Burkini là, bikunu* partout ailleurs
par Fergus
mardi 13 août 2024
Une nouvelle fois, le burkini fait parler. Cette fois-ci, c’est en Corse où un maire a pris un arrêté pour l’interdire sur les plages de sa commune. Partout ailleurs sur le littoral, ou presque, le bikunu* offre en revanche de nombreuses paires de fesses nues aux regards de tous sans que cela ne suscite le moindre incident...
L’an passé, c’était le maire de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) qui interdisait par arrêté municipal le port du burkini sur les plages de sa commune. Une initiative invalidée par une décision du Conseil d’État en date du 17 juillet 2023, conformément à l’application des principes de droit qui régissent les libertés individuelles dans notre pays. Cette année, c’est au tour du maire de Lecci (Corse-du-Sud) – un village touristique du golfe de Porto-Vecchio – d’interdire « l’accès aux plages (...) à toute personne n’ayant pas une tenue correcte respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité. »
En prenant cet arrêté, le maire de Lecci ne vise évidemment pas les paires de seins ou de fesses qui pourraient être exhibées ici ou là, mais le port du burkini. L’édile le confirme sans détour : « Les tenues religieuses ostentatoires peuvent être source de conflit grave. » C’est donc pour mettre ses administrés à l’abri de « risques de troubles à l’ordre public » que le maire a agi de manière préventive. Tout particulièrement, a-t-il précisé, dans une période où « la France et les lieux de culte religieux peuvent être la cible d'actes terroristes », ce qui pointe clairement du doigt les menaces islamistes.
Le burkini peut-il être pour autant considéré comme une « tenue religieuse » ? Non, en aucune manière. Mais le fait semble établi que, dans la plupart des cas, ce vêtement de bain est délibérément porté de manière ostentatoire par des femmes musulmanes à des fins de provocation religieuse. Dès lors, la réaction de ce maire corse, très attaché au « principe constitutionnel de laïcité » est compréhensible. Comme l’a été celle de son alter ego de la commune voisine de Zonza, lequel lui a emboîté le pas en prenant également un arrêt d’interdiction avant de faire rapidement marche arrière.
Un rétropédalage induit par les pressions de la préfecture régionale de Corse sous peine de saisine du tribunal administratif. Qu’il y soit contraint par la Justice ou qu’il agisse de son propre chef, le maire de Lecci devrait, lui aussi, annuler cet arrêté manifestement non conforme à la jurisprudence en la matière. Une décision logique en l’absence de troubles à l’ordre public avérés. Dès lors, en Corse-du-Sud comme sur le reste du territoire, le port du burkini restera toléré sur les plages tandis qu’il continuera d’être interdit dans les piscines municipales, ne serait-ce que pour des raisons d’hygiène.
Infiniment plus visible sur nos plages est le bikunu*, autrement dit le bikini qui masque les seins et le pubis, mais dévoile plus ou moins généreusement les fesses des baigneuses qui l’ont adopté. En juillet 2022, dans un article intitulé Couvez vos seins, montrez vos fesses, je portais, si j’ose dire, un regard sur cette évolution des mœurs pour le moins étonnante. Au fil des étés, l’on a, en effet, progressivement vu disparaître les seins nus et, de manière concomitante, apparaître de façon plus ou moins ostentatoire des fesses d’autant plus généreusement dévoilées que le slip de bain s’apparente souvent à un string.
Certes, comme indiqué dans l’article mis en lien ci-dessus, les mises en garde des dermatologues sur les risques accrus de développer un cancer de la peau – les seins sont une zone sensible – ont joué un rôle important dans la disparition progressive du monokini. Mais pas seulement : ces dames et demoiselles ont, dans des proportions à peu près équivalentes si l’on se réfère aux études dédiées à ce sujet, invoqué le désagrément de subir des « regards concupiscents » sur leur poitrine dénudée. D’où ce retour à la pudeur que ne manque pas d’interroger la mode des fesses nues qui s’est répandue ces dernières années.
Ne plus montrer ses seins, mais exhiber sans complexe ses fesses est donc dans l’air du temps. Dès lors se repose la question : « Y aurait-il moins de remarques graveleuses ? moins de regards concupiscents posés sur les postérieurs si généreusement dévoilés aux yeux de tous que naguère sur les mamelles des baigneuses ? » Nul doute que les dames qui interviennent sur AgoraVox auront à cœur de répondre à cette question. Et peut-être des femmes musulmanes pourront-elles nous donner leur avis, tant sur le port du burkini que sur celui du bikunu ?
* Bikunu® est en réalité une marque de maillots de bains pas uniquement spécialisée dans les strings de baignade. Mais de la même manière que frigidaire ou vaseline sont, naguère, devenus des noms communs, bikunu pourrait suivre le même chemin.