisation du chômage. Elle consiste à considérer que si les gens sont au chômage c’est en gros de leur faute… »

Le discours de Marine Le Pen est de prime abord un discours syndical de base des plus respectables. De prime abord seulement, car en même temps, elle propose d’amender la loi en disant : « si on vous propose un CDI à l’issue d’un CDD et que vous le refusez, vous êtes considéré comme démissionnaire, comme ayant choisi une démission qui ne vous ouvre pas droit aux allocations chômage. » Bref, si vous refusez de pérenniser votre embauche dans un boulot insupportable, un « boulot de forçat » ou encore « un boulot de merde » comme on dit communément, et bien fini le chômage….

D’autres exemples plus récents illustrent bien la nature du Rassemblement national.

Dans les raffineries, Marine le Pen soutient, dit-elle, les revendications, mais condamne les grèves et approuve les réquisitions des salariés.

Le Rassemblement national est ainsi partisan de l’ordre, l’ordre social, contre toute manifestation qui remet en cause la propriété privée et sur le fond les privilèges des fortunés, en l’occurrence des pétroliers.

Les exemples sont multiples et vont tous dans le même sens. Le site « Le média » en a fait un inventaire exhaustif.

Au parlement européen par exemple,

Le Rassemblement National vote contre la loi destinée à tenir pour responsables les multinationales en cas de violation de droits humains ou dommages environnementaux…

Les multinationales peuvent être reconnaissantes !

Concernant la levée de brevets sur les vaccins, le Rassemblement National vote également contre. La propriété intellectuelle de big Pharma dénoncée par les Gilets jaunes hier est bien protégée…

Là ce sont les grandes firmes pharmaceutiques qui peuvent être reconnaissantes.

Sur la défense des travailleurs ubérisés pour qu’ils bénéficient des mêmes protections sociales que les travailleurs sous contrat de travail, ils s’abstiennent…

Monsieur Uber est très reconnaissant…

Bref, pas besoin de diaboliser le rassemblement national en évoquant le fascisme pour ne pas adopter sa politique. Il est un parti de défense des capitalistes, comme l’est Renaissance de Macron et quelques autres.

La seule différence entre Macron et Le Pen réside dans la reconnaissance que porte le système, la 5e république, à l’un plus qu’à l’autre. Mais pour la politique, l’un et l’autre sont synonymes de défense des intérêts capitalistes contre les ouvriers et salariés…

On voit bien que la qualification de fascisme du Rassemblement National n’a pour seul objet et seul effet que la réélection de Macron, ou de tout autre candidat des capitalistes jugé respectable et fréquentable. Cela d’ailleurs au détriment d’une appréciation exacte de la politique de ces candidats, qui rappelle la formule de Pier Paolo Pasolini,« le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme ». (In lettres luthériennes 1976) »

Voilà, à titre d’exemples quelques-uns des positionnements du RN. Rappelons toutefois (grosse lacune de Jacques Cotta), que le RN, héritière du FN et lointain descendant du pétainisme, prône une politique antiimmigration basée sur la xénophobie et le rejet de l’étranger accusé de toutes les plaies dont souffre notre pays. Depuis peu, il s’occupe d’écologie (quand le RN veut démanteler toutes les éoliennes s’il arrive au pouvoir). Pourquoi ? Parce que la catastrophe demande qu’on prenne des décisions draconiennes qui permettront au RN d’installer le fascisme écologique qu’il dénonce lorsqu’il parle des vrais écologistes, parce que c’est la nature d’un parti d’extrême droite que d’imposer comme d’autres profitent du terrorisme pour instaurer des lois liberticides, ou de la dette pour imposer la précarité ou la casse des services publics.

Juste un trait d'esprit : comment croire que le RN serait pour la biodiversité quand il rejette la biodiversité humaine ? Où comment croire que le RN pleure les baleines lorsqu'il se fout pas mal du migrant qui se noie ?

Darmanin nous promet donc moins mou que cela.

Et maintenant, que faire pour ne pas boire le poison de la macronie jusqu’à la lie ?

Disons-le clairement, le problème c’est Macron. Sans lui, son système s’écroule et ses sbires disparaissent dans les latrines de l’Histoire.

Gramsci disait deux choses : d’une part, conquérir le pouvoir ; d’autre part en faisant en sorte que les intellectuels proposent des théories et des valeurs qui donnent envie, qui rassemblent et qui donnent la foi en un monde meilleur possible. Et cela, en les diffusant au sein de la société non seulement par les réseaux médiatiques, mais aussi par la démocratisation des esprits à travers des actions revendicatives et d’éducation populaire afin de préparer l’après. Par exemple, chercher le consensus pour savoir débattre et prendre part à la délibération demande un entraînement et une pratique assidue.

Cela veut dire que la conquête du pouvoir demande actuellement un renforcement de l’unité de la gauche par les partis politiques. Il est impossible que les partis à moins de 10 % des voix continuent à faire le buzz au détriment de cette unité. Les intellectuels de chacun des partis doivent élaborer ensemble des théories et des valeurs débarrassées de toute stratégie politicienne. Et le candidat unique doit être choisi par les citoyens.

Pour les abstentionnistes, notamment les plus désespérés d’entre eux qui se disent que tout est foutu, que tout va s’effondrer et qu’il est inutile de se battre, il faut qu’ils sachent que l’effondrement a commencé et que, pour autant, les systèmes s’adaptent. Nous n’allons pas nous retrouver dans Mad-Max, car si cela est envisageable dans des contrées totalement inhabitables, la France par son climat océanique sera vivable encore pour longtemps même s’il y fera très chaud. Alors, ne rien faire en l’état actuel des choses, c’est laisser faire l’inaction écologique, laisser perdurer les inégalités, laisser casser tout le système de solidarité qui serait le système indispensable en cas d’effondrement violent. En effet, si effondrement brutal il y a, c’est la solidarité qui permettra aux gens de s’en sortir. Et la bâtir entre copains, c’est bien, mais la bâtir en société c’est mieux et tout le monde doit y contribuer.

Attendre les prochaines élections pour que la gauche prenne le pouvoir, c’est être certain que la fascisation aura empoisonné davantage les esprits et beaucoup d’entre nous seront prêts à voter Darmanin, Philippe ou Le Pen. Les J.O. sont en ligne de mire. Soyons persuadés que pour Macron c’est une opportunité à saisir pour casser davantage le pays, mettre en place la surveillance renforcée, et accentuer les inégalités. Il fonctionne comme ça ! Mais nous y pouvons quelque chose. Alors est-ce bien raisonnable d’attendre 2027 ? Évidemment non.

Le combat pour contraindre Macron au départ, c’est donc maintenant !

 


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