Le tourisme : nouvel or noir saoudien ?

par SecretsduMonde
samedi 20 octobre 2018

Une révolution dans un pays en pleine transformation : l’Arabie saoudite délivre des visas de tourisme depuis le premier trimestre 2018. Jusque-là, les permis d’entrée étaient délivrés aux pèlerins se rendant sur les lieux saints de l’islam, essentiellement pour le hajj à La Mecque. La délivrance de visas touristiques s’inscrit dans la politique de développement touristique du royaume, pilier du programme « Vision 2030 » initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane dans le but de diversifier l’économie saoudienne et d’atténuer sa dépendance au pétrole ainsi qu’adoucir son image de pays conservateur.

Le tourisme vecteur de transformation de l’économie saoudienne

L’objectif est clair : accueillir dès 2030, 50 millions de visiteurs par an et créer 22 000 postes dans le secteur du divertissement. Ce qui reviendrait à contribuer à hauteur de 2 milliards de dollars au PIB de l’Arabie saoudite.

Pour atteindre ces objectifs le gouvernement saoudien espère également doubler le pourcentage de dépenses des ménages alloué aux divertissements. Ainsi, le 20 septembre 2017, la Saudi Press Agency indiquait que le fonds d'investissement public (PIF) annonçait la création d'une société d'investissement dans le secteur du divertissement afin de mettre en place un certain nombre de projets dans le secteur du loisir et de lancer le premier complexe de divertissement d'ici 2019.

A noter que si l’institutionnalisation du tourisme n’a que 15 ans en Arabie Saoudite avec la création en de la Commission du tourisme et du patrimoine national en 2000, il représente déjà le deuxième secteur de recrutement dans le royaume.

Arabie saoudite : la destination touristique du futur ?

Le royaume enchaîne les annonces de projets pharaoniques. Ces projets doivent lui servir à se positionner comme un hub touristique mondial afin d’attirer les touristes fortunés du monde entier. Trois projets situés près de la mer rouge visent à faire passer cette ambition du rêve à la réalité.

Sur 200 km de côte sur la Mer Rouge, le Red Sea Project prévoit une zone franche dédiée au tourisme de luxe, au bien-être, à l’écologie et au patrimoine. L’ambition pour cette destination est « d’approcher la prochaine génération de voyageurs de luxe pour mettre l’Arabie Saoudite au cœur du tourisme mondial ». La station s'étendra sur 180 km - soit la taille de la Belgique.

Autre projet, cette fois à destination de la population saoudienne, le projet Al-Ula qui devrait permettre la naissance dans les prochaines années d'un parc naturel, touristique, archéologique et culturel. La France devrait se voir confier le développement du site. « Pour le royaume, le partenariat avec la France sur ce projet est tout à fait naturel compte tenu de l’expertise française reconnue dans la mise en valeur du patrimoine culturel et archéologique » annonçait récemment le Prince en charge du projet.

Dernier né des projets touristiques saoudien, Amaala souhaite faire de 3 800 km2 au bord de la mer rouge la « french riviera du Moyen-Orient ». Le développement de ce projet touristique de luxe commencera en 2019 et devrait s’achever en 2028. Les premiers touristes pourront eux être accueillis dès la fin 2020.

Le projet prévoit notamment 2500 chambres d’hôtels pour les visiteurs ainsi que 700 résidences pour ceux qui souhaiteraient s’installer sur place. Dans un premier temps ce projet sera financé par le fonds d’investissement saoudien (PIF) mais s’ouvrira aux investisseurs étrangers au fur et à mesure de son développement.

Aussi, si actuellement le royaume saoudien attire 8 millions de pèlerins qui viennent principalement à La Mecque, il possède des ambitions démesurées en matière de tourisme. L’ouverture des visas touristiques et le développement de projets d’ampleur internationale, devraient permettre d’amorcer cette transformation et de faire de l’Arabie saoudite une destination touristique mondialement réputée.


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