Burundi : une population accro au sexe malgré les apparences
par Kilosho Barthélemy
lundi 26 novembre 2007
Les proverbes, adages, expressions lancées dans les réunions des familles, les meetings ou les rencontres, renferment toujours des connotations sexuelles et loin de mettre mal à l’aise une partie de l’audience, elles détendent l’atmosphère. Des maisons familiales aussi, lieux de vente des boissons alcoolisées et véritables bordels répartis dans tout le pays où le sexe est un mot tabou pendant la journée mais un véritable culte pendant la nuit.
Pour jurer, pour proférer des injures à autrui, pour amuser la galerie, pour chanter, rien n’est bon que de parler du sexe ; un mot tabou en dehors de ces contextes. La phrase la plus répandue et qui sorte de la bouche de tout le monde sans exception de rang social est Ndakenda Mama, expression Kirundi, la langue locale, qui signifie « Je nique ma mère ». Assurer une promesse, confirmer un rendez-vous, mettre en garde quelqu’un, rien n’est bon que jurer de la sorte. C’est une certitude dans ce que l’on doive faire ou ce que l’on fera. Une phrase plus que normale et prononcée sans contrainte. Malgré le modernisme et l’ascension sociale de la plupart des citoyens de ce pays, cette manière de jurer, fait référence et confirme la véracité des faits. Devant ses enfants, son épouse ou sa famille, cette façon de jurer, est prononcée sans le moindre remords.
Pendant la crise et les conflits ethniques, cette phrase pouvait constituer une mise en garde pour la personne poursuivie ou menacée. Il suffisait que la personne d’une autre ethnie lâche cette phrase pour que l’on fasse très attention à sa sécurité. Le Burundais, un personnage discret, distant, peut-être timide, mais en apparence, durant la journée, on dirait un sociétaire du Vatican : tout calme, chacun de ses gestes sont faits avec attention et méticulosité, mais à la tombée de la nuit, tout devient différent. Le Burundais s’affiche dans le noir ; le sexe devient un bien de consommation courante et non un tabou. La plupart des débits de boissons sont entourés de minuscules chambres où l’on peut s’évader pour assouvir ses désirs. Plusieurs maisons et domiciles de famille proposent la vente des boissons alcoolisées. Les familles, dont les revenus ne leur permettent pas joindre les deux bouts du mois ou chercher à survivre, n’hésitent pas à vendre de l’alcool et des limonades aux voisins ou passants de week-end. Plusieurs familles, dans les quartiers périphériques de Bujumbura et des autres provinces, ont recours à ce petit commerce de boissons pour subvenir à la scolarité de leurs enfants. Cependant, ces genres de commerce cachent des comportements nocturnes qui ne correspondent pas toujours à la réalité du jour : les infidélités, connues par l’un des conjoints, se commettent dans ces maisons ; d’ailleurs, il n’est pas rare qu’une femme, qui tient la vente des boissons, soit la maîtresse de ses nombreux clients qui fréquentent sa maison afin d’assurer une clientèle régulière. Et les conjoints s’accommodent à ces comportements déviants, surtout quand c’est la femme qui assure le financement des besoins de ménages.
Beaucoup de viols, au sens vrai du terme, rapport sexuels forcés et des relations sexuelles avec consentement, se commettent dans ces lieux des boissons et les jeunes folles s’en accommodent surtout quand elles sont moins instruites. Il arrive souvent que la mère propose à ses clients les faveurs de ses filles, toujours pour assurer sa clientèle. Dans la ville de Bujumbura, les provinces de Gitega, Ngozi, jusqu’à Bururi, ces maisons servant de débit des boissons pullulent partout et se transforment souvent en bordel pendant la nuit. Le terme de tournante, utilisé souvent dans les pays occidentaux, est de mise dans ce pays. Il n’est pas rare de voir une femme couchée par plusieurs hommes à tour de rôle et souvent avec consentement. Les fonctionnaires de l’Etat, ouvriers de bâtiments, les chauffeurs revenant du travail, profitent d’un crochet dans ces maisons de boissons pour prendre un verre et profiter des largesses des vendeuses ou même de la femme de la maison et ça se passe de tout commentaire. Il est d’ailleurs rare que les voisins sachent que la femme ou ses filles sortent avec telles ou telles personnes puisque ces dernières sont considérées comme des clients et rien de plus.
Dans ces maisons, tout le monde couche avec tout le monde et le secret reste de mise aussi longtemps que les filles ne conçoivent pas ou n’attrapent le sida. Les frères et cousins du jour deviennent amants et maris de la nuit, les oncles et parents du jour se transforment en clients de nuit. Dans les quartiers huppés de la capitale, les débits de boissons existent au sein même des maisons et villas de Bujumbura. Si la femme ou les filles ne s’offrent pas aussi facilement à leurs clients, il existe ce qu’on peut appeler « une prostitution de luxe » où on ne couche pas avec n’importe qui et où les clients sont soigneusement sélectionnés. Parmi les clients de ces maisons, le personnel local et aussi étranger des Nations unies et des différentes organisations non gouvernementales, les fonctionnaires de l’Etat et des entreprises privées. Les faveurs sexuelles sont octroyées pendant les nuits pour espérer trouver un emploi dans une organisation internationale. Ces endroits sont biens aménagés et construits pour faciliter les intimités entre les clients et le personnel de la maison. Il n’est pas rare de remarquer que l’une ou l’autre fille de la maison devienne standardiste ou secrétaire dans une organisation internationale ou une société privée de la place.
La fille burundaise à l’instar d’une fille rwandaise, considérées comme l’une des filles les plus belles d’Afrique, se caractérisent par une grande légèreté sexuelle, selon leurs compatriotes burundais et le sexe sert plus comme un tremplin ou une voie de survie plutôt qu’un acte d’amour. Ces filles, de nature douce et parfois sans histoire, se révèlent être de véritables travailleuses du sexe pendant la nuit et tombent souvent dans les panneaux de leurs frères, cousins et voisins, et n’osent rien dire.
Au Burundi, les gens disent que « quand une fille dit non, dis-toi qu’elle t’a dit oui ». Et à force de tomber dans le piège de leurs bourreaux, on finit par s’accommoder et accepter les faits. Selon les dires des habitants de ce pays, il ne faut jamais s’attendre à ce qu’une fille te dise oui, puisqu’elle ne le dira jamais. C’est à toi de foncer pour y arriver et ça marche toujours. Et c’est une réalité difficilement compréhensible sous d’autres cieux. Les coutumes, les schémas sociaux, les mauvaises conditions de vie, font que les femmes sont les substituts, les suppléants des hommes et répondent facilement à toutes les avances des hommes sans aucun remords. Ça s’est toujours passé ainsi dans ce pays où le taux de prévalence au VIH/sida ne cesse d’augmenter malgré les fonds importants alloués par les organisations internationales pour combattre cette maladie.
A force d’attendre et de focaliser toute l’attention sur le sexe et de la supériorité de l’homme sur la femme, les relations sexuelles sont devenues une chose plus que banale et le sexe peut être octroyé à n’importe quel arrivant et passant pourvu qu’il ne l’emporte pas. L’acte de pénétration ne constitue pas une possession puisque le sexe restera toujours la propriété de la femme, dit-on. Des vulgarités, tournées autour du sexe et la place de la femme dans la société burundaise, contribuent à banaliser l’acte sexuel dans toutes les provinces du pays et font de nombreux victimes dans la population féminine. Quand les hommes confirment que leurs femmes aiment ça et que ces dernières ne réagissent pas, tous les abus et excès sont permis pour profiter des largesses de beaucoup des filles qui sont souvent les premières victimes de la contamination au VIH/sida et autres maladie sexuellement transmissibles.