Simone Weber était une grande sculptrice impressionniste

par Sylvain Rakotoarison
samedi 13 avril 2024

« Et Oussama Ben Laden chanteur d'opéra. » (Un tweet le 9 avril 2024).

Mourir est toujours une tragédie. Mourir en prison encore plus. Mais il est des informations qui se conforment peu à une présentation objective de la réalité. Certes, dès qu'on commence à évoquer le conflit israélo-palestinien, on tombe souvent dans la partialité. Pourtant, il y a encore des faits. Le 7 avril 2024, le citoyen israélien par ailleurs palestinien Walid Daqqa est mort à l'âge de 62 ans (né le 18 juillet 1961). Pour sa famille, pour ses proches, dans tous les cas, c'est une tragédie et je compatis à la peine.

Si l'on en croit la présentation de l'organisation Amnesty International, que d'aucuns, en Israël, voudraient renommer "Hamasty International", ou des journaux comme "Le Monde", Walid Daqqa était un gentil écrivain palestinien, détenu dans les méchantes prisons israéliennes depuis trente-huit ans (l'une des plus longues détentions en Israël). L'organisation ne l'a pas dit mais le laissait entendre, Walid Daqqa aurait été détenu parce qu'il serait un écrivain, comme des journalistes sont détenus aujourd'hui en Russie parce qu'ils sont des journalistes et qu'ils font leur boulot.

 

Les commentateurs pro-palestiniens peuvent d'ailleurs en rajouter une couche en parlant de méchantes prisons sionistes (ça ne mange pas de pain), et laisser entendre qu'il était un prisonnier politique.

Le problème, c'est que la réalité est tout autre, sauf celle de sa mort, et comme écrit au début, ce fait (cette mort) reste toujours une tragédie, quelle qu'elle soit. Arrêté le 25 mars 1986, Walid Daqqa a été condamné à trente-sept ans de prison pour avoir commandité l'enlèvement, les tortures et l'assassinat d'un jeune Israélien de 19 ans, Moshe Tamam, en 1984 (voir photographie en fin d'article). Ou plus exactement, il a été condamné en 1987 par une cour militaire israélienne à la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle, peine réduite en 2012 à trente-sept ans de prison. En 2018, sa peine est augmentée de deux années supplémentaires pour avoir fait du trafic de smartphones dans sa prison, si bien que la date de sa libération était prévue pour le 24 mars 2025.

Donc, selon la justice israélienne, il n'était pas un prisonnier politique, mais un criminel, membre du Front populaire de libération de la Palestine, une organisation terroriste fondée en 1967 par Georges Habache, qui a commandité et organisé la mort atroce de Moshe Tamam. Ce jeune soldat israélien a été enlevé, torturé (on l'a castré, énucléé, etc.) avant d'être assassiné.

 

Walid Daqqa a pu utiliser ses années de détention à poursuivre ses études jusqu'à obtenir une maîtrise de sciences politiques, et à devenir un écrivain (qu'il n'était pas en y entrant). Il préparait également un doctorat à l'Université de Tel-Aviv. Il n'a pas bénéficié des échanges de prisonniers entre l'Autorité palestinienne et Israël dans le cadre des Accords d'Oslo en raison de sa nationalité israélienne.

Il a pu également se marier en 1999, et même avoir une fille, née en 2020, par une insémination artificielle (son prélèvement ayant réussi à sortir clandestinement de sa prison).

En outre, Waild Daqqa n'a pas succombé à d'éventuels mauvais traitements en prison, mais d'un cancer de la moelle osseuse diagnostiqué en 2022 qu'il a pu traiter par une chimiothérapie (malheureusement sans beaucoup de succès). Du reste, il est mort au Centre médical Shamir qui est l'un des quatre plus grands hôpitaux universitaires d'Israël avec ses près de 3 500 médecins, infirmiers et soignants (nommé en l'honneur de l'ancien Premier Ministre israélien Yitzhak Shamir).



Amnesty International, qui est loin d'être impartiale sur ce sujet, prétend que Walid Daqqa a été maltraité par les geôliers israéliens après le massacre du 7 octobre 2023. Il reste qu'il n'est pas mort en prison mais à l'hôpital. Les autorités israéliennes ont pour l'instant refusé de rendre la dépouille à la famille, peut-être pour ne pas encourager des rassemblements violents.

La manière dont la mort de Walid Daqqa a été annoncée a choqué plus d'une personne en France, voire a donné la nausée. Ainsi, la journaliste Céline Pina a tweeté le 10 avril 2024 : « Walid Daqqa, contrairement à ce qu’écrit Amnesty International, n’est pas un écrivain palestinien mort en prison en Israël, victime de la vindicte de l’État hébreu. C’est un tortionnaire qui a kidnappé, torturé, castré, énucléé et tué un jeune soldat de 19 ans. Par haine des Juifs. Ce n’est pas une victime mais un bourreau. ». Ça recadre un peu l'information.

Un autre a fait cette comparaison d'un Oussama Ben Laden considéré comme un chanteur d'opéra. Et moi, Simone Weber, cette bouchère diabolique de Nancy qui vient de mourir ce jeudi 11 avril 2024 à l'âge de 94 ans, condamnée en 1991 à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son ancien amant, comme une sculptrice impressionniste. À la meuleuse à béton à six mille tours par minute. Walid Daqqa a toujours nié avoir été impliqué dans l'enlèvement et l'assassinat de Moshe Tamam. Simone Weber aussi a toujours revendiqué son innocence. Aujourd'hui, je pense d'abord à la mémoire de Moshe Tamam, qui aurait eu, cette année, 59 ans.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 avril 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Walid Daqqa.
7 octobre 2023 : l'hommage aux victimes françaises.
Discours du Président Emmanuel Macron en hommage aux victimes du 7 octobre 2023 aux Invalides le 7 février 2024 (texte intégral et vidéo).
L'avenir de la France se joue aussi à Gaza !
La naissance de l’État d’Israël.
David Ben Gourion.
Gaza : quel est l'accord entre Israël et le Hamas ?
Le rappel très ferme d'Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.
Conflit israélo-palestinien : la France est-elle concernée ?
Dominique de Villepin toujours pro-palestinien ?
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Gaza, victime avant tout du Hamas ?
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Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 12 octobre 2023 (vidéo et texte intégral).
Allocution du Président du Sénat Gérard Larcher le 11 octobre 2023 (texte intégral).
Horreur totale en Israël ; émotion et clarification politique en France.
Israël en guerre contre son agresseur terroriste, le Hamas.
Les Accords d'Oslo.

 


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