N’avons point besoin de gloire Laissez nous aller en paix

par C’est Nabum
samedi 11 novembre 2023

 

Après des années d'enfer

 

 

Après des années d'enfer

Combattant pour notre roi

Sur les vaisseaux de guerre

Ces épouvantables Anglois

Reviens sur mon petit bateau

sur ma tant aimée rivière

Offrirai ex-voto

pour exaucer ma prière

 

 

N'avons point besoin de gloire

Laissez nous aller en paix

Votre rêve de victoire

Pour nos vies n'a de respect

Votre rêve, notre cauchemar

Nous promet d'autres gibets

N'avons point besoin de gloire

Laissez nous aller en paix

 

Au nom de la liberté

De pauvres gars innocents

Il me fallut trucider

Les jetant dans l'Océan

Lors de ce combat naval

Je compris la vacuité

Des ordres de l'amiral

Pour cette guerre sans pitié

 

 

De retour dans mon village

Je maudis le souverain

Tant de haine en mon bagage

Contre ces nobles marins

Pour tous ceux-là,nous n'étions

que malheureux enrôlés

De la chair à leurs canons

Pour servir la royauté

 

 

Quand vint la révolution

J'ai porté notre parole

Maudissant la conscription

De tous ceux là qu'on enrôle

Mes propos tombèrent à l'eau

car pour vos nouveaux combats

La mort réclamait son lot

De ceux qu'on désignait soldats

 

Après des années de guerre

Pour notr' République

J'ai connu bien des enfers

de nouveaux destins tragiques

Quand alors survint l'Empire

Pour la gloire de la patrie

D'un tyran qui n'aspire

qu'au sacrifice de nos vies

 

N'avons point besoin de gloire

Laissez nous aller en paix

Votre rêve de victoire

Pour nos vies n'a de respect

Votre rêve, notre cauchemar

Nous promet d'autres gibets

N'avons point besoin de gloire

Laissez nous aller en paix

 

À écouter absolument

 

Aux croix de bois et à leurs frères d'arme ...

 

Notre Président en tant que digne successeur de ses devanciers est passé maître dans l'art d'instrumentaliser l'Histoire, de la plier à son bon vouloir, de la rêver selon des fantasmes et les illusions d'une gloire nationale qui n'existe plus que dans les têtes tricolores. Son ambition secrète réside sans doute dans sa volonté de décrocher un jour le prix Nobel de la paix tout en restant le représentant de commerce de notre industrie de l'armement.

Ce délire révisionniste va une fois encore trouver son apogée lors de la commémoration d'un onze novembre, devenue une vaste kermesse de la célébration tout azimut. Les derniers survivants de la grande guerre ayant depuis longtemps mis leur dernière arme à gauche, l’État a échappé à la tentation de supprimer ce jour férié en le travestissant honteusement en une commémoration à la gloire des agitations belliqueuse de la France.

Si nos Présidents font si peu de cas des symboles, c'est sans doute que l'opinion publique se manipule aisément. Célébrer ainsi les militaires de métiers qui ont hélas laissé leur vie dans des expéditions aussi lointaines qu'hasardeuses, aussi inutiles que contre productives est en regard du sacrifice que ces hommes ont fait, nécessaire. Par contre, confondre cela avec le carnage désastreux de pauvres types qui n'avaient rien demandé, est une insulte à tous les morts de la circonscription et de la mobilisation générale.

Devant le tombeau du soldat inconnu, l'homme d’un coup de baguette magique va substituer à ce symbole si douloureux et glorieux, la représentation de tous les militaires qui portent les couleurs de notre Nation sur les fronts du monde entier. Et le pauvre poilu anonyme et martyrisé dans sa chair de se remuer dans son caveau métaphorique. Il ne peut en aucune manière être comparé à un soldat de métier pour lequel la mort en opération relève si j'ose dire, de l'accident professionnel sans pour autant minimiser le drame personnel que cela représente.

Il y a une telle différence entre la mère de toutes les batailles, ce charnier monstrueux où l'homme n'était plus invité dans les rangs de l'humanité, où des pauvres bougres furent considérés comme de la chair à canon par des professionnels de la chose militaire et les projections de nos troupes en territoires extérieurs. Les victimes honorées étaient alors dans leur immense majorité des conscrits ou des mobilisés, des gens qui n'avaient rien demandé et qui furent contraints de suivre les ordres iniques de leurs chefs.

La célébration du onze novembre devrait monsieur le Président, rendre hommage à la mémoire de toutes les jeunesses de ce pays vouées à la disparition ou au handicap pour la gloire de quelques galonnés, les folies des politiques d'alors et les bénéfices industriels qui de toutes les époques ont fait de la guerre une opération rentable. Le soldat inconnu est le symbole de tous les civils contraints par la force de porter l'uniforme pour défendre des idéaux qui ne fut jamais les leurs. Il est conscrit, appelé, embrigadé, incorporé mais en aucun cas militaire de carrière

Le onze novembre devrait être à jamais un temps de mémoire et de rejet de la guerre ; cette horreur absolue qui ne devrait jamais plus se reproduire. Au lieu de quoi, on nous impose défilé militaire, discours absurdes qui hérisseraient ceux qui chantaient la chanson de Craonne ou le temps des cerises. Au lieu de quoi, le chef des armées vient à la place évoquer la mémoire des soldats morts dans les opérations qui projettent nos soldats professionnels sur les différents théâtres d'opérations (c'est ainsi qu'ils disent) de ce monde en perpétuel agitation.

Même si la douleur des familles est éminemment respectable, même si toute mort par les armes est insupportable, même si nous leur devons reconnaissance et respect, il n'y a pas de comparaison possible entre ces jeunes gens, volontaires et fort bien équipés, soldats d'une armée qui aujourd'hui a, nous l'espérons le souci de la vie des siens, il n'est aucun confusion possible entre ces héros modernes et ces pauvres anonymes qu'on envoyait à la mort certaine sans plus état d'âme que l'on met les gens au chômage ou à la rue aujourd'hui.

Cette confusion savamment orchestrée transforme une journée de rejet de la guerre en une opération marketing pour notre armée de métier qui défile fièrement sur les Champs Élysées. C'est l'exact contraire de ce que devrait rester le onze novembre. Il conviendrait d'en faire une grande journée de réflexion sur la barbarie, la folie des guerres et la monstruosité des humains. Le seul slogan qui devrait sortir des poitrines des enfants, des civils, des hommes et des femmes de ce pays serait : « Plus jamais ça ! », bien loin de ce que vous entendez mettre en place, hélas avec des discours pompeux, des postures martiales qui sont une insulte à tous les morts malgré eux de l'Histoire de notre folie belliqueuse !

 


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