Lavez votre eau sale ailleurs !

par tyler
jeudi 4 mai 2006

La station d’assainissement d’Achères doit faire face au mécontentement de riverains écologistes...

Dans les années 1970, la Seine était malade, gangrenée par la pollution. Pour remédier à ce problème, des stations d’assainissement des eaux usées ont été créées. Si, au début du siècle, on pouvait s’y baigner, ce n’est pas encore tout à fait le cas à l’heure actuelle, car elle reste convalescente.

La station d’assainissement créée en 1970 par le SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne) est l’une de ces usines appelées au chevet de la grande malade. Elle n’a cessé de s’agrandir au fil des années pour devenir la plus importante du monde après celle de Chicago. Située à Achères, en Région parisienne, elle récupère les eaux d’égoût d’une partie de l’Ile-de-France. L’eau sale circule à travers la station. Au gré de son voyage, elle suit un traitement de propreté intensif. Le principe d’assainissement repose en grande partie sur le biologique : pour simplifier, de petites bactéries dévorent les éléments polluants. En fin de parcours, l’eau, redevenue quasiment propre, est relâchée dans la Seine (mais elle n’est toujours pas potable) pour ensuite finir son voyage vers l’Océan.

Contrairement aux stations d’assainissement utilisant des produits chimiques, le SIAAP procède de manière biologique, comme indiqué plus haut. Ce processus nécessite de la place, d’où l’importance du site. De plus, les restes de la pollution fluviale sont récoltés sous forme de boue nauséabonde. Le bruit et les odeurs, c’en était trop pour les riverains qui, sous la bannière de l’écologie, décidèrent de passer à l’action. Depuis, les manifestations sont devenues une habitude à laquelle le SIAAP doit faire face. On peut aisément admettre le mécontentement des gens. Pourtant, lors de leur arrivée sur les lieux, ils savaient à quoi s’attendre, la station n’ayant jamais été une parfumerie. Mais le combat écologique prend du plomb dans l’aile lorsqu’on comprend que les motivations de certains riverains sont en partie économiques. En effet, le prix de vente d’un pavillon subit une baisse conséquente à cause de la proximité de la station d’assainissement. Ainsi, le démantèlement de cette dernière se ferait au bénéfice des propriétaires.

"Allez laver votre eau sale ailleurs", pourrait-on dire. Pourtant cette eau, c’est la leur, c’est la vôtre, c’est la mienne. Nous polluons tous, chacun à son échelle (voitures, produits ménagers, engrais chimiques...). Une usine comme celle du SIAAP traite 2 millions de mètres cubes d’eau par jour. Le bilan est-il si négatif ? Peut-être pas, car les spécialistes affirment que d’ici quelques années, nos enfants pourront peut-être se baigner à nouveau dans la Seine.


Lire l'article complet, et les commentaires