Répression du climatoscepticisme dans les médias : un cas d’école

par NICOPOL
vendredi 28 juillet 2023

Accuser un "climatosceptique" de "désinformation" est une attaque désormais banale, au même titre que le ‘‘complotisme’’ ou la ‘‘haine’’. Elle part du principe que la thèse d'une "catastrophe climatique d'origine anthropique" est tellement incontestable et incontestée au sein de la "communauté scientifique", que toute personne avançant un fait de nature à la contester, ou même la relativiser, est forcément dans une démarche de mensonge et de manipulation de l'opinion. Ce serait donc "au nom de la Science" qu'il conviendrait d'empêcher de tels menteurs patentés de s'exprimer dans les médias. Malheureusement, quand il s'avère que le fait en question était parfaitement vrai, c'est le fact-checker qui, tel l'arroseur arrosé, se retrouve convaincu de désinformation... Un exemple particulièrement édifiant nous est donné récemment par Reporterre.net et Le Figaro...

L’ « Affaire » des hippopotames dans la Tamise

L'affaire est résumée de la façon suivante dans un article en ligne du site Reporterre.net, en date du 21 juillet 2023, et intitulé : « Climatoscepticisme dans les médias : des députés planchent sur une loi » :

« Il y a encore trop de climatoscepticisme dans les médias (…) et de grands médias, tel Le Figaro, continuent à ouvrir leurs colonnes à des textes remettant en cause l’analyse du Giec sur le réchauffement climatique, comme récemment en juin — un article cependant contredit quelques jours plus tard par le même journal ».

Les deux articles en question :

« Hippopotames dans la Tamise, fermes vikings au Groenland : ces réchauffements climatiques qui ont déjà marqué l'Histoire » (publié le 16/06/2023 pour Le Figaro Histoire, réservé aux abonnés)

« Climat : peut-on vraiment dire ‘‘la Terre en a déjà vu d'autres, ce n'est pas si grave’’ ? » (publié le 04/07/2023, public)

A lire le résumé de Reporterre.net, on comprend effectivement que le Figaro a laissé passer un article « remettant en cause l’analyse du GIEC », donc de nature « climatosceptique », mais que le journal, s’étant aperçu de son erreur, a promptement publié une sorte de démenti avertissant le lecteur qu’il s’agissait d’un texte de désinformation qui n’aurait jamais dû passer les fourches caudines du comité de rédaction.

Quelques commentaires contextuels, tout d’abord.

En premier lieu, on peut voir une forme d’asymétrie de l’information dans ce procédé de ‘‘démenti’’, puisque le second article porte une accusation publique envers un article non public : les non-abonnés au Figaro, orientés là par exemple par Reporterre.net, ne peuvent donc que prendre connaissance des arguments à charge, sans possibilité de lire eux-mêmes le texte initial pour se faire leur propre idée… Qu’importe, en examinant la teneur des accusations, on peut se faire à peu près une idée de ce contenu.

En deuxième lieu, il convient de remarquer que le premier article n’a pas été écrit explicitement dans une démarche polémique à l’encontre des thèses du GIEC. Il a été rédigé par un certain Olivier Postel-Vinay, présenté comme « Journaliste et essayiste », dans le magazine Le Figaro Histoire, et commence par ces lignes : «  Après un été sec, un hiver sec : voilà notre pays à nouveau engagé dans une sécheresse qualifiée non sans raison d'exceptionnelle. Non sans raison, mais de quelle exception parle-t-on ?  » On comprend donc que l’objet de cet article n’est pas de se prononcer sur le ‘‘réchauffement climatique’’ en tant que tel, mais de donner au lecteur une profondeur historique pour lui permettre d’évaluer quel est le ‘‘degré d’exceptionnalité’’ du climat actuel – selon qu’on le jugera ‘‘exceptionnel’’, ’’inédit’’ ou au contraire ‘’pas si exceptionnel que ça’’. En d’autres termes, il s’agit d’un exercice statistique, purement quantitatif (est-ce déjà arrivé (a) fréquemment, (b) parfois ou régulièrement, (c) rarement, (d) jamais).

En troisième lieu, il est inexact, et même légèrement malhonnête, d’écrire que c’est le Figaro qui a « contredit » le premier article, conférant une connotation légèrement inquisitoriale d’erreur et de repentance à l’exercice. L’article de début juillet n’est en effet pas le fruit de la rédaction ou de l’ ‘‘expert science’’ du Figaro, pris de remord, mais d’un climatologue extérieur, Fabio D’Andrea, présenté comme « climatologue, directeur de recherches au CNRS » et « directeur adjoint du Laboratoire de Météorologie Dynamique à l'École normale supérieure ». On a donc affaire non pas à un ‘‘démenti’’ du Figaro, mais à deux articles d’intervenant extérieur, le premier soumettant des « informations », et le second, selon le résumé de Reporterre.net, apportant une « contradiction » à ces informations.

Hippopotames et désinformation

Voyons maintenant le fond du dossier. Faute d’avoir accès à l’article initial, on ne peut qu’en reconstituer l’idée générale à partir de ce qu’en reprend la « contradiction » de M. D'Andrea. Ainsi, le texte de M. Postel-Vinay prétendrait que «  la Terre, dans sa longue histoire géologique, a connu des périodes chaudes, quelques-unes plus chaudes que celle que nous connaissons actuellement » ; il mentionnerait « la canicule de 1976, la période chaude médiévale, le Groenland producteur de vin  », et ferait référence à cette période de l'Eemien (130 000 à 115 000 avant notre ère) pendant laquelle «  des hippopotames se prélassaient paisiblement sur les berges de la Tamise  ». Ce qui tendrait à montrer que le réchauffement climatique actuel s’est déjà produit, et peut-être même de façon périodique.

Et qu’en dit M. D'Andrea ? On s’attend à ce qu’il conteste avec véhémence ces éléments de « désinformation » - car c’est bien ce que promet la présentation de son article par la rédaction du Figaro : « Le climatologue Fabio D'Andrea revient sur la thèse affirmant que le réchauffement climatique actuel n'est pas inédit dans l'histoire de l'humanité, et qu'il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter. Il explique au contraire qu'il s'agit d'un événement sans précédent.  » C’est simple comme bonjour : M. P-V démontre, prétendus faits à l’appui, que le climat actuel n’est pas si exceptionnel que ça, M. D’A va donc contester ces faits (la fameuse « désinformation ») pour démontrer que si, le climat actuel est « sans précédent »…

Sauf que, sauf que… Lorsqu’on lit la réponse de M. D’Andrea, on y apprend que… toutes les informations contenues dans le texte en accusation sont parfaitement vraies ! Il apporte même de l’eau au moulin de M. Postel-Vinay : pendant l’Eemien, nous apprend-il, le niveau de la mer était de 2 à 3 mètres supérieur au niveau actuel, et «  la Scandinavie n'était qu'une grande île au large de la mer Baltique »  ; les températures y étaient «  entre 0.5 et 1.5 degré plus chaudes qu'aujourd'hui  », et dans certaines régions, «  le réchauffement atteignait 5 degrés ou plus  » ; quelques milliers d'années plus tard, «  l'effondrement de l'Antarctique Ouest a apporté 2 à 6 mètres supplémentaires  » ! Bref, nulle trace de « désinformation » dans le texte de M. Postel-Vinay ! Allons bon…

Ca chauffe, est-ce grave docteur ?

Mais alors, quelle est la « contradiction » apportée à l’article de l’essayiste ? Eh bien, celui-ci, de façon «  assez typique du discours climatosceptique  », se rendrait coupable de minimiser la « gravité » du réchauffement climatique actuel, au motif que «  la Terre en a déjà vu d'autres, donc ce n'est pas si grave  ». «  Ce récit, écrit le climatologue, tend vers la conclusion selon laquelle, puisque de tels évènements ont déjà eu lieu, ils ne sont pas inquiétants. C'est ce saut logique qui constitue un argument fallacieux  ». Donc, on ne remet pas en question le fait que des réchauffements semblables se soient déjà produits, et ceci sans « gravité » ; on affirme par contre que le fait qu’un réchauffement se produise actuellement est « grave » et doit donc nous « inquiéter ».

Et pourquoi un tel réchauffement climatique, à la différence des précédentes occurrences, serait-il cette fois-ci « grave » ? Eh bien, pour l’unique et seule raison qu’il y a désormais des « sociétés complexes » humaines, et que celles-ci, s’inquiète le climatologue, risquent de ne pas supporter cette hausse de température de quelques degrés, et l’élévation du niveau de la mer qui l’accompagnerait. Car «  Comment comparer un monde où l'homo sapiens venait tout juste de faire son apparition, avec le monde d'aujourd'hui  », s’interroge M. D’Andrea ? Ce qui est « sans précédent », donc, ce n’est donc pas le réchauffement en lui-même, ni même sa rapidité : c’est le fait qu’il s’agit de la première fois qu’un tel réchauffement se produit depuis le début de la civilisation humaine ! Comme il l’écrit tout à fait explicitement, «  Dans toute l'histoire des sociétés humaines, la température globale n'a jamais varié de plus d'un degré, en positif ou en négatif ; la perturbation climatique à laquelle celles-ci sont soumises aujourd'hui est sans précédent ».

Un climato-sceptique peut en cacher un autre

Que reste-t-il, in fine, au bout de ce réquisitoire ?

Pour être tout à fait honnête, n’ayant pas eu accès à l’article initial de M. Postel-Vinay, je ne sais absolument pas si celui-ci avait véritablement pour intention de convaincre le lecteur que le réchauffement actuel n’est pas du tout « grave », et plus précisément grave pour les « sociétés humaines ». Etait-ce purement factuel, et cette conclusion supposée n’est-elle qu’un procès d’intention ? Se limitait-il à dire que ce n’était pas grave pour la Terre ou l’écosystème dans son ensemble, sans nier que cela pourrait l’être pour telle ou telle espèce particulière, en particulier l’homme, dans telle ou telle région ? Ou bien concluait-il vraiment que ce n’était pas grave pour la civilisation humaine ? Ou bien de façon intermédiaire, pas grave pour toute la civilisation humaine, certaines sociétés du globe bénéficiant de ce réchauffement tandis que d’autres en souffrirait ?

A la limite, peu importe. Ce qui ressort de cette petite analyse, c’est d’une part que M. Postel-Vinay, ci-avant accusé de « désinformation » et de « climato-scepticisme », ne présente aucun fait erroné, et ne remet pas du tout en cause le réchauffement climatique actuel, mais se contente, peut-être, éventuellement, plus ou moins implicitement, d’en relativiser la « gravité » ; d’autre part que M. D’Andrea lui-même confirme que ce réchauffement n’a rien d’exceptionnel d’un point de vue climatique, et laisse même sous-entendre qu’il n’est pas d’origine humaine («  La planète, elle, se passe très bien de nous les humains. Elle change son climat sans préoccupations particulières  »). Selon les critères habituels de « fact-checking » des climato-alarmistes, M. D’Andrea coche donc lui-même plusieurs cases du « climato-scepticismes » !

Car rappelons quelle est l’ « analyse du GIEC », telle qu’on la vulgarise auprès du grand public : (point 1) il existe un réchauffement climatique inédit dans l’histoire de la planète ; (point 2) ce réchauffement climatique est d’origine humaine ; (point 3) les conséquences de ce réchauffement sont catastrophiques pour l’humanité. Il s’en déduit pour les ‘‘décideurs politiques’’ qu’il est impératif de mettre en place une ‘‘gouvernance mondiale’’ pilotées par des ‘‘experts’’ et visant à ‘‘transformer’’ le mode de vie des populations, par l’ingénierie sociale ou la contrainte, afin de limiter les causes humaines de ce réchauffement. Avec bien entendu comme outil d’accompagnement l’interdiction des ‘‘discours climatosceptiques’’, de nature à compromettre notre obtempération aux nouvelles ‘‘incitations’’ ou consignes comportementales venues d’en-haut (« moins se chauffer », « moins se rafraichir », « moins se déplacer », « moins voyager », « moins manger de viande », « moins faire d’enfants »…). Or, ni M. Postel-Vinay ni M. D’Andrea ne valident les deux premiers points : pas plus que le premier, son contradicteur ne prétend que le réchauffement actuel est ‘‘inédit’’ ou d’ ‘‘origine humaine’’. Le seul sujet de discorde est l’appréciation de sa ‘‘gravité’’ pour l’espèce humaine...

Bien entendu, si le réchauffement climatique actuel n’est pas vraiment grave, il n’y a aucune raison de vouloir modifier de force nos comportements pour le limiter ! Mais on pourrait aussi arguer que, quand bien même il le serait (grave), modifier nos comportements n’y changera rien puisqu’il n’est pas d’origine humaine ! Sauf à promouvoir de délirants projets de ‘‘terraforming’’ visant à contrôler artificiellement le climat ou à ‘‘décarboner’’ l’atmosphère (que de juteux intérêts financiers derrière tout cela)… En fait, au bout du bout de l’analyse, on s’aperçoit que le seul reproche qui est fait à M. Postel-Vinay, c’est de fournir des armes de résistance intellectuelle à ceux qui ne veulent pas se plier à l’hubris de contrôle totalitaire des populations, tel que manifesté par les élites du Forum de Davis et de la Commission Européenne, au travers de leurs infamants slogans du genre « vous ne posséderez rien et vous serez heureux », « vous mangerez des insectes » etcetera… 

Qui désinforme qui ? 

Rappelons que cette « Affaire des hippopotames de la Tamise » était mise en avant par Reporterre.net pour justifier la censure dans les médias de toute « désinformation climatosceptique ». Or, comme on l’a vu, il n’y avait aucune « désinformation » dans l’article de M. Postel-Vinay ; juste, peut-être, une appréciation subjective sur la « gravité » ou non du réchauffement climatique actuel. Il n’y a même pas de véritable « climato-scepticisme », en tout cas pas plus que dans la réponse de son fact-checker, puisque les 2 sont implicitement ou explicitement d’accord sur le fait que le réchauffement actuel n’est ni inédit, ni d’origine humaine.

Par contre, il y a désinformation du Figaro dans la présentation, biaisée, de la réponse de M. D’Andrea : la rédaction du journal prétend que celui-ci démontrerait que le réchauffement actuel est « sans précédent » dans l’histoire de l’humanité. Cela laisse sous-entendre que l’on va nous démontrer qu’il n’y a jamais eu de tel réchauffement climatique dans l’histoire de l’humanité. Or, ce n’est pas du tout ce que dit le climatologue : ce qu’il dit, c’est qu’il y en a déjà eu, mais que ceux-ci n’ont pas constitué des « évènements » aussi graves - non pas parce qu’ils étaient moins intenses ou moins rapides, mais uniquement parce que c’est l’humanité elle-même qui n’était pas aussi vulnérable qu’aujourd’hui ! Le seul véritable argument logique de l’article de M. D’Andrea, en fait, c’est que les sociétés humaines complexes modernes sont tellement « complexes », justement, qu’elles ne sont plus résilientes à des changements de climat pourtant parfaitement normaux dans l’histoire de notre Planète et même de notre espèce ! Ce qui doit nous « inquiéter », par conséquence, ce n’est pas le climat, c’est notre propre fragilité. D’où la nécessité de modifier notre organisation pour être davantage flexible face aux évolutions naturelles de notre environnement : une conclusion avec laquelle je suis parfaitement d’accord personnellement, et qui implique en premier lieu de sortir de la société de surproduction / surconsommation) dans laquelle nous vivons (c’est-à-dire, dans la mesure où c’en est un produit direct, de sortir du système capitaliste basé sur la seule recherche du profit individuel, pour revenir à une approche plus holistique orientée vers la ‘‘gestion des communs’’… mais c’est un autre débat).

Il y a aussi et surtout désinformation éhontée de Reporterre.net dans la présentation fausse de cette « affaire » montée de toute pièce. Une désinformation qui n’a qu’un but, justifier la volonté des pouvoirs publics de censurer les médias au nom de la lutte contre la « désinformation climatosceptique ». Prétendre à tort que l’adversaire « désinforme » pour justifier de lui interdire la parole, c’est sans doute la forme la plus retorse et maligne de désinformation, déjà utilisée soit dit en passant pour interdire Russian Today et Sputnik dans l’Union Européenne…

Et comme on l’a vu, si l’on veut faire taire des personnes comme M. Postel-Vinay, ce n’est pas qu’il « désinforme » ou qu’il serait « climatosceptique » : c’est uniquement parce qu’il compromet, bien modestement et à son niveau, la marche en avant du Nouvel Ordre Mondial, dont les promoteurs-bénéficiaires ont besoin de la « crise climatique », comme ils avaient besoin de la « menace terroriste » et de la « crise sanitaire », pour effrayer les populations et faire passer les ‘‘tour de vis’’ successifs du contrôle social… 


Lire l'article complet, et les commentaires