Auto : les USA taxent l’UE, l’UE subventionne Tesla…
par Laurent Herblay
samedi 5 avril 2025
La semaine dernière, une nouvelle succession d’information est venue montrer toute l’absurdité du machin européen. Au même moment où Donald Trump annonçait une taxe de 25% sur les véhicules importés, dont les constructeurs européens seraient les premières victimes, l’UE validait le pool d’émission qui permet à Tesla de toucher des milliards de crédit des autres constructeurs.
L’UE : entreprise de destruction des pays européens
Si le marché européen est généralement ouvert, les normes spécifiques européennes, plus contraignantes que les normes étatsuniennes, expliquent en partie que si les pays européens, essentiellement l’Allemagne, vendent beaucoup de voitures outre-Atlantique, l’inverse n’est pas vrai. L’ampleur du déficit commercial des USA vis-à-vis de l’UE dans ce domaine justifie en partie les mesures de Donald Trump. Mais dans ce bras de fer commercial, l’UE se révèle d’une impuissance effarante. A quoi bon unir nos politiques commerciales pour soit-disant peser davantage, si c’est pour s’aplatir comme nous le faisons. Et pour répondre aux mesures du président des États-Unis, outre des mesures dans des secteurs où les échanges se font en faveur des USA, il serait parfaitement possible d’agir sur les crédits réglementaires qui enrichissent Tesla depuis des années : ils représentaient près de 40% des profits de l’entreprise en 2024.
En effet, outre les subventions aux véhicules électriques, les malus des véhicules thermiques, les taxes sur l’essence, et les restrictions à la publicité sur le thermique, l’UE a ajouté un mécanisme technocratique redoutable. Elle fixe des objectifs d’émission particulièrement strictes, en baisse tous les ans, et des amendes colossales pour qui les dépasse, en fonction des volumes. C’est ce mécanisme qui aurait pu coûter la bagatelle de 15 milliards d’euros aux constructeurs en 2025 ! Ce dispositif favorise outrageusement les nouveaux constructeurs (Tesla et chinois), qui, en faisant le pari de l’électrique, échappent à toute amende, au contraire des constructeurs historiques européens, d’autant plus que les consommateurs européens ne se convertissent pas aussi vite aux véhicules électriques. Pire, jamais réticent à des schémas complexes, l’UE permet aux constructeurs de se grouper pour minimiser les amendes. C’est au titre de ce schéma que Tesla a touché des milliards des autres constructeurs en crédits réglementaires.
Dans un contexte de crise du secteur automobile, l’association des constructeurs européens avaient demandé une réforme des règles pour 2025, largement durcies. L’UE a annoncé une maigre réforme, instituant une moyenne de 2025 à 2027. Mais en réalité, c’est tout ce dispositif qui devrait être supprimé. Et sachant qu’il représente la grande majorité des 2,76 milliards de crédits réglementaires touchés par Tesla en 2024, un tel choix aurait montré aux USA que l’UE peut mordre dans le bras de fer imposé par Donald Trump. L’impact sur les profits de Tesla, dont l’action est malmenée depuis le début de l’année, aurait porté un nouveau coup majeur à l’entreprise d’Elon Musk, qui vit en partie des règles délirantes conçues par l’UE, qui imposent à Stellantis de subventionner Tesla pour réduire des amendes provoquées par le comportement des clients européens, qui tardent un peu trop à se convertir à l’électrique.
Que ce soit pour alléger le fardeau règlementaire de nos industriels pour affronter la concurrence, ou répliquer à Donald Trump, l’UE devrait mettre fin au dispositif d’amendes pour dépassement des émissions des véhicules vendus. Nous sommes le seul continent au monde qui persiste à pénaliser ses propres industriels et favoriser les étrangers quand Washington rejoint la logique protectionniste asiatique.