L’Occident a eu le temps de réfléchir au « plan de victoire » de Zelensky

par Patrice Bravo
mardi 15 octobre 2024

Les États-Unis et l'Ukraine déterminent la stratégie pour de nouvelles actions dans le conflit avec la Russie, entraînant les autres pays de l’OTAN, dont la France dans la voie du conflit direct, en faisant pression sur Moscou par le chantage. 

La réunion de Ramstein reportée. « La réunion au format Ramstein au niveau des dirigeants des pays, qui devait avoir lieu en Allemagne le 12 octobre, a été reportée indéfiniment et la nouvelle date de la réunion sera déterminée ultérieurement », a fait savoir Observateur Continental, précisant : « Le président US [Joe Biden] a reporté son voyage au 8 octobre afin de superviser les préparatifs et la réponse à l'ouragan Milton, en plus de la réponse en cours aux impacts de l'ouragan Helene dans le sud-est ». Pourtant, c’était à son initiative que devait avoir lieu cet événement international. « Une cinquantaine d'États membres de l'OTAN et d'autres alliés de l'Ukraine [devaient] y participer », a complété Observateur Continental. 

Intentionnellement ou non, ils ont, ainsi, eu plus de temps pour formuler leur attitude à l'égard du plan concernant la fin du conflit avec la Russie proposé par Volodymyr Zelensky. Der Spiegel laissait planer un doute sur la raison de l’annulation à cause de l’ouragan. Cette tempête très violente aux USA ne valait pas la peine d'annuler une visite d'une journée qui était censée avoir lieu deux jours après l'arrivée de l’ouragan en Floride.

Le secrétaire d'État américain a, également, annulé son voyage en Allemagne. Mais, au moins du point de vue de la politique intérieure américaine, la décision de Joe Biden est justifiée. À cela se rajoute l’annulation du deuxième « sommet pour la paix ». Daria Zarivna, conseillère du chef du bureau du président ukrainien, Andriy Yermak, n'a pas expliqué la raison du report. Elle a seulement indiqué qu'un plan final visant à mettre fin au conflit avec la Russie serait présenté lors du sommet pour la paix. 

Les médias présentent ce plan comme des offres pour obtenir la paix. Mais, au lieu d’aller dans le sens de la paix, l’Occident a décidé d’envoyer des F-16 et des Mirage 2000 en Ukraine et elle envoie des signaux pour autoriser Kiev à bombarder dans l’intérieur la Russie. 

CNN stipulait en septembre que « Joe Biden signale son ouverture à l’utilisation de missiles occidentaux à longue portée en Russie ». « L'Ukraine a le droit juridique et militaire de frapper profondément à l'intérieur de la Russie pour obtenir un avantage au combat », a lancé le président du Comité militaire de l'OTAN, l'amiral Rob Bauer. 

Observateur Continental rapportait, en outre, la déclaration d’Andriy Yermak, chef du bureau du président ukrainien, qui a stipulé - singulièrement le même jour où Volodymyr Zelensky parlait de paix à l’ONU - que le « plan de victoire » ukrainien comprend l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN, une ligne rouge, pourtant, clairement énoncée par Moscou, faisant du discours de Volodymyr Zelensky à l’ONU une provocation contre la Russie et du soutien des pays occidentaux à Kiev une déclaration de guerre directe larvée envers Moscou. 

La prochaine réunion au format Ramstein, qui réunit les pays fournissant une assistance militaire à l'Ukraine, devait avoir lieu le 12 octobre. Sa particularité est que les chefs d’État ont prévu d’y participer (et en présentiel plutôt qu’à distance). Outre Joe Biden, un certain nombre d’autres dirigeants prévoyaient d’arriver à la base aérienne, notamment le chancelier allemand, Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président polonais, Andrzej Duda. Avec l’annulation, la rencontre du format Ramstein a perdu de son sens. 

Les ministres de la Défense des pays de l’Alliance se réuniront au siège de l'OTAN les 17 et 18 octobre 2024 et peut-être que les chefs d’État occidentaux y seront aussi présents à Bruxelles pour y combiner le format Ramstein. Cette rencontre marquera les débuts du nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte.

Le dirigeant ukrainien envisageait de « comprendre » le point de vue de ses alliés lors de la réunion au format Ramstein. Le résultat final devrait être présenté lors du sommet pour la paix. Il y a ici deux options : soit la Russie se verra proposer une sorte de compromis, avec un départ de la position précédente de Kiev (seul un retour aux frontières de 1991 est satisfaisant), soit elle pariera sur la poursuite de la confrontation. 

Récemment, le Financial Times a mentionné la position de l'Ukraine où elle serait prête à « faire preuve de flexibilité » en citant Andriy Sibiga sur la question de la cession de territoires. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a publié un démenti colérique. Cependant, le 8 octobre, Bloomberg, citant cette fois des responsables de l'OTAN, a, de nouveau, relaté la volonté des autorités ukrainiennes d’autoriser de telles concessions. Apparemment, cette nouvelle approche de Volodymyr Zelensky devait être discutée le 12 octobre lors de la réunion de Ramstein.

Le Congrès américain exige de Joe Biden une stratégie claire et cohérente concernant le conflit russo-ukrainien. La précipitation est compréhensible. Le rival de Kamala Harris, Donald Trump et ses collègues républicains insistent pour ne pas répéter l'expérience des guerres en Afghanistan et en Irak. Selon l’interprétation des Trumpistes, les échecs américains dans ces pays s’expliquent par le fait que la Maison Blanche n’a pas été en mesure de formuler les objectifs réalistes qu’elle entend atteindre. Elle a seulement exigé du Congrès US toujours plus de crédits aux contribuables. C’est ce qui, selon Donald Trump, se produit dans le cas du conflit entre la Russie et l’Ukraine. 

L’administration actuelle s’assure au cas où Donald Trump remporterait les élections. S’il existe déjà une stratégie claire pour mettre fin au conflit, si elle est présentée et approuvée par le Congrès, il sera difficile pour le président de la modifier. Cela signifie que les craintes qui existent au sein de l’OTAN selon lesquelles Donald Trump trahirait l’Ukraine en s’entendant dans son dos avec Vladimir Poutine, ont peu de chances de se réaliser. D’après le Financial Times, Joe Biden Biden « peut reconsidérer la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN avant de quitter ses fonctions ». 

L’Occident utilise la menace en envisageant de donner le feu vert à Kiev de bombarder dans l’intérieur de la Russie pour obtenir des concessions du Kremlin. CNN a fait état d'une annexe secrète à la stratégie de la Maison Blanche sur l'Ukraine, présentée au Congrès début septembre. L'auteur de la demande est le général Christopher Cavoli, chef du commandement européen des États-Unis et commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en Europe. Christopher Cavoli a présenté une liste de moyens par lesquels le Pentagone peut aider l'armée ukrainienne. Il s’agit essentiellement d’une offre visant à leur donner ce que les États-Unis avaient refusé auparavant : des missiles de croisière air-sol JASSM et des systèmes de communication liaison 16. Il s’agirait de l’arme la plus « avancée » fournie à l’Ukraine. C’est un standard de liaison de données tactiques de l'OTAN pour l'échange d'informations tactiques entre des unités militaires. Les missiles JASSM, qui peuvent équiper les F-16 - des avions déjà en Ukraine - sont conçus pour des frappes de haute précision contre des cibles bien protégées situées au cœur du territoire russe. Par exemple, la portée de vol du missile AGM-158B JASSM-ER peut atteindre 1000 km. De telles armes à longue portée n’ont jamais été fournies à l’Ukraine auparavant.

Pierre Duval

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs 

Abonnez-vous à notre chaîne Telegram : https://t.me/observateur_continental

 

Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6373


Lire l'article complet, et les commentaires