Qui se souvient du Kon Tiki ?

par Jean-Paul Chapon
mercredi 20 juillet 2005


« On se souvient tous d’Alain Bombard et de son exploit ? » annonce la présentatrice du journal de I Télé. Je ne suis pas sûr qu’elle s’en souvienne, vu son âge, mais en tout cas, depuis hier elle a dû apprendre à s’en souvenir. Pour moi, Alain Bombard me rappelle une autre période, celle des grands exploits, mythiques, qui duraient au-delà du temps d’un journal télévisé.

Alain Bombard a fait sa traversée en « naufragé volontaire » quatre ans avant ma naissance. Malgré tout, j’en ai un extraordinaire souvenir. Cette aventure faisait partie du paysage des histoires, aventures ou événements forts de mon enfance. A cette époque où l’ogre médiatique ne réclamait pas sa ration quotidienne de nouvelles, de records, de drames inouïs ou d’images inédites, un exploit vivait, s’épanouissait, jouait un rôle pédagogique et exemplaire avec le temps nécessaire pour le comprendre, le connaître et en tirer tout l’enseignement qu’il peut porter. Aujourd’hui, un homme ou une femme traverse l’Atlantique ou le Pacifique chaque semaine dans un sens ou dans l’autre, l’exploit de l’un efface celui du précédent, ou « l’écrase » comme un fichier d’ordinateur, et déjà le Moloch aux yeux d’écrans réclame autre chose, une autre histoire, d’autres émotions, d’autres rires ou d’autres larmes. On fait le tour du monde en avion sans aile, en aile sans avion, en ballon, on ralentit ou on accélère l’allure, mais on cherche toujours plus loin un autre extrême mythique jamais atteint.

Pour moi, l’exploit mythique, c’était le Kon Tiki. Je trouvais extraordinaire ce radeau qui voulait montrer comment des hommes avaient pu quitter les côtes de l’Amérique du Sud pour peupler les Iles du Pacifique, je ne comprenais pas très bien pourquoi, ni qui étaient les Incas, et où était le Pérou et la Polynésie. Depuis je ne les ai pas oubliés comme je n’ai jamais oublié le nom de Thor Heyerdahl, pourtant difficile à mémoriser lorsqu’on est enfant ! C’était en 1947, presque dix ans avant ma naissance, et pourtant cet exploit et ses images m’ont fait rêver... dans les années 60 !

C’était mieux avant ? A savoir, quand Adam bêchait et Eve filait, je n’aurais jamais pu écrire et surtout publier ces lignes, alors ? ;-)


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