Europe 2.0 : Une démocratie « user friendly »

par Laurent Bervas
mercredi 9 août 2006

L’Europe est un projet révolutionnaire, car il s’agit de dépasser le cadre des états nations et de faire travailler ensemble 27 pays. C’est un beau combat, un territoire presque vierge où il faut inventer quelque chose qui ressemblerait à une gouvernance mondiale.

Les lois de l’Europe sont aujourd’hui supérieures aux lois nationales et si l’on veut changer quelque chose en France il faut commencer par le faire en Europe. Le traité de constitution est aujourd’hui en friche et doit être réécrit. Je suis persuadé qu’une initiative viendra du net et proposera « quelque chose d’autre ».

On pourrait comparer le Traité de Constitution Européenne (TCE) à un programme informatique ayant en charge le fonctionnement de l’Europe. Dans la métaphore du logiciel on peut dire que les utilisateurs (les citoyens) ont refusé de valider cette nouvelle version. Sa complexité avait de quoi provoquer la méfiance (1) : impossible de l’essayer avant « de l’installer », impossible de savoir s’il y avait ou non des bogs, des virus ou s’il allait tout simplement mieux fonctionner que l’ancien. Les « utilisateurs » n’avaient aucune possibilité de demander des modifications, le seul outil à leur disposition était une urne avec 2 boutons marqués « oui » ou « non ». Si le rôle d’un parlement est d’écrire et de voter les lois, le TCE est peut être l’illustration que nous arrivons à la limite du système démocratique tel que nous le connaissons : les lois et projets constituants (comme le TCE) sont complexes et sont la plupart du temps écrits par des spécialistes. En France, ce sont souvent les cabinets ministériels qui élaborent les lois qui sont ensuite votées (puis amendées) par des députés. Nos députés ont-ils les moyens de comprendre ou même la liberté de changer les choses : la complexité croissante des lois, le lobbying ou la discipline de partis finissent par rendre le parlement inopérant.

S’inspirer du développement logiciel ? Pour revenir à la métaphore du logiciel, le TCE serait un Operating Système (OS) qui pourrait ressembler à Windows : lourd, opaque et écrit en grande partie sous la dictée des lobbies qui avaient seuls les moyens d’accéder aux équipes de développement. On pourrait rêver d’un TCE (en version 2.0) qui ressemblerait à Linux : libre, robuste, portable et dont le code source serait ouvert et évolutif. On pourrait dans une nouvelle rédaction s’inspirer des méthodes modernes de développement logiciel : impliquer les utilisateurs dans la rédaction des spécifications et dans tout le processus de développement, et mettre en place un « process qualité » (développement modulaire, prototypage, jeux de tests, etc ...). Il n’y a rien d’impossible à cela techniquement car finalement le TCE n’est qu’un logiciel d’une complexité moyenne : son code source ne compte qu’une centaine de pages écrites en français alors que Linux (écrit en langage C++) en comprend quelques dizaines de milliers.

C’est le bon moment ! Le rejet du TCE par le peuple français et Hollandais a plongé l’Europe dans une crise majeure et il est fort probable que nos gouvernants ne s’aventureront pas de si tôt à proposer un nouveau texte, ils sont tétanisés. C’est pour cela que le renouveau ne peut venir que des citoyens. Avons-nous d’autre alternative que d’avancer et de surmonter notre peur du vide. A ne rien faire, on risque tout simplement de réveiller les nationalismes bruns que l’on croyait oubliés. Avons-nous d’autre choix que d’avancer et innover ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ! » (Marc TWAIN)

Cet article faire suite à : Démocratie 2.0 : une démocratie "user friendly"


Lire l'article complet, et les commentaires