Sans fleur ni couronne
par Yohan
mercredi 18 juin 2008
Voilà c’est fini, un long tunnel s’achève qui a conduit les Bleus de leur premier match de poule de qualification, le seul à avoir entretenu l’illusion d’un printemps lumineux, vers le non-match roumain, jusqu’à la pâle production de ce soir contre l’Italie, qui devait s’achever, comme on le pressentait depuis quelques jours déjà, sur une piteuse sortie, comme en 2002.
Une équipe de France laborieuse, sans génie, sans confiance et sans réelle vaillance est tombée sans gloire, au premier tour de chauffe d’une compétition majeure sans qu’il n’y ait rien à redire.
Certes, nous ne tombons pas de haut comme en 2002, car, depuis bien longtemps, nous n’avons que trop rarement côtoyé les sommets du beau jeu.
La pitoyable prestation de son entraîneur Raymond Domenech, demandant la main d’Estelle, sa compagne, à l’issue d’un match impuissant et pesant, est à l’image du personnage, fantasque et déconcertant, et qui s’est pris les pieds dans son propre tapis de vanité et d’arrogance.
Incapable de sceller la défaite de son équipe, Raymond Domenech nous a infligé, en guise de révérence, un de ces ultimes pieds de nez oiseux dont il a le secret.
Au fond, nous le quittons lui et son équipe sans âme et stérile sans regret, car, à aucun moment dans ce championnat, nous n’avons été véritablement en phase et de connivence avec lui, comme avec elle.
Domenech, contrairement à ses premières déclarations d’entraîneur, n’aura donc fait que gérer l’héritage de Jacquet, sans jamais prendre les risques dont nous le croyions capable au moment de sa nomination à la tête des Bleus.
Cet entraîneur nous aura bernés tout au long de l’année avec ses déclarations à l’emporte-pièce et ce n’est qu’au sortir de ce championnat tronqué qu’éclate la vérité nue : l’homme n’avait ni plan A ni plan B.
Une génération va devoir quitter la scène footballistique, non sans avoir eu son heure de gloire sur tous les terrains de football.
Comme on le craignait dès le début, la génération Makelélé, Thuram, Vieira, Sagnol aura fait le voyage de trop. Contrairement à des joueurs comme Petit, Blanc et Deschamps qui ont su s’arrêter à temps, ces quatre-là devaient accompagner la relève jusqu’aux portes de ce championnat.
Certes, en se fixant ce genre de pari, il était difficile de ne pas se convaincre d’achever le périple, même lorsque la raison dit que ce n’est ni sage ni souhaitable.
Mais, en l’absence d’un meneur de jeu digne de ce nom et d’un capitaine courageux et clairvoyant, que pouvait bien faire ce quatuor de mercenaires usés jusqu’à la corde ?
Cette équipe, composée pour un quart de jeunes pousses en devenir et pour le reste de vieux cadres plus ou moins blessés la saison durant ou restés sur le blanc dans leurs clubs respectifs, nous aura au final joué un joli poker menteur.
Avec la duplicité d’un entraîneur incapable d’apaiser les conflits internes de son groupe, alors même qu’il pressentait une partie d’avance mal engagée, nos Bleus se sont lancés dans ce championnat sans aucun élan vital.
En fait, la fin d’un cycle qui aurait dû s’interrompre plus tôt.
Au bout du compte, le prochain entraîneur des Bleus (qu’il faudra vite désigner) aura fort à faire pour reconstruire et transcender un nouveau groupe en si peu de temps, surtout après une telle déconfiture.
Car, pour voyager loin dans la prochaine Coupe de monde, encore faudrait-il avoir trouvé, préparé et sellé une nouvelle monture de réserve.
Nous disposons d’un bon réservoir de joueurs de talent. Sera-ce suffisant pour pouvoir se projeter vers des lendemains qui enchantent ?
Le prochain homme qui prendra en main la destinée de la maison bleue aura peu de temps pour réussir ce pari.