Philippe Simmonot : l’économie des talents

par oldtime
mardi 14 mars 2006

Comment une puissance spirituelle (l’Eglise) a-t-elle pu devenir une redoutable puissance temporelle, à forte capitalisation financière, mais aussi quels sont les facteurs plus récents de son déclin économique ? Telle est l’Histoire économique des talents ecclésiaux, que nous retrace Philippe Simmonot.

Alors que Les Evangiles ou ses interprètes se méfient de l’argent, des biens et de l’accumulation de ceux-ci, l’histoire de L’Église catholique a montré une redoutable capacité à capitaliser, à s’enrichir ; elle fut pendant des siècles la première puissance financière mondiale. La mondialisation avait déjà ses chapelles ! C’est avec talent que l’économiste Philippe Simmonot (P.S.) nous relate cette épopée financière dans son dernier ouvrage.

La part bénite

A cet égard l’auteur invente le concept de part bénite, à l’instar de Bataille qui employait l’expression part maudite pour montrer les excès que dégage l’économie d’une société dans les pratiques de gaspillage ostentatoire ! P.S. montre que dans toute société, des "braves gens" sont prêts à donner de l’argent pour le salut de leur âme. D’un point de vue économique, c’est un marché, non négligeable, où les nouveaux venus tels l’islam rentrent largement en concurrence . Au-delà de cette part bénite, le christianisme a mis au coeur de son éthique l’amour des pauvres, et la nécessité de les considérer et de les secourir, d’où l’invention et la construction par cette civilisation d’institutions de bienfaisance comme les hospices, les orphelinats, les hôpitaux, les léproseries... L’enseignement clérical a participé de cette considération du pauvre et de sa dignité. A cet égard et pour reprendre l’expression du Pape Grégoire le Grand : "Il faut faire très grande attention à ce que les évêques ne se mêlent pas aux affaires séculières, sauf dans la mesure où la nécessité de défendre les pauvres les y contraint ".

La question sexuelle est aussi économique !

Enfin la question sexuelle est aussi liée à la dimension économique. La papauté, en contraignant au célibat les prêtres, permet d’échapper à la loi successorale qui rend précaires les royaumes temporels. Et P.S. de remarquer que le bénéfice ecclésiastique est institué dans le même temps que le mariage chrétien. La croisade a son explication économique, la papauté "creuse ses canaux" jusqu’à Jérusalem pour mieux profiter de la part bénite  ! La Réforme concurrentielle va emporter ses parts de marché salutaire. Luther et ses disciples vont astreindre l’Église catholique à baisser ses tarifs du salut éternel, c’est la désinflation. La pression fiscale s’imposera alors sur les territoires qu’elle contrôle. Elle devra donc se comporter quasiment comme une puissance temporelle, par la pratique de l’emprunt, de l’impôt... Il faudra attendre le début du XXe siècle (Léon XIII) pour un retour à l’équilibre des finances de la papauté !

La République est-elle mimétique ?

Ensuite, l’auteur montre que la République entre en concurrence radicale avec la papauté, et par un jeu mimétique, crée l’Etat-Providence. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation inédite où toutes les puissances en présence se retrouvent appauvries, endettées... L’Etat régalien, l’Etat-Providence (La Sécurité sociale), la papauté !

A lire :
Les papes, L’Église et l’argent. Histoire économique du christianisme des origines à nos jours. Philippe Simmonot. Bayard


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