Sarkozy est heureux
par Imhotep
jeudi 6 mars 2008
Voilà, cela nous fait plaisir de savoir que notre bien-aimé guide est heureux. C’est la conclusion d’une entrevue majeure, à trois jours des municipales, accordée à notre Pravda, le dénommé Figosky. En effet à la question de l’organe officiel de l’Elysée de savoir si on pouvait être à la fois président de la République et heureux, il se trouve, que notre lider Massimo, l’est. Grand bien lui fasse.
Notre guide a l’art consommé de l’autosatisfaction. Une pleine page de louange pro-domo. Nous sommes assez heureux d’apprendre que Sarkozy a été au zénith dans les sondages pendant six ans. Vous avouerez que cela sera le cas bientôt des prix pour lesquels il ne se flatte pas, car tout simplement il n’en parle pas. Nous apprenons aussi que si EADS a signé un superbe contrat avec l’armée américaine, ce n’est parce qu’ils étaient moins chers ni plus performants, mais, je vous le donne dans le mille, parce nous avions Sarkozy à l’Elysée et que nous étions redevenus les amis des Américains. Comme quoi l’amitié cela compte. Peu importe que le marché avait été remporté en 2003 (qu’est-ce que cinq ans ? Sarkozy n’était pas là c’est sans doute pour cette raison que Boing l’avait emporté). Peu importe qu’il avait été annulé, et peu importe aussi que cela fait cinq ans de négociations et qu’il faut bien qu’un jour ce contrat tombe. Peu importe que ce contrat n’est pas purement EADS (allié à Northrop Grumman), et peu importe que la majeure partie des 35 milliards de dollars sera dépensée aux Etats-Unis et peu importe que les emplois seront américains (Libération : le groupe européen a promis qu’il délocaliserait à Mobile (sud) l’assemblage de l’A330 cargo et allait créer un total de 1 300 emplois.). Sarkozy en fait une victoire personnelle qui va nous apporter des milliers d’emplois (là je brode un peu, il ne l’a que sous-entendu).
Notre chef des armées et des jets privés est assez content de son gouvernement qu’il ne changera pas, et de Fillon qui est le meilleur pour appliquer la politique que les Français ont voulu. Il rappelle du reste qu’il a gagné les présidentielles. Ah bon ? Et les législatives. Ah tiens ? Aurait-il commis des erreurs ? Le Figaro nous transmet sa flagellation limitée à une phrase : Avez-vous commis des erreurs qui expliqueraient cette baisse dans les sondages ? Qui serais-je si je ne reconnaissais pas mes erreurs ? On en commet, j’en ai commis. Je ne m’exonère de rien, mais je ne crois pas utile de commenter en permanence l’écume des choses ! Pas mal donc. Ses erreurs ne sont que « l’écume des choses ». Erreurs sur lesquelles il est parfaitement inutile de s’attarder ni, crime de lèse-majesté, y trouver des remèdes.
Ce qui est passionnant dans la façon de s’exprimer du roi du Paloma, c’est quand même de ne pas répondre aux questions, mais de se féliciter d’être le sécuritaire de la planète qui répond à ce que les Français voulaient. Ainsi lorsqu’on lui parle d’ouverture il répond : obligation de résultats pour la reconduite à la frontière, 4 000 décisions de justice contre les multirécidivistes et évidemment du laxisme des autres car tout un chacun sait que Sarkozy n’a pas été ministre de l’Intérieur et que quand il n’était pas ministre de l’Intérieur il y a eu une tolérance zéro, plus aucun trafic de drogue, plus aucune voiture brûlée et une criminalité inexistante.
Nous serons heureux d’entendre que l’ouverture c’est de refuser le sectarisme. A entendre Morano, Devedjian, Karoutchi et Fillon lui-même, on est fort satisfait de cette décision présidentielle, car ils n’auront plus rien à dire, eux qui parlent de journaux de 1930 et quelques, Yade de racisme quand elle parle de la gauche. Enfin, vous les avez tous entendu être d’une tolérance maximale à l’égard de leurs opposés. En réponse à cette question sur l’ouverture, le chef des chefs nous dit : « Nous faisons après l’élection ce que nous avions promis avant. C’est une question de respect, de crédibilité et même de morale. ». Pourtant avant les s élections n’avait-il pas crié sur tous les toits que la France devait être gouvernée soit à droite soit à gauche ? Ne serait-ce pas un peu, oh un tout petit peu contradictoire ?
Cette baisse dans les sondages aurait-elle calmé les réactions quotidiennes de notre Massimo ? Il nous affirme : « Pour autant, le rôle du chef de l’État, c’est de garder une certaine distance par rapport au quotidien. Il n’a pas le droit de céder à l’agitation. » Ah bon. Il y en a un au Salon de l’agriculture qui n’a pas dû apercevoir le rôle du chef de l’Etat comme celui-ci nous le décrit dans l’organe de presse de propagande élyséenne.
Tout au long de son plaidoyer, nous apprenons en fait que rien n’a été fait depuis cinquante ans et que tout a été fait depuis, mais curieusement que cela va s’accélérer. Que reste-t-il donc à faire ? Guéant est bon, Dati mérite les félicitations du jury, alors qu’autrefois la France oubliait les victimes, c’est réparé, la proximité ce n’est pas la proximité, mais la justice. Comprenne qui pourra. Le népotisme ce n’est pas l’élection, mais la nomination, parce que la nomination comme candidat à 22 ans quand il y en a d’autres ce n’est pas du népotisme ?
Mais soyons rassuré, notre bien-aimé timonier est heureux. Il tombe dans le piège car il ne comprend pas la question. Si on lui demande si l’on peut être et président de la République et heureux, on lui demande en fait si la fonction de président ne nécessite pas de mettre en parenthèse sa vie personnelle, et que la notion de bonheur n’est plus quantifiable. Il répond béat qu’il est heureux. Justement ce qu’on lui reproche : ne pas être assez président pour se pavaner au bras d’une tellement elle est belle qu’elle a été mannequin.
A propos, juste un petit oubli. Que suis-je bête ! Et le pouvoir d’achat ? Oui, vous savez ce qui permet de boucler les fins de mois. Un petit rien. Oui, justement, un petit rien. Sarkozy l’a oublié. N’était-ce pas un des thèmes principaux de sa campagne. Ne serait-il pas le président du pouvoir d’achat ?