Bulletin nul
par C’est Nabum
lundi 21 février 2022
Contre-maître du monde.
Nous voilà bien embarrassés et même, il faut bien l'admettre, placés devant un cas de conscience. Alors que notre pauvre et dérisoire calendrier électoral nous demande de nous prononcer pour savoir qui placer sur le trône de notre monarchie dérisoire, les enjeux internationaux nous rappellent à l'ordre.
Nous ne pouvons nous permettre de donner un avis contraire ou même une salutaire tape sur le col du Prince en exercice, puisque dans le même temps, l'immense personnage sillonne la planète pour sauver le monde d'une déflagration militaire. Qui serions-nous pour mettre des bâtons dans les chenilles du plus sage de nous tous ?
La partie est faussée car tandis que les autres postulants récipiendaires s’époumonent vainement comme les outres gonflées uniquement de leur ambition illusoire, le pas encore candidat n'a pas une minute à consacrer à la campagne, puisqu'il vole au secours de la paix. Nous aurions mauvaise grâce à l'empêcher de poursuivre son action salvatrice, au nom d'un prétendu droit d'inventaire que le monde entier nous demande de repousser de cinq autres interminables années.
Si notre vue ne porte pas si loin, l'Europe elle-même nous demande de taire notre voix puisque cette noble institution ne peut se passer du derviche de la présidence tournante, celui-là même qui fait tourner toutes les têtes dans sa folle agitation hystérique. Il se dévoue corps sans âme à cette fonction dont la validité tombe au plus mauvais moment pour lui laisser du temps à des peccadilles hexagonales.
Un véritable démocrate eut, me semble-t-il différé d'une année ce mandat pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté mais pas notre représentant de commerce du libéralisme qui se doit de saisir toutes les occasions pour nous rappeler, à nous peuple gaulois archaïque, composé de sombres crétins et de pitoyables râleurs, que l'heure n'est pas à remettre en cause sa grandeur.
D'ailleurs, comment oserions-nous alors qu'il a tant à faire et tout d'abord, raviver la flamme Olympique en 2024 tout en inaugurant Notre-Dame de Paris flambant neuve. Ce serait affront inacceptable, crime de lèse-majesté, humiliation suprême. Nous ne pouvons nous montrer ingrats à ce point, lui qui a su si magistralement juguler la crise sanitaire.
Tout bien considéré et devant une réalité qui s'impose à nous, le prochain vote est nul et non avenu. Nous ne sommes pas légitimes à priver le monde de son Super-Dupont, le béret vissé sur la tête, une baguette de pain préparé par son ami Ramos à la main. Nous devrions de nous-même, prier les figurants de la farce d'aller se faire voir ailleurs pour assurer le plébiscite escompté.
Point n'est besoin de débat, de campagne aussi. Toutes les autres têtes couronnées de l'Univers ont besoin de lui pour régler toutes les crises, tous les problèmes de l'heure. Il est si intelligent, si lucide, si courageux, si dynamique, si divin en somme. Déchirons nos cartes d'électeur, il est évident que les prochaines élections arrivent au plus mauvais moment et qu'il serait bien plus sage d'y renoncer collégialement.
J'en appelle ici au sens civique des autres candidats. Devant l'extraordinaire adversaire que vous avez l'outrecuidance de prétendre battre, la plus élémentaire dignité, la plus évidente preuve de civisme serait de vous retirer, de laisser le champ libre à celui qui est l'immense Contre-Maître du Monde. Un plébiscite sans concurrent serait la plus convenable manière de sortir la tête haute de cet imbroglio électoral. Prétendez tous que vous n'avez pas recueilli vos 500 signatures et déroulez en chœur le tapis rouge pour Jupiter, seul maître à bord après lui-même.
À contre-voie.