Paris, sous le sable le bitume
par henry_jacques
lundi 5 août 2013
Incapables d’offrir la perspective d’un monde meilleur, nos sociétés malades proposent des paradis artificiels censés donner le change. Du toc… Depuis 2002, Paris Plages apporte l’illusion que la capitale est une radieuse station balnéaire.
Dans la situation économique et sociale du déclin que la France traverse, Paris Plages n’est qu’une initiative indécente et immorale, elle est le fruit de la politique socialiste de la Mairie de Paris.
©JPPorcher – ‘’Plagistes’’
Partir en vacances n’est guère une nécessité vitale. C’est un luxe, un plaisir vécu que l’on s’offre selon ses possibilités financières. Mais c’est vrai qu’à ce jour il est impératif d’avoir la ‘’façade’’, même si l’on n’a pas les moyens. Il faut faire comme tous les autres, comme les moutons… On constate d’ailleurs où cela nous a conduit.
©JPPorcher – ‘’Plagistes’’
Donc, c’est reparti pour la 12ème édition sur 800m de plage artificielle. Après un printemps plus que douteux, c’est sous le soleil que Paris Plages s ‘installe le long des bords de Seine jusqu’au 18 août 2013. Première activité du plagiste, trouver une place et la garder jusqu’à n’en plus pouvoir, car les places sont chères. Il lui faut arriver très tôt pour choisir sa plage, elles sont trois. La plage de sable, la plage d’herbe, et la plage de caillebotis. La plus chic ! Toute en bois pour retrouver la sensation des plages normandes…
©JPPorcher – ‘’Plagiste’’
Depuis 2002, ils sont entre 4,5 et 5 millions de lambdas à se ruer sous les parasols. C’est gavé de monde, séjour ‘’bucolique’’ analogue aux quais de gares aux heures de pointe. Et depuis quelques années, les ‘’vikings’’ des banlieues en ont fait leur quartier général.
©JPPorcher – Fontaine
Des chiffres
- 6.000 tonnes de sable
- 44 palmiers
- 60 secouristes
- 900 pièces de mobilier (matelas, transats, parasols, tables et chaises
- 5 millions de ‘’plagistes’’ en 2012
- 1 million € provient de partenaires privés tels la FNAC,EDF, Franprix, etc…
- Mais silence budgétaire, les enseignes refusant de communiquer. Ni la ville ni les entreprises, ne veulent détailler. Laissant 1.200.000 € aux contribuables…
- En 2009 avec 2,5 millions € investís, c’est l’équivalent de 2.389 Smic
- Les secouristes sont intervenus auprès de 326 ‘’plagistes’’
- 34 d’ente eux ont été victimes de malaise (chaleur, hypoglycémie)
- 26 ont fait une chute (vélos, rollers, glissades) provoquant une fracture
- 266ont fait l’objet de ‘’petits soins’’ (mal de tête, plaie légère)
Ces interventions se sont soldées dans 19 cas par évacuation ambulance en hôpital.
©JPPorcher – Evacuation sanitaire
Entre 2002 et 2011, le coût a augmenté de 50 %, passant de 1,5 millions € à 2,2 millions €, après un plus haut à 2,5 millions € en 2009 (Serge Federbusch, ancien socialiste, conseiller du 10e arrondissement de Paris, critique l'opération pour être une coûteuse opération de communication de la mairie).
©JPPorcher – ‘’Plagistes’’
Pour 2013, Paris Plages a resserré sont budget. 300.000 € en moins par rapport à 2009, soit tout de même un coût de 2.200.000 millions €.
©JPPorcher – ‘’Plagistes’’
Au delà des critiques financières polémiques, ce social à paillettes à des fins électorales représente une manipulation perverse.
©JPPorcher – Concert nocturne
L’urbaniste E. Pélegrin-Grenel décrypte l’influence de l’organisation de l’espace de Paris Plages sur les comportements. Cette organisation spatiale serait une manière de « vendre des histoires » pour amener à la consommation prévue par le marketing, dans les centres commerciaux, villes et parcs d’attraction. Elle pense appauvrissant le modèle de penser la ville du futur par les « vacances », le festif, soit un univers simplifié. Ceci lui permet de remettre en cause le brouillage entre ville et campagne, où les valeurs rurales (foncières, naturelles, etc) sont aseptisées. Le site proposé est une artificialité avec des éléments qui ne seraient pas présents, logiquement, dans le lieu de l’évènement et dans le lieu pastiché.
Enfin, le problème des périphéries encore délaissées, au profit d’une centralité renforcée, peut poser question. Ceci peut inviter à réfléchir davantage à une échelle métropolitaine.
©JPPorcher – Brumisateur
Sous prétexte d’offrir aux défavorisés l’illusion de vacances l’on a créé un concept de monde socialement humain, alors qu’il s’agit d’une opération d’intoxication qui est aussi un test permettant de mesurer le degré d’hébétude des populations. Et donc lui renvoyer dans la figure ce faux concept déréalisé par sa caricature même.
©JPPorcher – ‘’Plagiste’’
Les parisiens ‘’jouent’’ à la plage autour de l’absence de son élément fondamental : la mer…
Sources
http://la-veille-autrement.blogspot.fr/2012/07/la-gestion-de-paris-plages-ledition-2012.html
http://redacsante.blog.lemonde.fr/2012/07/19/opinion-paris-plage-paris-naufrage/