Humidité des sols : la sécheresse est-elle vraiment enrayée ?

par hommelibre
mercredi 12 avril 2023

Je mentionnais récemment la recharge en humidité des sols en France. Mars a été pluvieux. Mais le risque de pénurie ou de sécheresse n’est pas encore écarté. L’image 1 (clic pour agrandir) d’info-sécheresse montre les nappes phréatiques de surface. Les nappes profondes sont aussi en situation tendue.

Racines

L’image 2 de Météoblue montre le taux d’humidité des sols entre 10 et 40 cm de profondeur. L’image 3 montre le taux entre 100 et 200 cm. Ce taux varie selon les précipitations, la qualité du sol et sa capacité hydrophile.

Dans la plupart des régions où la tendance est au bleu, le taux d’humidité varie entre 20 % et 35 %. C’est déjà bien, mais cela peut encore être mieux. Sans surprise le sud-ouest et l’ouest de la France sont plus secs. L’influence réchauffante de l’Espagne se fait remarquer. La Suisse est plutôt bien servie, surtout la Romandie.

 

Par contre il y a un souci avec l’Espagne. J’ai déjà documenté les causes des sécheresses et désertifications, en particulier l’économie du mouton pendant le Moyen-Âge, ici et ici. Il faut creuser à plus d’un mètre pour trouver un sol humide. La première couche, celle où l’on trouve les racines des végétaux, est sèche. À moins de fortes pluies prochainement, les conditions d’une prolongation de la sécheresse sont présentes.

On pense parfois que les racines des arbres descendent très profondément dans la terre pour puiser l’eau. Ce n’est pas exact. Certains arbres, comme le saule pleureur, ont de longues racines, mais beaucoup d’entre eux développent leurs réseau racinaires à moins de 1 mètre de profondeur, et même dans les premiers 50 centimètres.

 

Reforester

C’est valable par exemple pour l’eucalyptus, arbre intéressant pour l’adaptation au réchauffement et aux sécheresses, dont les racines se développent dans les premiers 50 cm malgré sa hauteur qui peut aller jusqu’à cinquante mètres. C’est aussi valable pour le chêne même si quelques-unes de ses racines peuvent descendre à moins 4 mètres.

Ils tiennent debout en solidarisant leurs racines avec celles d’autres arbres, avec lesquels ils échangent également de l’eau et des nutriments. Un arbre peut développer de nouvelles racines en profondeur en cas de sécheresse, mais le milieu nutritif est alors plus pauvre.

 

Les sols d’une grande partie de l’Espagne sont très peu humides. La terre elle-même s’est appauvrie. Sans un plan d’envergure ce pays sera de plus en plus désertique, et la France recevra les vagues de chaleur saharienne que plus rien ne tempère.

Si la sécheresse récente marque le pas, elle n’est pas encore enrayée. Le volume des dernières pluies était moyen à faible et la végétation consommatrice d’eau sort maintenant. Je ne suis pas rassuré pour l’été prochain, surtout en sachant que les grandes sécheresses documentées en péninsule ibérique peuvent durer plusieurs années consécutives.

Et le réchauffement n’est pas la cause, il ne fait qu’accentuer l’évapotranspiration du couvert végétal et l’assèchement des sols.

 

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