Hospitalisation : un témoignage

par Serge ULESKI
mardi 16 avril 2024

 

      Synthèse du témoignage d’un patient hospitalisé en janvier 2022 ( Laurent C. âgé de 58 ans - première hospitalisation) en Ile de France (IDF-ouest de la petite couronne) pour une angine de poitrine ; hospitalisation en cardiologie, service de soins intensifs : coronarographie et angioplastie (pose de deux stents).



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Sans mot dire, une infirmière viendra « coller » un appareil dans l’oreille du patient sans prendre le soin de dire de quoi il s’agit ; passage après passage, jamais sa température ne lui sera pas communiquée ; celle prise quelques heures auparavant, non plus.

Sa tâche accomplie, l’infirmière se précipitera sur son ordinateur et tapotera sur le clavier.

Idem pour la prise de la tension du patient : quel niveau de tension ? Quel niveau comparé à la prise précédente ?

L’infirmière se précipitera sur son ordinateur et tapotera sur le clavier.

Test PCR (au nombre de 2) : aucun résultat ne sera communiqué au patient ; le fait qu’aucune mesure nouvelle ne soit prise, renseignera seul, par déduction, le patient quant au caractère négatif des tests.

Idem pour les prises de sang successives : aucun retour.

Ce qui l'est convenu d'appeler un "cathéter veineux" est posé sur le patient ; à aucun moment le patient ne sera informé quant à la nature du produit injecté ni le pourquoi. 

Un médecin (il ne sera pas le seul à passer) pénètrera dans la chambre du patient accompagné de deux ou trois étudiants ( médecins, infirmiers ?) sans lui demander son avis ; le patient devra alors leur demander de sortir (il était question d'un soin autour de l'artère fémorale qui impliquait l'exposition des parties intimes du patient). Le médecin (femme) s’empressera de rassurer le patient avec ces mots : « Je vous respecte Monsieur » ; le patient de s’empresser de répondre ( du moins la personne qui a témoigné à propos de son hospitalisation) : « Ca tombe bien car moi aussi je ME respecte ! ».



Un doppler est programmé ; une fois sur les lieux, si le patient ne parle pas à la personne qui effectue ce doppler et consigne le résultat, aucun mot ne sera échangé.

Idem pour les échographies.

Un médecin (encore un nouveau visage après tant et tant d’autres) rend visite au patient pour recueillir des nouvelles sur son état de santé – du moins, le patient sera tenté de le penser ; or, à peine arrivé, ce médecin n’aura qu’un désir - c’est le sentiment qu’il donnera au patient : s’éclipser (… et aller voir ailleurs si on y trouve ce même patient ou bien un autre ?).

Le patient sortira 10 jours plus tard, ordonnance en main, traitement à vie (une complication post-opératoire l'aura retenu quelques jours de plus - un "faux anévrisme" : artère fémorale) ; aucune explication communiquée quant à la nature de ce traitement (qui est qui qui est quoi : anti-agrégants ; bêta-bloquants, statines...)

Seule la consultation par le patient du Vidal (information médicale à destination des professionnels de santé) et de la revue Prescrire (veille indépendante et objective sur les médicaments) sur internet, le renseignera sur les effets secondaires du traitement ainsi que sur le suivi recommandé - analyse sanguine tous les six mois (reins, foie...). 

 



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Les informations remises par ce patient confirme ce que l'on pouvait légitimement soupçonner : le patient n’est plus au centre du dispositif de soin ; les tâches à accomplir seules le sont - la finalité c'est la température à prendre ; c'est le doppler à effectuer...

C'est aussi ça, la réforme de l'hôpital.

Sans l’ombre d’un doute, les politiques hospitalières de ces 20 dernières années n’ont pas seulement contribué à « casser » l’hôpital… à le faire dysfonctionner ; ces politiques ont aussi agi sur la manière et la façon de remplir les tâches qui incombent au personnel hospitalier ; subrepticement, ces politiques sont venues à bout des motivations premières de ceux qui ont, un jour, fait le choix de métiers dont la vocation avait sans aucun doute aussi ( et surtout ?) pour objet le souci de l’autre, son bien-être : soin, contact, relation, soutien psychologique, confort.

Précisons néanmoins ceci : les aides-soignants(e)s et les brancardiers semblent avoir été épargnés par cette remise en cause.

 

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      CE QU'EST DEVENU L'HOPITAL PUBLIC...

 

Ci-dessous, la copie d'un mail émanant d'un CHU ; mail qui illustre dramatiquement ce qu'est devenu l'hôpital dans sa communication, sa relation avec le public et ses missions :

Mail adressé à J. Lefèvre en Avril 2023 suite à sa demande de RDV auprès d'un service de cardiologie - demande accompagnée d'une lettre de recommandation de son médecin généraliste.

Outre le caractère à la fois autoritaire et dissuasif de ce mail, on ne manquera pas de constater l'emploi récurrent d'une négativité sans appel (négativité totalitaire ?) dans son contenu : 

 

 

 

« Bonjour,

Nous avons bien pris en compte votre sollicitation de RDV en cardiologie au CHU de Caen.

Votre demande sera traitée sous 15 jours. L'absence de retour de notre équipe signifiera que votre demande n'a pas été acceptéeIl n'est pas nécessaire de vous déplacer si vous ne recevez pas de convocation.

Pour rappel, le service de cardiologie du CHU de Caen ne fait pas de suivi de cardiologie générale, n'assure pas de bilan de première intention demandé par le médecin traitant (bilan cardiovasculaire, bilan d'HTA (hypertension artérielle) ou bilan de douleur thoracique, essoufflement, malaise).

Par ailleurs, un avis donné précédemment en cardiologie au CHU ne signifie pas que vous devez vous considérer comme étant suivi en permanence au CHU.

Enfin, nous n'assurons pas le relais du suivi des patients dont le cardiologue est parti à la retraite ou en cas de souhait de changer de cardiologue.

Merci de votre compréhension

Bien cordialement

L’équipe de cardiologie »

 

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       Mais alors, quelles sont les missions de ce service ? Est-on en droit de s'interroger. 

 


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