Sommet de l’élevage et sommet de la bętise
par Henry Moreigne
vendredi 6 octobre 2006
Alors que se tient à Cournon, près de Clermont-Ferrand, le sommet de l’élevage, le juge de proximité du Tribunal d’instance d’Aix-les-Bains a été saisi d’une plainte d’un habitant excédé par le bruit des cloches des vaches qui paissent près de sa maison.
Des affaires insolites, les juges sont habitués à en voir défiler dans les prétoires. Victimes de l’évolution de notre société, nos animaux ruraux deviennent de plus en plus, c’est un comble, personna non grata... en pleine campagne.
Le coq, notre animal symbole, s’est déjà fait reprocher à maintes reprises ses matinales vocalises. Frappé peut-être du syndrome du mouton de Panurge, un habitant de Saint-Offenge-Dessous (12 Km d’Aix-les-Bains,) a saisi le juge de proximité d’une plainte en raison du bruit produit par les 25 vaches qui paissent à 17 mètres de sa maison. Particularisme local oblige, les ruminants délinquants sont revêtus de la célèbre cloche, la clarine, dont la sonorité est attachée pour beaucoup au décor alpestre.
Selon l’avocat du plaignant, tourangeau d’origine, venu s’installer en 1992, ce dernier et son épouse (qui en aurait fait une dépression nerveuse) ne peuvent pas dormir, le bruit est invivable.
Des relevés effectués par la DDASS l’indiquent. Les clarines atteignent un niveau sonore de 9 décibels "au lieu des 4 autorisés". Diantre. Avec une certaine bonhomie, l’avocat de la partie adverse a souligné, élément massue, que les vaches aussi dorment, et que la première traite n’a lieu qu’à 6h30 du matin dans un bâtiment situé à 300 mètres de la maison du plaignant. Pour le défenseur, il s’agit d’une querelle de personnes, car les autres fermiers possédant des bovins ne sont pas poursuivis. Son client aurait fait tous les efforts possibles pour arranger la situation en passant de 25 cloches à 7 clochettes par animal. 7 de trop, assurément.
Une telle problématique nécessite un temps de réflexion suffisant. Le jugement sera rendu le 9 novembre.
La morale, s’il en fallait une, serait de constater qu’il est plus facile de s’attaquer à un brave paysan qu’aux jeunes aux pétaradantes mobylettes.