Le bénéfice du doute

par C’est Nabum
jeudi 8 février 2024

 

Ben voyons, nous allons avaler une nouvelle couleuvre…

 

Ainsi donc, nous découvrons sans grande surprise il est vrai, par le truchement d'une sombre affaire comme seule la politique aime à nous en divertir, que le bénéfice enfante parfois des doutes qui profitent à ceux qui savent tirer les marrons du feu. Au cœur de la crise agricole, non seulement nous avions compris qu'il était permis de semer le doute mais désormais nous savons que c'est pour en tirer grandement profit.

Le doute profite au point d'engranger ce qui sera soigneusement stocké dans un silo dans lequel incertitudes, questionnements, indices ou preuves attendent soigneusement leur heure pour que les cours et les actions montent. La spéculation sur le doute est un art qu'il convient de laisser aux seuls grands financiers agissant pour de petits intermédiaires dans leur quête incessante des combines, entourloupes et autres escroqueries qui finissent par rapporter gros.

Le doute peut bien germer dans l'esprit des honnêtes gens, ceci n'a pas la plus petite importance puisque seuls les juges et les voies complexes des procédures favorisent l'exonération de celui-ci au profit des gros porteurs. Son ombre plane sur la vérité au point d'en effacer les contours, d'en gommer les aspérités, afin qu'un voile pudique et fort opportun vienne troubler les esprits les moins sujets à la méfiance.

Le doute finalement de toute son opacité bienveillante finit par laver plus blanc que blanc pour blanchir celui qui n'avait pas les mains propres. Après l’opprobre de l'accusation, le venin de la suspicion, le poison de la rumeur, le bénéfice du doute est un puissant détergeant - en apparence seulement - qui efface les ombres d'un dossier opaque.

Tout ceci est bien sûr le point de vue de celui qui peut tirer une fois encore des failles et des faiblesses de l'enquête pour se prétendre blanc comme neige. La métaphore en période de réchauffement verra sans doute, tôt ou tard, fondre des enquêteurs plus zélés que ceux d'un ministère de la justice prompt à ne pas troubler les amis du pouvoir.

 

Du côté des braves gens, l'expression : « Au bénéfice du doute » a le goût amer du mensonge, de la combine et du déni de justice. Mais qu'importe notre opinion, nous ne sommes plus rien qui vaille dans ce système des canailles et des crapules qui parviennent en dépit des tempêtes à se faire réélire par un électorat désabusé. L'essentiel est sauf, il s'agit assurément de préserver les apparences, de garder la tête haute en dépit de bien des vicissitudes.

Je leur rends cependant ici la monnaie de la pièce, non point l'argent plus trébuchant que sonnant qui sait opportunément partir en fumée, mais cette comédie du financement des partis qui ne tourne jamais en tragédie pour les acteurs de cette éternelle farce. Ce bénéfice du doute pèse lourd dans les jugements des braves gens qui se moquent éperdument des arcanes d'une justice aux ordres. La tâche demeure en dépit des cris de victoire des acteurs de la farce.

Il y aura des AGIOS sur le compte de cette bande prise la main dans le sac sans qu'il y ait assez de preuves pour condamner un système qui est commun à tous les autres groupes. Le citoyen n'est pas dupe, il sait à quoi s'en tenir sur cette démocratie du fric qui ne cesse de trouver des ressources fussent-elles douteuses pour tuer tout risque de voir apparaître des rivaux. Une élection se gagne non pas avec des arguments, un dessein, des idées mais surtout avec des frais de campagne qu'il convient d'accumuler sans vergogne.

Il y a longtemps que le doute à leur propos amasse des réserves, des incertitudes, des colères et désormais la plus totale défiance. De mandature en mandature nous savons désormais que les comptes bien que faux, mensongers, malhonnêtes ne remettront jamais en cause le résultat. Ne plus leur faire crédit est la seule posture qui s'impose avec ou sans ce bénéfice hypocrite qui ne laisse planer aucun doute derrière lui.

Illustrations

Martine DINET

Jean-François FERBOS

Plantu


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