Où est passé l’argent des trains américains ?

par François Vescia
lundi 1er août 2005

- « Quelqu’un a-t-il un séchoir électrique ? » L’employé de la compagnie pose la question de wagon en wagon avec un sourire un peu géné. Le train parti de New York en début d’apres midi est déjà à l’arrêt depuis 15 minutes au milieu des champs de Maïs. Les trains états-uniens sont vétustes et souvent en retard. Le conducteur a fait tomber de l’eau sur le vieux tableau de bord. Impossible d’activer les commandes. Notre train doit être remorqué jusqu’à la gare précédente. Apres on verra, Le voyage avait bien commencé, les paysages magnifiques défilaient le long de l’Hudson, la capitale de l’état de New York Albany montrait ses quelques gratte-ciels et les lacs, les forêts, les falaises se succédaient avant Saratoga Springs, jusqu’à cet arrêt.

Les passagers ne sont pas surpris par le retard fréquent mais l’incident crée une incertitude plus forte que d’habitude qu’ils n’apprécient pas . Ils appellent de leur téléphone “mobile” leurs proches pour les avertir du retard. Ils se mettent à parler : “C’est une honte de voir comment les trains ne sont pas entretenus par ce gouvernement qui coupe les crédits de fonctionnement”. “Par contre ils trouvent l’argent pour financer une guerre "injustifiée”. “Tout est fait pour l’automobile et le pétrole”. Les gens parlent et s’entraident, se prêtent leurs telephones. Une femme regrette les anciens trains américains, une autre qui a des proches en France parle avec admiration des TGV. La cote Est et le Vermont en particulier ne portent pas Bush en haute estime : « Ce sont des extrêmistes, ils entretiennent un climat d’intimidation et font passer des lois répressives. Les trains, la santé, les gens, ce n’est pas leur problème. On va mettre un temps fou à réparer les dégats. Et le sénat à majorité républicaine vient de passer une loi favorable au lobby des armes à feu pour mettre fin aux nombreux procès dont ils font l’objet. Pour illustrer son point de vue, une autre personne fait circuler un article du Wahington Post de E.L. Doctorow sur le mensonge comme forme de gouvernement, une condamnation sans appel de Bush, Karl Rove son mentor, et de ceux qui ont fait interdire aux médias de montrer les cercueils rapatriés d’Iraq. "Quelqu’un s’appelle-t-il François ?” une femme dans le wagon me tend un téléphone. C’était Jim notre ami. Comment a-t-il pu me joindre sans (insup-) portables ? Incroyable. Comme quoi les réseaux de solidarité fonctionnent aussi aux Etats-Unis !


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