Le football en ligne de mire

par C’est Nabum
jeudi 2 novembre 2023

 

Symptôme et syndrome

 

Alors que nombre de disciplines sportives ne provoquent aucun trouble à l'ordre public, il en existe une qui ne cesse de défrayer la chronique selon l'expression consacrée et surtout d'effrayer toute personne raisonnable qui se préoccupe de l'état mental de ses concitoyens. La norme dans ces tribunes de la honte est un ensemble de comportements qui auraient de quoi interroger sur la raison de ceux qui se livrent à pareils excès.

Le plus affligeant cependant est que ceux-là sont qualifiés de supporters, que des caméras aiment à montrer en gros plan leurs grimaces, leurs tenues, leurs comportements dignes des grands rassemblements fascistes d'autrefois : jeunes hommes surtout, torse nu, bras tendu, dos à la pelouse haranguent une masse de leur pareils pour que se multiplient gestes obscènes, propos homophobes ou racistes et cris de singe. Parfois quelques jets de projectiles complètent le tableau.

Leur pouvoir de nuisance ne s'arrête pas à la tribune. Sur le chemin du stade, ils sont encore capables de multiples prouesses allant de caillassage en règle de bus au tabassage de leurs rivaux, à la mise à sac de quelques commerces et d'autres réjouissances qui s'accompagnent du souillage systématique des rues.

Ils sont la lie de notre société, sont organisés en groupe de supporters aux noms non équivoques, ne leurrant personne sur leurs intentions belliqueuses certes mais trouvant grâce auprès des dirigeants sportifs de ces clubs qui espèrent acheter la paix sociale et sportive en leur accordant droits et considération. La pire des erreurs en somme.

À maintes reprises, la preuve est administrée que l'État est incapable d'assurer le maintien de l'ordre aux alentours et dans l'enceinte sportive en dépit d'un déploiement de forces de l'ordre qu'on ne retrouve pas dans d'autres sports. Pire encore, les sanctions ne sont jamais à la hauteur en dépit des caméras de surveillance, des stadiers qui sont souvent issus de ces groupuscules et des mesures spécifiques prises par la préfecture.

Les interventions de la ministre des sports ou du ministre de l'intérieur, en dépit de leur nature catégorique, ferme et définitive ne changent rien à la chose. Au lieu d'avouer leur impuissance, ils promettent de faire mieux la prochaine fois : antienne bien connue dans le langage sportif. La perspective des prochains Jeux olympiques devrait alerter les autres nations, la grande célébration fastueuse du sport mondial a été confiée à une nation totalement dépassée par ses troupes.

Le pire est que personne ne veut ou ne songe à penser que ce ne sont pas là des mouvements sporadiques, des coups de folie, des actes isolés mais qu'il s'agit bien d'une stratégie délibérée d'une fange politique qui espère semer le chaos pour accélérer son ascension électorale. Là où les analystes ne voient que des symptômes épars d'un mal être tricolore, il conviendrait d'envisager le syndrome d'une peste à venir.

Il n'est qu'à regarder ces hordes alcoolisées, ces êtres vociférant et beuglant, leurs gestes et leurs paroles pour se persuader que le sport n'est qu'un prétexte à un dessein noir et fangeux. Ces sont là les bataillons avancés d'une stratégie de pourrissement du corps social. Curieusement ou non, en s'attaquant ainsi au plus grand symbole de la déliquescence du système en place, le football, ils ne frappent pas au hasard.

Bien-sûr, il me sera rétorqué que j'agite l'épouvantail illusoire du complot. Que tout ceci n'est pas fomenté par une pensée haineuse et que bien au contraire, au parlement, les adeptes de cette idéologie se comportent fort bien au point de participer au maintien en place d'un pouvoir à l'asphyxie. Comme dans le même temps, l'autre extrême confond le parlement et une tribune de football, il n'est plus rien à dire ni même à espérer de notre déclassée classe politique.

À contre-pied.


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