Notre grand départ

par C’est Nabum
mardi 5 septembre 2023

 

La Possonnière – Les Ponts de Cé

 

Après avoir gagné les aventuriers de la Grande Remontée à la Possonnière, ce port emblématique de la Loire d'en bas, avec ses épis et sa levée qui avance en travers à contre-courant afin de s'orienter en direction de l'Île de Béhuard, surgirent de manière spectaculaire les problèmes d'intendance.

C'est là le nœud du problème lorsqu'il s'agit de jouer les itinérants pour une transhumance en sauts de puce ou plus exactement de port en port. Les bateaux taillés pour l'épopée n'ont pas assez de coffre pour contenir tout ce qui sied à côté de l'opération. Pour les Souffleurs de vent, outre le petit linge de corps, les tentes et tout ce qui permet de dormir, la sonorisation des étapes impose un matériel conséquent.

C'est dans un véhicule terrestre que ce capharnaüm hétéroclite s'entasse au point de remplir totalement l'habitacle. Le problème à régler est donc fort simple : comment naviguer sur l'eau en fûtreau tout en arrivant avant la flottille à la ville étape en ne prenant qu'un véhicule de liaison tout en se donnant droit de naviguer un peu… Vous avez deux heures pour résoudre l'équation en plein dans l'inconnu.

Le choix fut évident pour qui a déjà baroudé ainsi sur la Loire. Prendre un Kayak qui une moitié de chemin est accroché à un fûtreau à la remonte puis revient sur ses pas par le même chemin, récupérer la voiture, charger le frêle esquif sur le toit afin de gagner par voie terrestre le lieu de la prochaine animation. Une forme de stakhanovisme fluvial dont je viens de me tirer de la première édition par une chaleur accablante sur l'eau.

Naturellement au point de chute suivant, il me faudra descendre l'embarcation de sa galerie afin d'accéder au coffre du véhicule pour préparer la sono pour mes comparses et moi-même. Mes deux partenaires quoique ne jouant que des instruments à cordes, font tous les trajets sans dépenser la moindre énergie. On devrait toujours se méfier des saltimbanques quand ils sont sur la route…

Petit souci pour cette première demi-étape, pour le point de chute sur la Maine, exactement à sa confluence avec la Loire, il n'a pas été organisé une réception par la municipalité qui a tenu à se distinguer (seule exception sur tout le parcours) en tournant le dos à la Grande Remontée. Autant dire qu'il est hors de question de nommer cette ville à l'horizon limité à son merveilleux affluent.

Au-delà de cette petite mesquinerie qu'il convient de ranger dans les aléas sans importance, la troupe a peiné à décoller de manière concomitante. Il est vrai que ce parcours porte bien son nom puisque c'est l'un des moins longs de l'aventure. Quant à moi, soucieux de mesurer la pertinence de mon dispositif aqueux, j'avais embarqué sur le premier partant.

Grand bien m'en prit du reste car il fallut faire avec le principe de réalité. Le Kayak se refusant à se mettre à couple avec un fûtreau. Incompatibilité d'humeur ou nature trop divergente, toujours est-il que pour montrer sa mauvaise humeur, mon petit bateau en matériaux composites se montra récalcitrant. Tout d'abord en faisant grande vague sur le pont de son grand cousin en bois puis en se remplissant d'eau dans une tentative d'auto-sabordage.

Il fallut l’arraisonner ou plus exactement le mettre à la raison en le chargeant sur un pont déjà fort encombré. L'un de nous dut faire le voyage debout sur la proue, attitude peu usuelle sur une Loire balisée car déclarée en cette partie de son cours navigable. Un souvenir de l'épopée des pétroles de l'Ouest, compagnie qui affrétait des pétroliers sur la Loire pour gagner justement cette ville que je m'interdis de citer, puisqu'en cette fâcheuse occasion si terne.

La suite vous sera narrée demain, les délais de relecture et de correction imposant ce décalage indépendant de notre volonté.


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