Des bassines à la Bourse

par olivier cabanel
mardi 11 avril 2023

Les drames à répétition des méga-bassines, de celle de Sainte Soline aux 27 autres, mettent en évidence la volonté de mettre l’eau en coupe réglée, qui pourrait bien aller bientôt jusqu’à sa cotation en bourse.

C’est d’ailleurs déjà le cas aux USA, puisque le 20 décembre 2020 l’eau est entrée en bourse, celle du Chicago Mercantile Exchange, devenant ainsi une valeur marchande qui pourra monter ou descendre selon le bon vouloir des boursicoteurs en tout genre. Lien

Au-delà des légitimes questions que posent cette nouvelle gestion de l’eau, qui, rappelons-le est encore un bien public, ne pouvant être accaparé par quelques-uns, quels qu’en soient les arguments déployés, il ne faut jamais oublier que ce stockage en Bassines provoque l’évaporation et donc la perte de milliers de m³ d’eau, sous l’action du soleil, ce qui ne peut arriver lorsque cette même eau se trouve en nappe phréatique.

Selon Christian Amblard, directeur de recherche au CNRS, les pertes dues à l’évaporation vont de 20 % à 60 %.

Celle de Sainte Soline contient 720 000 m³ d’eau, susceptible donc de voir s’évaporer plus de 430 000 m³ d’eau. lien

De plus, cette eau qui stagne provoque l’apparition de bactéries, de micro-algues, tout en asséchant les sols, brisant ainsi l'équilibre écologique. Lien

Cerise sur le gâteau, ces ouvrages contribuent à toujours plus d’industrialisation de l’agriculture, et à un usage accru de pesticides divers et variés.

Ajoutons à ce sujet que le 6 avril dernier, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) a publié un rapport démontrant que la proportion de contamination de l’eau potable a atteint dans notre pays des proportions inouïes, suite à la contamination provoquée par le chlorothalonil R471811, ce pesticide utilisé en France entre 1970 et 2019 a pollué au moins 34 % de l’eau potable distribuée en France et serait non conforme aux réglementations sanitaires, et selon le quotidien « Le Monde », plus de la moitié de la population française est concernée par cette pollution. lien

C’est l’occasion de rappeler que plus de 71 % des terres agricoles servent à alimenter le bétail, et qu’en 2016 seuls 24 % des céréales étaient destinés à l’alimentation des humains. lien

Mais revenons à la bourse…

Avons-nous oublié l’un des aspects du fameux « plan eau » exposé par Macron le 30 mars dernier ?

Il a pris l’axe du fait que « l’eau était précieuse » et qu’il fallait donc l’économiser...mais il faut savoir lire entre les lignes de son « plan », et tenter de décrypter le point 50 qui décrit « un outil simple et d’accès et d’utilisation sera déployé afin que chacun puisse connaître les restrictions qui s’appliquent en fonction de la géolocalisation et de sa catégorie d’usager, et les écogestes recommandés au regard de la situation hydrologique locale  ».

Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce qu’il faut bien appeler un « élément de langage » ?

Rodolphe Baquet, animateur du blog «  la lettre alternatif bien-être », a son idée sur la question.

Il écrit : « nous sommes face à un état qui, complice des géants de l’agro-alimentaire, laisse l’eau, bien universel et essentiel à la vie, être irrémédiablement polluée par des substances dangereuses pour la santé, et est en train de préparer et d’organiser la confiscation à grande échelle de l’eau et sa gestion rationalisée », sur le modèle de n’importe quelle autre matière première non essentielle et cotée en bourse  ». lien

Nous voilà prévenus, car comme dit mon vieil ami africain : « la parole est comme l’eau, une fois versée, on ne la ramasse pas  ».

le dessin illustrant l’article est de Philippe Tastet

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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