LFI parti antisémite ! Ah bon ?

par Alain Alain
vendredi 21 juin 2024

LOI du 6 août 2012 art. 4 : La diffamation commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée sera punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.

Serge Klarsfeld, son fils Arno, Alain Finkielkraut déclarent qu’ils voteraient pour le Rassemblement National contre LFI au second tour des élections, s’il le fallait, parce que LFI est un parti antisémite, son leader Jean-Luc Mélenchon, particulièrement.

Tous en cœur, la très grande majorité des « journalistes », (même certains du Canard enchainé), comme les chroniqueurs payés pour donner leur opinion, (même quand ils n’ont aucune compétence pour le faire et à condition que l’opinion soit la même pour tous), les politiciens de tout bord répètent inlassablement : Mélenchon antisémite, Rima Hassan antisémite, LFI parti antisémite.

Mais que s’est-il passé pour que des militants issus de la gauche historiquement et fermement engagée dans le combat contre l’antisémitisme et tous les racismes soient ainsi stigmatisés ? Tous devenus d’affreux antisémites.

La réponse est venue de Yonathan Arfi, président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) ce matin jeudi 20 juin à 7H50 sur France Inter.
LFI est un parti antisémite parce qu’il met constamment en avant les massacres à Gaza et qu’il accuse de crime contre l’humanité, les dirigeants israéliens d’extrême droite parmi lesquels on trouve des religieux juifs fondamentalistes fanatisés.
D’habitude beaucoup parmi ceux qui tiennent ce discours ajoutent que c’est pour mobiliser les « communautés d’origine maghrébines » lors des élections. Yonathan Arfi, lui, ne l’a pas dit. Craignait-il d’être soupçonné d’islamophobie ? Ce qu’il ne peut se permettre comme pourfendeur de l’antisémitisme.

Ces insoumis parlent trop !

Dénoncer la réduction en ruine de toute la bande de Gaza, dénoncer les massacres par les bombardements aveugles, la famine, la privation de soins médicaux, des gazaouis innocents et appeler sans relâche à l’arrêt de ce qui pourrait être jugé comme un génocide un jour : c’est être antisémite quand on en parle trop souvent !
Même si en exigeant la libération des otages et la reconnaissance du droit à vivre en paix de deux états, palestiniens et israéliens. Et donc vivre en paix pour les israéliens aussi !

Du coup je me suis découvert abominable antisémite, moi qui tous les jours en écoutant les informations me révolte : « ils sont pire que Poutine ; personne ne veut les arrêter ; qu’ils soient tous maudits ! »

Comment ont réagi les antisémites de LFI quand le député Jérome Guedj a reçu des courriers antisémites et injurieux en janvier 2024 ?
« Cher Jérôme, c’est ignoble. Tu as raison de faire savoir que ce niveau de haine antisémite existe en France. Je suis avec toi », a écrit la députée de La France Insoumise, Raquel Garrido.
« Horreur et dégoût. Soutien total à toi Jérôme », a envoyé de son côté Louis Boyard, autre figure des Insoumis.
« Total soutien à Jérôme Guedj. L’antisémitisme est un délit, leurs auteurs doivent être poursuivis », a souligné de son côté la députée LFI de Paris Danielle Simmonet

Et quand, en 2022, Emilie Frèche réalisatrice du film « Liberté Égalité Humanité LES ENGAGÉS » qui traite de l'accueil des migrants a reçu une myriade d'insultes antisémites adressée à « la juive Émilie Frèche ».
« Soutien contre les insultes et les menaces. Ils ne feront jamais taire l’humanisme que ce film met en lumière », a "tweeté" le député insoumis Manuel Bompard.
« La fraternité les révulse, vous vous en avez fait un film aussi beau que bouleversant », a renchéri son collègue de la NUPES, Benjamin Lucas.

Et le pire des insoumis antisémite, Jean-Luc Mélenchon, ne pas nier ces propos qu’il assène et depuis longtemps :
« Chaque juif dans le plus modeste village de France doit savoir que s’il est mis en cause parce qu’il est juif, il me trouvera à l’instant d’après à ses côtés. Tout ce qui ressemble à de la discrimination sur la base de la religion, du sexe ou de la couleur de peau m’insupporte au dernier degré et je la combats politiquement ».
Dans une allocution à l’Assemblée nationale le 19 février 2019, a propos de tags antisémites et d’Alain Finkielkraut insulté par un Gilet jaune, Jean-Luc Mélenchon a déclaré : ces actes antisémites « choquants », « détestables » et « inacceptables », a exprimé sa « condamnation la plus nette et ferme » de l’injure à Finkielkraut, son inquiétude devant cette « vieille et horrible habitude de désigner des boucs-émissaires ». Puis, dans un tweet : « Autour de Finkielkraut, il y avait aussi des Gilets jaunes qui voulaient le défendre et s’opposer à l’attaque. Je suis avec eux. »

Bizarrement, concernant cet antisémite notoire, la justice ne l’a jamais condamné ! Au contraire !!
« En 2012, Jean-Luc Mélenchon a gagné son procès contre Jean-François Copé, Nathalie Kosciusco-Morizet et Alain Juppé qui l’avaient accusé d’antisémitisme. Les trois ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris au titre du préjudice moral.
Plus récemment, le 28 février 2022, le tribunal judiciaire de Paris a condamné CNews à accorder un droit de réponse à LFI accusée sur cette chaîne d’être un parti antisémite. »

Et ces derniers mois ces nombreux pourfendeurs qui ont dénoncé son antisémitisme débridé, aucun n’a porté plainte contre lui ! La crainte d’une justice trop complaisante à son égard sans doute au vu des précédentes tentatives.

À contrario, que s’est-il passé pour qu’un parti créé par des pronazis, des collabos, des pétainistes, des antisémites notoires dont de nombreux membres ont été condamnés par la justice pour antisémitisme et qui investit des candidats connus pour leur antisémitisme soit devenu fréquentable pour des personnalités éminentes juives ?
Peut-être leur haine d’une vraie gauche trop radicale à leurs yeux ?

Une tribune collective publiée le 19 juin 2024 établit l’inanité des accusations portées contre LFI. En voici le début :

Une « accusation d’une gravité sans nom » et une « infamie politique ». Hier, dans une tribune publiée sur le site Au Poste, des intellectuels ont pris la plume pour dénoncer « l’abjecte accusation d’antisémitisme » portée contre la France Insoumise. Annie Ernaux, Ludivine Bantigny, Johann Chapoutot, Fanny Gallot et bien d’autres soulignent les dessous de cette accusation : le rayon paralysant de tout soutien au peuple Palestinien dont « LFI paye le prix fort » pour avoir été les premiers à appeler au cessez-le-feu et la « peur panique » du pouvoir devant le Nouveau Front Populaire.
Les signataires rappellent que Jean-Luc Mélenchon « subit au quotidien cette disqualification à nos yeux injustes et écœurantes » en rappelant la constance de sa lutte implacable contre le racisme et l’antisémitisme. Ces accusations infâmantes, visant aussi l’ONU, le Pape, Edgar Morin et toutes les voix qui dénoncent le génocide à Gaza, font que la « lutte contre l’antisémitisme en sort affaiblie », rappellent les auteurs. Leur texte est d’utilité publique.
L’Insoumission.fr le relaye dans ses colonnes.
Tout est là, comme on le voit aussi dans un article paru dans Mediapart et consacré à Jean-Luc Mélenchon. Signé de Lénaïg Bredoux et Fabien Escalona, le texte commence par souligner combien, en matière d’accusations d’antisémitisme à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, « la droite, y compris macroniste, et l’extrême droite s’en donnent à cœur joie. Fût-ce en tombant dans le mensonge et la mauvaise foi la plus caricaturale »…

Les signataires :

Fabien Archambault (historien), Simon Assoun (militant juif décolonial), Ludivine Bantigny (historienne), Arno Bertina (écrivain), Christophe Bertossi (politiste), Véronique Blanchard (historienne), Johann Chapoutot (historien), Déborah Cohen (historienne), Heitor de Macedo (metteur en scène, psychanalyste), Paul Elek (chercheur et chroniqueur), Annie Ernaux (écrivaine), Fanny Gallot (historienne), Isabelle Garo (philosophe), Michelle Guerci (journaliste, militante féministe antiraciste), André Gunthert (historien), Leslie Kaplan (écrivaine), Thierry Labica (angliciste), Adam Laloum (pianiste classique), Albert Lévy (juriste et ancien magistrat), Michael Löwy (sociologue), Fanny Madeline (historienne), Joëlle Marelli (traductrice), Dominique Natanson (animateur du site Mémoire Juive & Éducation, porte-parole de l’Union juive française pour la paix), Fabrice Riceputi (historien), Jérémy Rubenstein (historien), Michèle Sibony (militante anticolonialiste), Julien Théry (historien), Laurent Thines (neurochirurgien, auteur), Olivier Tonneau (historien), Enzo Traverso (historien), Jean-Philippe Uzan (chercheur, astrophysicien), Eleni Varikas (philosophe)


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