Histoire de la petite reine

par C’est Nabum
vendredi 23 août 2024

Tant que la roue tourne…

Il advint cette fois-là qu'un certain Baron allemand, las de monter sur ses grands chevaux, voulut battre la campagne en laissant ses canassons à l'écurie. L'homme réfléchit longuement à la question, se creusant une cervelle qui était pleine de ressources. C'est en voyant son palefrenier pousser une brouette qu'il eut la révélation qui allait bouleverser l'histoire de la mobilité humaine.

Puisque la roue tourne, monsieur Drais se dit qu'il y avait là sûrement moyen pour qu'elle emporte un cavalier sans monture. N'ayant pas l'âme d'un acrobate et désirant conserver une selle, notre inventeur doubla la mise en équipant son engin de deux roues, placées l'une derrière l'autre. La draisienne allait naître sur un cadre en bois. L'histoire ne dit pas s'il celui-ci fut noir.

Le baron en bon aristocrate qu'il était, conserva ses bottes de cuir qu'il ferra par analogie à la plus belle conquête de l'humanité. Ainsi paré, il pouvait tailler la route en faisant des étincelles par une marche augmentée par l'apport des roues. La vélocité du bonhomme, sa vitesse en somme lui fit nommer son invention le vélocipède, puisque les pieds étaient de la partie.

Un forgeron écossais passant au cadre métallique par déformation professionnelle, songea en regardant le soufflet de sa forge que deux leviers actionnés par les pieds constitueraient un système qui pouvait transmettre le mouvement à la roue arrière. Le sieur MacMillan sans l'intervention de Rémo venait de mettre le pied dans l'engrenage qui allait mettre la bicyclette sur de bons rails. Les va-et-vient des petons ressemblaient plus aux mouvements des tisserands que des forçats de la route mais l'idée allait faire son chemin.

C'est en France, cocorico que Pierre Michaux et son fils Ernest donnèrent naissance au mouvement rotatif pour aller de l'avant grâce à deux manivelles à pédale qu'ils fixèrent sur le moyeu de la roue avant. Nous approchions ainsi de l'idée que nous nous faisions jadis du vélo avant que l'électricité vienne parfois abolir le pédalier. Pour assurer une vitesse de déplacement compatible avec la rotation des pieds, il leur fallut agrandir le diamètre de la roue avant. L'esthétique était discutable tandis que le cycliste prenait de la hauteur.

Pour aller toujours plus vite, on accrut progressivement la taille de la roue avant jusqu'à donner naissance au fameux grand bi qui ne fit pas l'économie du confort en munissant ses roues de caoutchouc dur. Guidon et selle s'orientent progressivement vers des formes qui ne nous sont pas inconnues. Le succès est tel que ces engins sont fabriqués à la chaîne sans pour autant mettre la puce à l'oreille pour l'instant aux fabricants.

Dix années suffirent cependant pour que des chercheurs aux dents longues donnent naissance à la transmission du pédalier vers la roue arrière. Cette fois, les fabricants n'avaient plus qu'à faire preuve d'inventivité pour améliorer les détails, ajouter du confort et de la performance à la bicyclette qui devint rapidement la petite reine pour aller sur les chemins avec Paulette.

Le roulement à billes facilita la rotation, la roue libre libéra le cycliste de l'obligation de toujours pédaler, pouvant se laisser aller dans les descentes. L'invention du dérailleur que l'on doit à Paul de Vivie permit d'apporter sur un plateau la possibilité d'adapter les pignons à la configuration de la route. Le vélo prenait ainsi son essor. Rien ne pouvait mettre un frein à son formidable développement même s'il fallut songer à l'équiper de quoi freiner quelques ardeurs par des systèmes plus au moins audacieux allant du frottement au rétropédalage, du disque à la mâchoire.

Des pionniers audacieux désirèrent briser leurs chaînes pour se passer des maillons et assurer le mouvement par un arbre de transmission. Le mouvement du pédalier met en action le pignon arrière par deux jeux de pignons d'angle, protégés sous des carters en alliage de cuivre. Ce type de transmission, fut nommé Acatène. Bien que plus solide que la chaîne, la transmission par arbre n'a pas eu le succès espéré.

Ce système devint l'Arcatène avec les cycles Helyett dont le musée installé à Sully-sur-Loire porte ce nom.


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